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Sujet : Sur les jeunes, par les vieux


De Xaintrailles, le 24 mai 2008 à 17:31
Note du film : 4/6

C'est un film sur les jeunes fait par des vieux, comme d'ailleurs Terrain vague. Dans ce film-ci, il s'agit de jeunes riches, et dans l'autre de jeunes pauvres. Dans les deux, qui ne sont ni très bons ni très mauvais, on sent une sorte d'apitoiement sénile, de désir de comprendre la nouvelle génération sans y arriver vraiment. Il faut dire que c'est une tentation générale, chez les vieux artistes, d'avoir l'air plus jeunes que les jeunes et de ne pas être dépassés.


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De Impétueux, le 24 mai 2008 à 17:56
Note du film : 3/6

Excellent message, Xaintrailles et si bien adapté à un Carné qui a couru derrière sa jeunesse de réalisateur (il a 32 ans au moment de Quai des brumes) au point d'en devenir obsédé par ce trésor qui lui échappait…


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De Impétueux, le 4 octobre 2008 à 20:52
Note du film : 3/6

On a peine à imaginer, aujourd'hui, ce que fut l'immense succès des Tricheurs et, au-delà même du succès auprès du public, ce que fut la prise de conscience, l'effet de basculement de ce film, par ailleurs d'une réelle médiocrité, d'un Carné qui avait, certes, perdu son complice des années enchantées, Prévert, mais qui avait gardé de la patte avec Charles Spaak (Thérèse Raquin) ou Jacques Sigurd (L'air de Paris).

Film à succès, film à scandale, film interdit aux moins de 16 ans, et proscrit par la Centrale catholique du cinéma, film dont on parlait, devant les enfants, à mots couverts, comme d'une monstruosité… Et pourtant, c'est un film accablant de moralisme, où des jeunes gens qui ont vingt ans (et paraissent en avoir trente, du fait de leurs tenues : c'est dix ans avant le grand dégueulis de Mai 68), où des jeunes gens qui sont, donc, aujourd'hui septuagénaires, jouent à l'immoralisme et s'enkystent dans la perverse facilité d'épater le bourgeois.

Ils ont l'air sage, aux yeux d'aujourd'hui, mais les filles couchent à qui mieux mieux, boivent sec, profanent la chambre des parents en y faisant l'amour, volent dans la caisse d'une mère digne, pauvre et honnête…. il y a même une très claire attitude homosexuelle représentée, dans le climat d'une surboum orgiaque (contradiction dans les termes clairement assumée !). Et pourtant, tous, filles et garçons – y compris Alain, incarné par un Laurent Terzieff, qui joue l'ange du Mal avec autant de crédibilité qu'il joue le Nihiliste de Germinal – tous ces garçons et toutes ce filles ne rêvent, en fait, qu'à la Stabilité et au Grand Amour !

La tricherie du titre ne s'applique donc pas qu'aux fausses paroles du Jeu de la vérité que Mick (Pascale Petit) et Bob (Jacques Charrier) échangent, à la fin du film, et qui conduiront Mick à l'accident ; la tricherie, c'est celle de leur vie, de leurs révoltes et de leurs transgressions qu'ils portent comme un ostensoir.

Il n'est sans doute pas absurde que le film ait eu un tel succès. Treize ans après la Guerre, et malgré (ou à cause de ?) la prospérité qui progressait à toute allure, la France s'exténuait dans les médiocres querelles de la Quatrième République : il y avait de la lassitude et de la désespérance dans cette génération-là ; l'exaspération viendrait dix ans plus tard.

Les Tricheurs est un film souvent ridicule et mal joué, d'un manichéisme souvent niais (le rôle du prolo de bon sens, joué par Roland Lesaffre), mais qui, cinquante ans après son tournage, demeure tout de même assez attachant, et pas seulement pour l'image de Paris disparu qu'il donne ; Carné, c'est vrai, voulait passionnément comprendre ce qui se passait avec la Jeunesse (deux ans après Les Tricheurs à base étudiante et bourgeoise, il tourne Terrain vague, sur les Blousons noirs de banlieue) : avec des approximations, des grossissements nigauds, des faussetés de ton, des outrances et des caricatures, il a pourtant placé sous les yeux d'un monde qui se survivait l'alcool, la liberté sexuelle, les voitures de sport, l'envie de vivre…

Et il a su, aussi, appeler et illustrer une musique qui, aujourd'hui n'est plus que celle de cercles d'amateurs, et qui était la musique de la jeunesse : le jazz : entre 50 et 70, le jazz de Sonny Rollins, de Gerry Mulligan, de Chet Barker, de Lionel Hampton… Rien que pour ça, on pourrait mettre Les Tricheurs au dessus de la moyenne, non ?


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De vincentp, le 3 juillet 2010 à 21:48

Je l'ai vu dans Médée, La voie lactée, mais il ne m'a pas marqué la mémoire.


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De fretyl, le 4 juillet 2010 à 16:20

Laurent Terzieff avait très bien renvoyé la balle à Fernandel dans Le voyage du père.


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De Frydman Charles, le 9 juillet 2010 à 14:47

C'était l'époque du Saint-Germain des prés d'après guerre. Jean-Paul Sartre et les existentialistes. Un gout de liberté retrouvée et un avant gout de mai 68 …Mais les institutions traditionnelles , "bourgeoise" et ringardes comme l'amour et le mariage sont loin d'être dépassées, bien que les protagonistes du film ne veulent pas l'admettre…Sauf Mic, qui finit par céder à l'état d’esprit de la bande de copains… Difficile d'imaginer qu'un drame puisse se nouer dans le Saint-Germain des prés symbole du bonheur retrouvé…Et pourtant !!!


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