C'est un film sur les jeunes fait par des vieux, comme d'ailleurs Terrain vague. Dans ce film-ci, il s'agit de jeunes riches, et dans l'autre de jeunes pauvres. Dans les deux, qui ne sont ni très bons ni très mauvais, on sent une sorte d'apitoiement sénile, de désir de comprendre la nouvelle génération sans y arriver vraiment. Il faut dire que c'est une tentation générale, chez les vieux artistes, d'avoir l'air plus jeunes que les jeunes et de ne pas être dépassés.
Excellent message, Xaintrailles et si bien adapté à un Carné qui a couru derrière sa jeunesse de réalisateur (il a 32 ans au moment de Quai des brumes)
au point d'en devenir obsédé par ce trésor qui lui échappait…
Film à succès, film à scandale, film interdit aux moins de 16 ans, et proscrit par la Centrale catholique du cinéma, film dont on parlait, devant les enfants, à mots couverts, comme d'une monstruosité… Et pourtant, c'est un film accablant de moralisme, où des jeunes gens qui ont vingt ans (et paraissent en avoir trente, du fait de leurs tenues : c'est dix ans avant le grand dégueulis de Mai 68), où des jeunes gens qui sont, donc, aujourd'hui septuagénaires, jouent à l'immoralisme et s'enkystent dans la perverse facilité d'épater le bourgeois.
Ils ont l'air sage, aux yeux d'aujourd'hui, mais les filles couchent à qui mieux mieux, boivent sec, profanent la chambre des parents en y faisant l'amour, volent dans la caisse d'une mère digne, pauvre et honnête…. il y a même une très claire attitude homosexuelle représentée, dans le climat d'une surboum orgiaque (contradiction dans les termes clairement assumée !). Et pourtant, tous, filles et garçons – y compris Alain, incarné par un Laurent Terzieff,Il n'est sans doute pas absurde que le film ait eu un tel succès. Treize ans après la Guerre, et malgré (ou à cause de ?) la prospérité qui progressait à toute allure, la France s'exténuait dans les médiocres querelles de la Quatrième République : il y avait de la lassitude et de la désespérance dans cette génération-là ; l'exaspération viendrait dix ans plus tard.
Les TricheursEt il a su, aussi, appeler et illustrer une musique qui, aujourd'hui n'est plus que celle de cercles d'amateurs, et qui était la musique de la jeunesse : le jazz : entre 50 et 70, le jazz de Sonny Rollins, de Gerry Mulligan, de Chet Barker, de Lionel Hampton… Rien que pour ça, on pourrait mettre Les Tricheurs
au dessus de la moyenne, non ?
Je l'ai vu dans Médée, La voie lactée,
mais il ne m'a pas marqué la mémoire.
Laurent Terzieff avait très bien renvoyé la balle à Fernandel
dans Le voyage du père.
C'était l'époque du Saint-Germain des prés d'après guerre. Jean-Paul Sartre et les existentialistes. Un gout de liberté retrouvée et un avant gout de mai 68 …Mais les institutions traditionnelles , "bourgeoise" et ringardes comme l'amour et le mariage sont loin d'être dépassées, bien que les protagonistes du film ne veulent pas l'admettre…Sauf Mic, qui finit par céder à l'état d’esprit de la bande de copains… Difficile d'imaginer qu'un drame puisse se nouer dans le Saint-Germain des prés symbole du bonheur retrouvé…Et pourtant !!!
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