Claude Lelouch dans ce qu'il a pu faire de pire. Disons que cela fait au moins trente ans qu'il ne réalise pratiquement plus que des nanars, quelques films sont à sauver dans ces années de galère, Itinéraire d'un enfant gaté, Attention bandits ou Les misérables mais Hommes, femmes, mode d'emploi est à jeter au panier des couillonnades chabadabadesque de Lelouch.
Dés la première scène entre Bernard Tapie et Ophélie Winter on sent que c'est loupé , la mayonnaise ne prend pas, la scène ne nous fait pas sourire comme dans certaine réussite du réalisateur, le film démarre lentement, on attend, impatient qu'il se passe enfin quelque chose, rien, rien n'excite, rien n'amuse, le film est soigneusement ridicule notamment l'histoire d'amour entre une adolescente de treize ans et un footballeur de dix huit plombe carrément l'histoire. Même les seconds rôles habituellement bon chez Lelouch n'ont rien à dire Gérard s'ennuie ferme et Ticky Holgado n'est pas à son aise, même Luchini n'a rien à inventer …c'est dire.
Et puis il y a Bernard Tapie l'edelweiss de la connerie, pas comédien pour un sou, le faciès de gangster pour un rôle sentimental, on en vient presque à se demander si ce n'est pas pour écourté sa peine de prison que ce film à été réalisé à l'époque, car Tapie alors détenu fut sorti du trou pour jouer dedans…
Finalement le sketch le plus drôle reste encore le jour ou le célèbre journaliste Paul Amar lui sortit des gants de boxe avant un débat musclé, à revoir pour l'inoubliable regard haineux de Bernard Tapie .
Je ne crois pas avoir eu l'occasion de parler avec vous, Fretyl, voici qu'elle m'est donnée. Et c'est avec plaisir que je la prend au passage.. Je viens de lire votre avis ( que je respecte ! ) sur ce film. Et cela me fait penser que c'est sûrement le film de Lelouch que je préfère..
Fernand : est-ce que vous respectez la procédure ? elle vous est fournie juste au-dessus du pavé où vous rédigez votre message --> film / artiste
Le dégoût, voire la haine à l'encontre de Bernard Tapie, c'est une chose. Je suis sûr que des milliers de gens en ce pays aimeraient le voir accroché à un croc de boucher et ce, pour de fort bonnes raisons. Mais dans le cas présent, ce n'est pas Bernard Tapie le repreneur de sociétés, le financier véreux, le président de club éhonté ou le voyou tout court dont nous parlons. C'est de l'acteur Bernard Tapie. Bernard Tapie est il un bon acteur. Certes non. Mais pourquoi aurait' il besoin de l'être, puisque Lelouch lui demande juste d'être lui-même et rien d'autre. Et quand Tapie est lui-même, il est excellent. Non pas dans ses actions honteuses, diverses et subversives, mais dans sa façon de paraitre. Beau, hâbleur, fin diseur, fanfaron, menteur : C'est un acteur !
Et Lelouch ne s'y est pas trompé qui a su transposer au cinéma ce qui faisait qu'il nous déplaisait dans la vie "normale". Son assurance et sa grande gueule. Et à l'aide d'une histoire peu banale, nous voilà sous le charme…Pas mal, non ? Bien, très bien joué de la part d'un metteur en scène qui, à l'instar de David vincent chercha toute sa carrière un chemin que jamais il ne trouva. Et ne venez pas me parler de Un homme et une femme qui est un film dont je ne m'explique toujours pas le pourquoi de son succès. C'est dans la très excellente Bonne année que des intellos en parlent en ces termes : "-Si vous aimez les somnifères et les essuies-glaces sur pellicule…-". Voilà qui est dit ! Lelouch ? L'Aventure, c'est l'aventure, La bonne année et peut-être Le chat et la souris. Le reste…Mais justement, dans ce reste, demeure cette histoire diabolique qu'est Hommes, femmes, mode d'emploi. Parce qu'à y regarder de plus près, L'auberge rouge, à côté, c'est La guerre des boutons. Faire croire à un type qu'il a un cancer, sous le falacieux prétexte qu'autrefois il nous a plaqué, et faire croire au vrai malade qu'il est sain (et qui de ce fait ne se soigne pas), c'est un double assassinat des plus immondes. Mais je ne sais pas comment s'est demerdé Lelouch, ça fonctionne formidablement bien, à la limite du jouissif.
C'est plein de poésie, de tendresse. De vérités poignantes et d'humanité. Plein d'enseignements de toutes sortes. Bien des non-croyants ont du se poser bien des questions. Malgré toute la saloperie sous-jacente, tout est beau, tout semble pur dans ce film. On en mangerait ! Et puis on reprendrait bien un peu d'Ophélie Winter aussi. Belle comme la femme d'un autre, formant un très beau couple avec Tapie, lui-même marié avec une femme intelligente comme on en voit qu' à la télé. Magnifique Caroline Cellier :"- Alors, tu m'as trompé…Je fais quoi ? Je te quitte ou je te tue ?..-". Le tout exprimé dans un sourire de tendresse mirifique. Y'a qu'au cinoche, j'vous dis ! On essaie toujours de regarder un film dans un certain silence, en général. Mais là, on se "tait" devant certaines scènes, certaines phrases. Et surtout en entendant cette musique magique.
Patrick Husson, le petit jardinier de la ville de Paris à la voix si joliment haut perchée, fut découvert par Christophe Dechavanne qui le fit passer à la télé. Lelouch l'alpagua pour ce film, puis le petit castra repartit dans les ténèbres de l'oubli..Quelle voix ! Fabrice Luchini en fait des tonnes à côté de Tapie. Et ça aussi, ça fontionne. Mais tout est en place dans ce film. Et quels décors ! Les vues d'hélico au-dessus de Chambort sous la neige, ma-gni-fique ! Pareil pour la basilique de Lourdes . Lourdes ? Quelle belle Marque, dira Tapie. Car Lelouch ne s'y est pas trompé et il en a fait un marchand. De tout. De rien. Mais un marchand. Par moments, on se croirait dans l'excellente émission Streap-tease consacrée à l'ancien taulard. Pour le reste, les rapports Hommes, femmes comme d'hab. Le monde tourne sa ronde. Tu m'as quitté, je vais te les faire bouffer en salade. Rien d'original. Mais enrobé dans une espèce de rêve permanent. Le vol des hélicos, la beauté du hasard, la patience des femmes, la neige, les yeux d'Ophélie, l'amitié, la musique qui vous scotche…Que c'est beau, le crime esthétique !
C'est inimaginable comment une oeuvre oû la maladie, la mort et la vengeance sont omniprésentes, peut être traitée avec autant de talent et de beauté. J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce film et son atmosphère très particulière.. Comme un éclair de génie dans la carrière de Lelouch. Ils ne sont pas si nombreux. Je n'ai pas boudé mon plaisir. Le pire Lelouch ? Certes non ! Il a beaucoup donné dans le pire. Mais comme disait Coluche :"- C'est pas là…j' vous dirai !-"
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