Les voitures qui ont mangé Paris (titré également pendant un temps "Les voitures qui mangent les gens", "The Car That Eat People" ) est le premier long métrage de Peter Weir
et également un joli fiasco au box-office.
Il faut dire que le réalisateur australien n’y va pas avec le dos de la cuillère dans un humour noir et grinçant qu’il gardera encore (mais plus édulcorée) pour Le Plombier en 1980, soit sept ans plus tard, avant de l’oublier (presque) complètement. Dans ce film, Peter Weir
ne fait aucune concession et a la main généreuse sur le vitriol qu’il utilise avec intelligence.
Le village ensuite propose une brochette de personnages à la fois hauts en couleurs et complètement fous. Que ce soit le maire ridicule de son petit pouvoir, aux administrés mesquins dans leurs petits plaisirs (la femme du maire par exemple, fière de son manteau de fourrure). Tous vivent leurs folies avec le plus grand calme, sans aucun conflit moral ni aucune hésitation, même quand ils commettent les pires horreurs. Ce sont des êtres parfaitement civilisés et comme toute société, ils doivent faire face à un problème recurrent : la jeunesse quia bien du mal à partager la même vision du monde.
Généralisons tout cela et on trouvera finalement une représentation acerbe de la société tout court. L’organisation du pouvoir officiellement démocratique mais qui donne raison à celui qui parle le mieux, la haine et la sauvagerie du groupe prêt à se réveiller quand le groupe est menacé, la position de la femme écrasée par un fonctionnement patriarcal qui l’empêche de s’épanouir, la réduisant au rôle de mère, etc…Et surtout, il y a les voitures, symbole chargé de la société de consommation, vitrine de l’homme moderne comme chacun sait qui se trouve ici écrabouillé pour offrir deux variantes opposées. D’un côté, elle permet à la ville de survivre grâce à des rituels archaïques de meurtre collectif digne de la meute et de la mort du père d’un Totem et Tabou de Freud (Ils tuèrent le père et le mangèrent). La ville est à cet égard jonché de cadavres de voitures, véritable cimetière d’éléphants modernes, autant de rappels diurnes des pires horreurs commises quand la nuit tombe. Et d’un autre côté, la ville subit la répression de « jeunes » qui conduisent des voitures transformées qui annoncent déjà Mad Max quelques 6 ans avant. Ces voitures possèdent un aspect de fantômes habités par la vengeance, simple retour du refoulé, pour continuer la comparaison avec Freud.
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