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Sujet : Un chef d'oeuvre cinématographique


De RdT, le 5 juillet 2008 à 00:11
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Madame de La Fayette (1634-1693) avait publié son roman fameux La Princesse de Clève anonymement. On ne tarda toutefois pas à déceler que c'était elle qui en était l'auteur. Il est difficile, quand on a du talent de masquer sa véritable identité…

Le roman de Madame de La Fayette est un chef d'oeuvre, un chef d'oeuvre absolu (n'en déplaise aux ignares qui en ignorent les profondeurs). Un roman d'amour, magnifique, insurpasable. On a difficilement fait mieux depuis : le véritable amour n'est pas ce qu'on montre à la galerie à grand renfort de Mireille Dumas mais c'est ce qui existe dans le for intérieur de chacun. Une idée souvent oubliée par nos contemporain et que Madame de La Fayette avait dévoilé avec tact et virtuosité.

A partir de ce chef d'oeuvre Manoel de Oliveira a réussi à en faire un autre. L'intrigue de Madame de La Fayette qui se situait à la cour d'Henri II (soit dans les années 1550), Manoel de Oliveira replace l'intrigue aujourd'hui. Une transposition qui réussit bien souvent au cinéma : voir le Toutes ces belles promesses de Civeyrac adapté d'Hymne à l'amour d'Anne Wiazemsky (roman situé en 1950 et adapté au cinéma dans le monde contemporain)… Manoel de Oliveira utilise, avec astuce tact et brillant un procédé similaire. Mais il le perfectionne. Le chanteur Pedro Abrunhosa dans son propre rôle. Un personnage qui gagne à être connu grâce à ce film.

On a aussi le bonheur d'y voir, et entendre Maria Joao Pires. La profondeur psychologique de La Princesse de Clève est admirablement rendu par Chiara Mastroianni que j'ai trouvé ici parfaite.

Un film à voir, revoir, et à approfondir par un des meilleurs cinéastes vivant actuellement. Je vous le conseille avec vigueur. Achetez le DVD c'est un investissement que vous ne regretterez pas.


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De Florian, le 7 août 2011 à 22:17

L'oeuvre écrite par Madame de la Fayette était déjà un innomable torchon, dans lequel l'auteur(e) se substituait sans doute à la princesse en question et sacrifiait aux règles les plus élémentaires de la syntaxe (répétitions, amoncellement de superlatifs, style ampoulé…)afin de faire croire que ses personnages étaient dénués de défauts. Ce roman est le plus représentatif du "mouvement" précieux, mené par de pseudos-intellectuels relevant et couchant à l'écrit les futilités émaillant leur vie, les romançant au passage, empêchant ainsi un travail d'historien sur ces ouvrages. Madame de la Fayette (Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, dite) tient bien sa place dans les rangs de ces gens "nés coiffés" dont l'existence n'était qu'ennui, ennui qu'il ne savait que restranscrire à l'écrit pour l'exorciser. Pour écrire, il faut avoir vécu, avoir voyagé…et dire que Boileau lui trouvait de l'esprit !

Impossible de faire un film digne de ce nom sur un si pauvre canevas, et ce n'est pas Manoel de Oliveira, réalisateur sans grand intérêt qui pouvait espérer y parvenir. Résultat, on tombe dans une pauvre parodie non assumée. Le roman est transposé dans l'époque actuelle: M. de Nevers n'est plus prince mais médecin, M.de Nemours est un rockeur portugais…le résultat est ridicule.

Mais la scène inoubliable, c'est lorsque le duc de Guise est écrasé par une voiture après avoir déclaré sa flamme à Mme de Clèves dans un langage mêlant vocabulaire guindé et argot des cités, est-il besoin d'en dire plus ? Cela m'a réellement fait rire aux larmes, tout cela est d'une nullité flagrante. Le réalisateur n'a su que trop bien restituer l'ennui distillé par le roman. On ne peut que se réjouir que le livre et le film tombe dans un total oubli.


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