Infiniment mieux réalisé (par le génial Gene Kelly) que le premier volet (That's entertainment), qui flirtait avec le grandiloquent (mais proposait néanmoins de fabuleux extraits des comédies musicales de la grande époque), ce deuxième volet (That's Entertainment, Part II) cerne au plus près, par le son et les images d'époque, ce que fut le musical, et au-delà, le cinéma de divertissement burlesque et du "slapstick". Un état d'esprit (consistant à magnifier les aspects les plus positifs de la vie), un travail de forçat, et un art évident. Une émotion intense poind au détour de chaque séquence (ainsi entre mille, le ballet de La veuve joyeuse de Lubitsch, qui envahit brusquement le décor vide et actuel du château de Versailles).
Les idôles de toute une époque, caractérisées parfois par quelques images furtives, et le genre cinématographique qui les a accompagné, se fondent ici pour l'éternité dans notre imaginaire collectif.
Sans hésitation, je me glisse dans les éloges collectifs pour cet extraodinaire hommage au cinéma de la grande époque, même s'il est volontairement – et pour cause – limité à la MGM, et par conséquent un soupçon nombriliste. Mais l'éclat des scènes des "musicals", l'habileté du montage qui a su avec un talent fou intaurer un ordre de passage qui a exalté les séquences les par rapport aux autres, aboutit à un feu d'artifice dont on ne peut que regrêter la disparition.
A noter que Gene Kelly utilise ici un truc de mise en scène très percutant, déjà utilisé dans Brigadoon. Planter un décor vide et calme (vu sous des plans d'ensemble), et brusquement le faire envahir par un nombre important de personnages, par des mouvements et du son (en utilisant alors des plongées ou contre-plongées). Cette rupture a pour effet de créer de la "vie", et de générer également une émotion intense. Les chorégraphies de Kelly ne furent pas (comme l'on peut s'en douter) de simples prouesses techniques mais s'inscrirent dans le cadre d'un langage cinématographique très étudié.
Pas davantage que dans le premier volume de la série on ne s'ennuie une seconde : pis, on en redemande. Alors voila qu'un troisième film a été réalisé, vingt ans plus tard : That's Entertainment! III ; je crains qu'à force de vider le tiroir on n'en atteigne les limites ; en même temps, je me dis qu'on aura bien retrouvé quelques pépites moins bien mises en valeur, voire ignorées jusque là.
La suite à mon prochain numéro.
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