Une excellente comédie de Michel Gondry, réalisateur au cerveau qui déborde d'imagination et d'inventivité. Il y a toujours quelque chose de léger qui plane dans ses films malgré leur caractère grotesque. Jack Black et Mos Def s'en donnent à coeur joie et leur films "suédés" sont des merveilles avec de nombreuses trouvailles qui declenchent fous rires en rafale. Dans ce film, le réalisateur transcende la médiocrité et recycle le minable pour construire de l' hilarant-extraordinaire. Pourtant, l'émotion reste au rendez-vous avec son quota de larmichettes.

Où Gondry va-t-il chercher tout ça? Et surtout, comment arrive-t-il à être aussi subtil dans ses dosages? Vivement son prochain film…

C'est là que je m'aperçois que je suis de l'Ancien Siècle et que je ne devrais pas essayer de rattraper le train….

Alléché par une critique goguenarde et sympathique, par une idée de base qui me semblait drôle et bienvenue (et, pourquoi le nier ?, par le message de Torgnole, ici parangon de la Modernité !), j'ai glissé hier soir la galette dans mon lecteur.

Ma femme a tenu vingt-cinq minutes, puis est partie se coucher ; j'ai lâché dix minutes plus tard et je me suis repassé Aliens ; pas une seule minute nous n'avons souri… Peut-être, me dira-t-on, était-ce plus rigolo précisément ensuite ? C'est possible ; mais je n'ai plus l'âge et plus le temps de m'enquiquiner devant un truc qui m'a semblé totalement creux et qui m'évoquait une émission de télévision fauchée de la TNT.

Je crois que c'est comme ça, tout simplement comme ça ; pendant longtemps, on est dans le train ; un jour on descend, le train redémarre ; on court le long du quai, et pendant longtemps, aussi, on parvient à croire qu'on va accrocher la poignée de la porte du dernier wagon ; mais, c'est inéluctable, il y a dix centimètres, vingt centimètres, un mètre… Le train s'éloigne…

Je ne sais pas si c'est une question d'âge ou de génération…

Gondry bâtit tous ses films sur UNE idée, UN concept, qui tiendraient bien mieux dans un court-métrage. Quant à Soyez sympa…, pas question pour moi d'aller me faire ma propre idée : le film a un gros, un énorme handicap : Jack Black, aussi rédhibitoire pour moi que Jim Carrey, présent d'ailleurs dans un autre film de ce réalisateur. Un hasard ?

Oui, moi qui suis de la génération suivante et qui ne rate pas une occasion de vilipender les baby-boomers (tout est de leur faute !), je n'ai toujours pas osé jeter ne serait-ce qu'un oeil sur cette chose. Aussi dois-je ici saluer le courage indomptable d'Impétueux qui a réussi à rester 35 minutes devant son téléviseur avant de s'avouer vaincu. Les générations passent, les farces stupides restent !

Ma femme a tenu vingt-cinq minutes, puis est partie se coucher ; j'ai lâché dix minutes plus tard et je me suis repassé Aliens (Impétueux)

C'est délirant mais le tout garde, surtout pour le film consacré à la vie de Fats Waller, une indéniable émotion. C'est palpable. Nos deux héros aidés par les voisins sont des gentils et il est hors de question qu'on les prenne pour des truands. Le dernier quart d'heure est une reussite complète accompagné d'un serrement de coeur irrépréssible. Le foutoir l'emporte quand même mais la tendresse veille. C'est une Amérique comme on l'aime : Dingue, osant tout, pionnière, inventive. Jack Black, cauchemar de PmJarriq et que personnellement je place dans le hit-parade des plus grands comiques Etasuniens est parfait dans ce rôle d'excentrique givré …pas si fou que ça et sachant fort bien ce qu'il veut. Son ami et complice Mos Def, que je découvre avec bonheur, m'a bluffé par son naturel et son jeu imperturbable et précis. Quant' à Mia Farrow, par qui toute cette farce arrive, elle est absolument à sa place. Perdue et cavalière, timide et furieusement combative. Ses transports sont réfrénés par un physique ingrât mais veulent quand même se faire entendre. C'est du bonheur ce film. Il n'est pas sans nous rappeller l'ambiance déjanté de Very bad trip, l'émotion en plus. Il n'a rien d'une farce stupide comme le prétend Arca qui ne l'a pas vu. C'est bien plus profond qu'il n'y parait.

le train redémarre ; on court le long du quai, et pendant longtemps, aussi, on parvient à croire qu'on va accrocher la poignée de la porte du dernier wagon ; mais, c'est inéluctable, il y a dix centimètres, vingt centimètres, un mètre… Le train s'éloigne… C'est juste un type qui loupe son train ? Bien sûr que non. Et bien ce film, c'est la même chose..

Revoyez ce film, ami Impétueux. Avec un peu plus de patience… Vous pouvez encore prendre ce train là .