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Forum : La Nuit du carrefour

Sujet : Une bizarrerie


De Xaintrailles, le 3 avril 2008 à 15:30
Note du film : 2/6

Il parait qu'une bobine a été perdue, deux autres interverties, ce qui rend ce film à peu près inintelligible.


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De silverfox, le 3 avril 2008 à 22:15

J'ai vu ce film il y a tres longtemps et en essayant de rassembler mes souvenirs, je revois tres bien Pierre Renoir qui interprete Maigret dans une intrigue tortueuse mais toutefois comprehensible malgre une image de mauvaise qualite. Neanmoins pour moi le vrai Maigret a l'ecran sera toujours le charismatique Gabin.


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De Gilou40, le 29 septembre 2011 à 16:24
Note du film : 2/6

Commentaires de Patrick Brion :

La raison de La nuit du Carrefour, déclarait Jean Renoir, en 1961, c'est mon admiration pour Simenon. Je l'admirais tant que j'ai essayais de rendre à l'écran ce qu'il rendait si bien dans ses livres. J'ai demandé à mon frère, Pierre Renoir de tenir le rôle du commissaire Maigret. Et j'ai trouvé une drôle de créature, une espèce de gamine bizarre de 17 ans avec un visage très pâle et qui s'appelait Winna Winfried. Dans La nuit du carrefour,j'ai essayé de faire du Simenon. J'ai essayé de donner cette impression que la boue colle, quand on marche dans la boue. Que le brouillard vous bloque la vue quand on marche dans le brouillard. J'ai essayé de faire avec ce film ce que Simenon fait avec ses livres : transporter le spectateur dans une certaine atmosphère.

Je pense que jamais Patrick Brion ne nous aurait laissé voir un film à qui il manquerait deux ou trois bobines. Quoique, à bien regarder…

Je crois que l'on peut parler de curiosité, voire de bizarrerie en évoquant cette Nuit du carrefour. D'abord par la personnalité et le physique de Pierre Renoir qui n'a pas encore l'envergure et la stature d'un Jéricho des Enfants du paradis ou d'un père Pescara dans La dame d'onze heure. Il est ici une liane frêle et sans trop de personnalité policière, à mille lieues d'un Gabin, Charles Laughton, Harry Baur, véritables montagnes ayant marqué de leur carrure les aventures du héros de Simenon. Seul, peut-être, son regard noir et pointu fait la différence. Pour autant, il est loin d'être ridicule et on peut même dire qu'il fait preuve d'une assez belle prestance.

Mais on a rarement vu un Maigret aussi… "Slim Fast". Même si Albert Préjean était assez longiligne dans Cécile est morte, il avait quand même une autre stature. Et puis Pierre Renoir a dans ce film un côté "visiteur de musée" assez original pour ce si célèbre policier. Il se ballade. Il semble profiter de la journée du Patrimoine. Sous la flotte et dans la gadoue, La nuit est son royaume… Quant à son metteur en scène de frère Jean renoir, s'il a voulu évoquer le brouillard et la boue dans le détail, c'est gagné. Le côté certaine atmosphère est tout à fait réussi. Et une copie du film à la limite du regardable en rajoute dans le genre. Mais hélas, le souci du détail, la propension à bien faire ressortir un climat glauque nuit au reste de l'histoire. Car il ne se passe pas grand chose dans ce Maigret là. Et quelques allées et venues d'une pièce à l'autre, quelques appartés entre deux portes ne suffisent pas à remplir un suspens. Ou peut-être Renoir est-il passé à côté. Je n'ai pas lu le livre mais j'espère qu'il est plus prenant que cette œuvre cinématographique.

Personnellement, je n'y ai vu qu'une bouillie lugubre certainement indigne du grand Renoir, avec un entêtement à filmer une nuit interminable sous une pluie battante, collante et à laisser ses acteurs dans une espèce d'improvisation dont il se sortent assez bien, disons le, mais qui laisse un goût de bâclé, une sensation de négligé. Cette même impression qui fera pourtant le succès de l'immense Règle du jeu. Winna Winfried dont notre Maigret est nettement sous le charme, possède toute la fausse ingénuité voulu de ses 17 ans. Et elle a un mal fou à les faire oublier ses 17 ans ! Elle manipule ce commissaire énamouré comme une enfant dévoyée qu'elle est censée ne plus être. Georges Koudria, le frangin énigmatique frôle le ridicule dans un jeu à définir. Et il manque un "sérieux" dans cette réalisation. Mystère, indices, révélations sont bien là mais dans un désordre, un enchevêtrement loin de l'intrigue limpide d'un Maigret tend un piège par exemple. Pourtant, une musique très appropriée à cet étrange climat semble vouloir jouer les métronomes pour notre bonne compréhension de l'histoire. Mais qu'a donc pensé Simenon de cette adaptation ? J'aimerais le savoir…

Un grand film ? Un grand Simenon ? Les vrais amateurs de l'écrivain jugeront. Je ne suis pas assez férue du genre. En tous cas, pas un grand Renoir. Il me semble, pour ma part, avoir vu ce film comme un rêve. Indéfini, bizarre, flou. Et le mot "Fin" sur l'écran est un étrange réveil…


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De Impétueux, le 29 septembre 2011 à 19:41

Nullement spécialiste, mais véritable amateur de Simenon, je vous dirais bien, Gilou, que le problème qui s'est posé à tous les cinéastes qui ont tenté d'adapter son oeuvre, c'est que l'anecdote, le mystère, la résolution du crime n'ont qu'une importance très secondaire… Simenon n'est pas Agatha Christie et son truc n'est pas l'ingéniosité de l'intrigue et la révélation du nom du meurtrier…

Tout est, précisément, dans l'atmosphère, quelle qu'elle soit ; la qualité extraordinaire du Liégeois, c'est de vous installer, dès les dix premières lignes, dans un monde dont vous ne vous sortirez pas…

Et puis Jules Maigret, tel qu'il est présenté dans le premier roman où il intervient, Piotr le Letton est un type physiquement assez terne, qui porte chapeau melon et pardessus confortable… Rien qui le fasse sortir du lot… J'aime, comme vous, les deux adaptations réalisées par Delannoy ; mais de là à dire que c'est fidèle à l'esprit des romans !…


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