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Sujet : Hadrien par Boorman ?


De DelaNuit, le 4 août 2008 à 20:30

C'est sérieux ? John Boorman envisage de porter à l'écran les mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar ?! Je serais curieux d'en connaître le résultat.

Evidemment, il n'est pas illogique que ce réalisateur, ayant si bien évoqué, non sans mélancolie, les anciennes traditions animistes de La forêt d'émeraude en butte au modernisme, ou dans Excalibur, cette période charnière de passage d'un monde païen et panthéiste au christianisme, puisse s'intéresser à un empereur romain païen et ouvertement bisexuel agacé par l'intolérance et le fanatisme des monothéistes et portant sur son monde un regard philosophique et critique.

Mais qui pourrait bien financer un tel projet ? Grave question car la reconstitution à l'écran du monde antique coûte fort cher en décors, costumes, effets spéciaux… Il faut donc une rentabilité à la hauteur, ce qui condamne de fait les évocations de l'Antiquité au cinéma à des films d'action spectaculaires propres à séduire les foules… et manquant parfois cruellement de subtilité.

Quand on voit combien l'évocation – pourtant bien timide et gentillette – des sentiment d'Alexandre pour Hephaïstion et les états d'âme du héros ont détourné le public des salles obscures lors de la sortie du film d'Oliver Stone, que penser de l'adaptation d'un roman dont l'un des points essentiels et incontournables est la passion d'un empereur romain pour son éphèbe Antinoüs et la douleur inconsolable causée par sa perte (après sa noyade dans le Nil) ?

Et puis, Les mémoires d'Hadrien, ce ne sont pas des cavalcades, des bagarres et des coups de glaive, mais plutôt des réflexions philosophiques… Oui vraiment, j'aimerais voir ce film si un producteur a le courage de le financer.

Ceci dit, j'ai du mal à imaginer Antonio Banderas en Hadrien, et je m'étonne qu'il accepte un rôle aussi ambigu, alors qu'il a dit-on tout fait pour interdire la diffusion aux Etats-Unis de ses premiers films réalisés par Almodovar tels que La loi du désir, par crainte que la virilité de son image en soit écornée… Ceci dit, il draguait bien Brad Pitt dans Entretien avec un vampire… Brad Pitt qui dans Troy faisait passer son amant Patrocle pour son cousin… Décidément, avec toutes ces histoires de mecs qui se cherchent et qui se cachent, il y a de quoi en perdre son latin !


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De Arca1943, le 4 août 2008 à 20:48
Note du film : 1/6

« Quand on voit combien l'évocation – pourtant bien timide et gentillette – des sentiment d'Alexandre pour Hephaïstion et les états d'âme du héros ont détourné le public des salles obscures… »

Toujours la faute du méchant grand public plein de préjugés et qui ne comprend rien. Plus ça change… Et si jamais il avait d'autres bonnes raisons, le public, de ne pas aller voir ce film boursouflé, bavard et pontifiant, mal scénarisé et mal joué, dont les scènes de bataille sont pour la plupart ridicules et mal foutues ?

Pour en revenir au Boorman annoncé, je me croise les doigts très, très fort. D'une part pour que le montage financier prenne vie, avec les moyens adéquats; et aussi parce que Boorman est un risk taker de première classe, qui a un côté ça-passe-ou-ça-casse sans lequel ni ses chefs-d'oeuvres (Deliverance, Excalibur…), ni ses retentissants échecs (Zardoz…) n'auraient vu le jour.


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De DelaNuit, le 4 août 2008 à 20:51

Pour se rendre compte des nombreux défauts d'un film (et les dieux savent que cet Alexandre en regorge), encore faut-il le voir. Or, la presse s'est assez fait l'écho, notamment outre Atlantique, des préjugés ayant détourné nombre de spectateurs des salles…


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De Impétueux, le 4 août 2008 à 21:34

La reconstitution à l'écran du monde antique coûte fort cher en décors, costumes, effets spéciaux…, dites-vous, DelaNuit ? Sans doute… mais alors comment faisaient tous ces producteurs qui ont fait tourner des dizaines, des centaines de péplums, de films bibliques, d'adaptations, fidèles ou moins fidèles, des pages entières de l'Antiquité ?

C''est vrai : il y avait à la fois des spectateurs qui connaissaient (un peu) l'Histoire, et une moindre exigence d'effets spéciaux…

Cela dit, et au contraire d'Arca, je ne formule pas de voeux pour l'adaptation d'un des plus emmerdants, des plus boursouflés, des plus marmoréens écrivains du XXème siècle, de la plus grande fausse gloire des dernières décennies, monument de prétention, Marguerite Yourcenar, justement et vachardement qualifiée par l'excellent Marc Lambron, dans une de ses chroniques de plus grand écrivain scandinave de langue française !, à côté de qui Ibsen, Strindberg ou Hamsun apparaissent comme de joyeux drilles…

Que cette statue en stuc (c'est-à-dire en plâtre peint en faux-marbre) ait encore des lecteurs (et soit – misère ! – éditée en Pléiade) est un de mes grands désespoirs !


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De Arca1943, le 4 août 2008 à 23:20
Note du film : 1/6

Ah bon ? Je me rappelle pourtant avoir lu L'Oeuvre au noir avec plaisir… même si j'ai sans doute préféré la version cinématographique ! Cela dit, ce n'est pas mal vu, pour le côté scandinave (scandinave à la Bergman plutôt qu'à la Widerberg). (Mais bon, des écrivains français qui se prennent très au sérieux et n'ont pas le moindre humour, ce n'est pas ça qui manque.) En revanche je n'ai jamais lu Le Coup de grâce, mais je tiens le film qu'en a tiré Volker Schlöndorff pour un pur chef-d'oeuvre.

Ce me qui me rappelle une amusante caricature du Canard enchaîné, le mercredi suivant le jour de l'entrée de madame Yourcenar à l'Académie française (institution que le Canard n'a jamais portée dans son coeur, comme vous le savez sûrement). C'était probablement Delambre – à moins que ce ne fut Cabu ? Ou Cardon ? Enfin, peu importe. Ce sont les toilettes de l'Académie française. Il y a deux portes. Sur l'une, c'est écrit : HOMMES. Sur l'autre : MARGUERITE YOURCENAR


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De droudrou, le 5 août 2008 à 06:54

Dans une première lecture (n'en déplaise) je n'avais pas identifié la Marguerite mais je pensais à Colleen McCullough… (Les p'tits zoiseaux se cachent pour faire piou-piou).

Je me souviens de la caricature à laquelle Arca faisait allusion !


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De DelaNuit, le 5 août 2008 à 08:58

Dans l'ordre :

A Impétueux : les nombreux films "peplums" dont vous parlez et que des producteurs désargentés ont pu mettre en chantier dans les années 50-60 brillent tout de même par leur manque de moyen et leur "kitsch" qui certes a son charme, mais on peut penser que Boorman aurait d'autres vues… Je dois moi aussi confesser avoir trouvé "Les mémoires d'Hadrien" par moment difficiles à lire. Toutefois, le roman contient à mon avis suffisamment d'éléments intéressants pour qu'un scénariste habile en fasse quelque chose. Espérons, pas quelque chose de boursouflé, trop long et déséquilibré comme le dernier "Alexandre"…

A Arca : j'avais apprécié également L'oeuvre au noir. Certains critiques prétendent que ce roman est mieux réussi que Les mémoires d'Hadrien parce que son personnage, l'humaniste Zénon, est en butte à l'étroitesse d'esprit de son époque, ce qui donne un dynamisme à la narration et à l'histoire que les mémoires d'Hadrien n'ont pas puisque l'empereur romain, tout puissant, n'a pas de réels opposants autour de lui… (hormis les peuples étrangers et parfois ennemis de Rome). Ceci dit, sa toute puissance ne l'empêche pas de perdre son seul amour sans y rien pouvoir… Qu'en pensez-vous ?

A Droudrou : vous n'étiez pas si loin puisque la fameuse Colleen Mc Cullough a aussi écrit des romans sur l'histoire romaine, notamment à l'époque de César, pleins d'intrigues et de rebondissements, sans doute plus proches de la série télé Rome que des digressions philosophiques de Marguerite Yourcenar… et sans doute plus aptes à intéresser les producteurs…


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De Impétueux, le 5 août 2008 à 12:44

A Arca : Nous l'avons échappé belle ! Marguerite Yourcenar (Marguerite de Crayencour, Yourcenar est un anagramme) est belge ; c'est d'ailleurs, à mes yeux dans ses Souvenirs pieux et Archives du Nord – autobiographies d'enfance – que se tient le moins mauvais de son œuvre figée. Par ailleurs, si j'ai lu L'œuvre au noir, je n'ai pas vu le film.

A DelaNuit : Il y a eu des péplums de toute sorte, des fauchés, des moins fauchés, des argentés et des dégoulinants de fric… Pour en citer deux bons, Ben-Hur et Cléopâtre ne brillent pas par leur austérité… Mais la question n'est pas là : je doute qu'on puisse tirer une adaptation à succès des Mémoires d'Hadrien (pourquoi appeler ça Memoirs of Hadrian ?) qui est beaucoup plus un livre de réflexion sur le Pouvoir, mais aussi sur le Monde Antique… En tout cas sans rien de bien spectaculaire, ou plutôt de susceptible d'être monté en spectacle sans trahir l'essence du livre…


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De DelaNuit, le 5 août 2008 à 13:10

Ce que j'aurais aimé voir, c'est Les mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, adaptés par Marguerite Duras ! Les deux Marguerite au générique, quelle aventure ! Le tout tourné avec trois euro six sous dans les ruines d'un temple perdu au milieu de nulle part, balayé par les vents.

Exemple de dialogues, en parodiant ceux d'India Song :

  • J'aimerais être à votre place… Arriver sur le Nil en période de cru…
  • Vous êtes de Corynthe ?
  • Non, de Rome. Ma mère était grecque. J'avais gardé son nom. Son nom de Corynthe dans Alexandrie déserte…
  • Est-ce qu'il y en a qui ne s'habituent jamais ?
  • Vous savez, ça n'est ni facile ni difficile de vivre sur le Nil… Ca n'est rien, non, rien.
  • De quoi parlez-vous ?
  • De rien. De ce découragement général…
  • Vous voulez dire que c'est impossible ?
  • Dans un sens oui… Mais à un point tel que c'en est une simplification, vous comprenez ?

Des suggestions pour les acteurs ?


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De vincentp, le 5 août 2008 à 17:53

Le problème de Boorman, c'est qu'il a considérablement regressé au début des années 80, jusqu'à toucher les bas-fonds de la création la décennie suivante (Tout pour réussir). The general, malgré des efforts évidents, n'est pas convaincant, sonne faux (quelque chose cloche au niveau de la narration) et bien des auteurs britanniques plus jeunes que lui tels que Danny Boyle, Guy Ritchie l'ont largement dépassé. Un peu comme un Bjorn Borg, qui se ferait rétamer avec sa raquette en bois par Nadalito. Alholg appréciera l'image, mais Impétueux la trouvera hors-sujet. Ce fut un cinéaste des années 70, comme l'allemand Werner Herzog. Je crois que PM Jarriq est d'accord avec moi !


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De Arca1943, le 5 août 2008 à 20:25
Note du film : 1/6

« John Boorman est un cinéaste très spécial, capable de prendre de grands risques et donc, à l'occasion, de se planter de façon spectaculaire (ainsi Zardoz, L'Exorciste II sont vraiment pénibles). Quand ses films sont réussis… » Etc, etc.

Attetion : ce message de lagardère n'est qu'un amalgame de citations tirées de mes propres messages (voir le fil de Rangoon).


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De vincentp, le 5 août 2008 à 20:32

Bien vu, Arca. Ce Lagardère (auteur de 1 message) est un faux Lagardère. Je profite du fait d'avoir le micro pour inciter notre ami Impétueux, qui me trouve "niais" depuis 24 heures, à faire comme moi : 4 heures de vélo, 1 heure de tennis et 30 minutes de natation quotidienne. Ca vous remet sur pieds un homme, loin du stress de la vie parisienne, là ou les gens se bouffent le nez, dans la chaleur et la pollution pour gagner un ersatz de pouvoir d'achat supplémentaire.


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De Impétueux, le 5 août 2008 à 22:25

Aucun rapport ni avec l'ennuyeuse Marguerite Yourcenar, ni avec le variable John Boorman (dont je constate que Délivrance figure dans à peu près toutes nos listes de films préférés.

Vincentp ce n'est pas vous que je trouve niais, et vous le savez, c'était l'incise de votre message, cette phrase sur Intervilles ; je ne comprends pas très bien pourquoi vous éprouvez (souvent) le besoin d'asticoter les habituels contributeurs ; ce fut le cas (et de manière très désagréable) de notre regrettée Sépia ; vous vous en êtes pris aussi à Droudrou ; et à moi, comme ça, de temps à autre… Et de façon pas très fine.

Donc, à la fin, ça agace.

Quant au reste, merci de laisser ceux qui aiment Paris dans la délicieuse pollution de la place de la Concorde. Si ça vous plaît de faire de l'exercice (de l'exercice, pas du sport, le sport, c'est la compétition et la performance, c'est ce que nous allons voir dans trois jours, à Pékin), si ça vous plaît, donc, libre à vous ; mais le confit de canard, le cognac et le gigot/flageolets, c'est tout aussi voluptueux, en termes de phéronomes…


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De DelaNuit, le 10 novembre 2008 à 19:30

Aux dernières nouvelles, Antonio Banderas aurait déclaré forfait, et serait remplacé par… Daniel Craig ! ! !

Alors là, si l'actuel James Bond à l'image virile matcho laisse tomber ses flingues, ses gadgets et ses nymphettes pulpeuses pour endosser la tunique d'un empereur philosophe amoureux d'un éphèbe, cela s'appelle de la polyvalence !


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De Arca1943, le 10 novembre 2008 à 20:07
Note du film : 1/6

En examinant la filmo de Daniel Craig, on se rend compte qu'il sait faire plein de choses…


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De PM Jarriq, le 10 novembre 2008 à 20:07
Note du film : 1/6

Absolument. Voir The mother ou The jacket, ou Road to Perdition, ou Scandaleusement célèbre. Méconnaissable à chaque fois.


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De Franck75015, le 22 janvier 2009 à 19:51

Arrivant sur ce forum, j'ai la joie de constater que le recyclage – on va écrire le remploi, pour faire archéologue à peu de frais – des critiques de grands anciens est ici une entreprise de grande envergure. Ainsi de l'assimilation du style de Yourcenar à du "stuc" est elle une quatrième main d'Angelo Rinaldi dans une chronique de l'Express, où madame Marguerite se voit ainsi moquée dans le même élan que Montherlant. Angelo Rinaldi leur donne en commun le goût du bas-relief sculpté dans l'onctueux savon de Marseille, ce qui est assez juste, à ceci près qu'on a bien le droit d'aimer le savon de Marseille, ce qui est mon cas… Ainsi également de la blague du Canard, qui est en fait une blague de Jean d'Ormesson, pourtant champion de la candidature de Mademoiselle de Crayencourt au quai Conti.


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De Impétueux, le 23 janvier 2009 à 19:50

Croyez-vous, Franck75015 que j'aurais besoin de honteusement dissimuler un emprunt furtif à une formule heureuse d'Angelo Rinaldi si la comparaison et le stuc ne s'imposaient pas d'eux-mêmes avec une accablante évidence ? Dans le même message, je prends soin de citer le mot excellent de Marc Lambron qualifiant la grosse dame de Petite-Plaisance avec rosserie et talent…

Je cite toujours mes sources.

Ah ! Au fait ! Crayencour ne prend pas de T ! Sinon, annagrammatiquement, Yourcenar aurait dû (ou pu) s'intituler Yourcentar ou Touyrcenar, par exemple, ce qui aurait sûrement desservi l'éclat de sa gloire (déjà pâlotte aujourd'hui).

Mais bon ! Si vous aimez !


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