Sur un sujet on ne peut plus respectable – les lendemains de l'apartheid – Boorman signe un film maladroit, scolaire, bêtement linéaire, une sorte de "docu-fiction" écrit avec une naïveté qui frise la niaiserie, et qui ne ressemble en rien à ce qu'il a fait auparavant, même dans ses pires échecs.
La faute à un scénario politquement correct, qui aseptise même les horreurs des témoignages, qui présente des personnages emblématiques sans la moindre épaisseur humaine, et s'exprime sur un ton "donneur de leçon" tout à fait agaçant. La faute aussi à une réalisation d'une incroyable platitude, surtout venant de l'homme responsable de Délivrance, Point blank
ou même Rangoon,
et à des comédiens paresseusement dirigés. Binoche
avec sa sempiternelle expression crispée, ses crises de larmes, peu crédible en "afrikaner", et Jackson
indifférent, comme absent. In my country
ressemble à de la mauvaise télé didactique, il ne laisse place à aucune ambiguïté (le tortionnaire joué par Gleeson
est un guignol), à aucune réflexion. Ce n'est qu'une plate leçon d'Histoire bien-pensante.
A quand le vrai retour de John Boorman ? On l'attend toujours, et on fera comme si In my country
n'était qu'un fâcheux incident sans conséquence !
Ma seule explication au sujet de ce film, c'est que ce devait être une espèce de commande gouvernementale. Moi qui suis friand de films qui traitent de politique, d'histoire, de controverses, de prises de position, etc, je ne perds pas de vue l'essentiel, tel que formulé par Luigi Comencini, qui n'a jamais eu peur de traiter de sujets de ce genre, et qui aurait certainement approuvé qu'on traite dans un film du thème de In My Country
: « Je ne crois pas qu'un film ouvertement engagé ait changé les idées d'un seul spectateur. Un film doit éveiller des sentiments et non pas exposer des idées, parce que les idées viennent à la suite des sentiments et non vice-versa. »
Un film que j'ai abandonné en cours de route, ce qui m'arrive rarement.
« A quand le vrai retour de John Boorman ? On l'attend toujours, et on fera comme si In my country n'était qu'un fâcheux incident sans conséquence ! »
Toujours en projet, Memoirs of Hadrian d'après Marguerite Yourcenar pourrait bien donner lieu à un Boorman
grand cru…
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