Le chateau du dragon est désormais disponible à la vente en dvd individuel, ainsi que les deux autres films de Mankiewicz
Chaînes conjugales
et L'affaire Cicéron
auparavant disponibles uniquement en un coffret groupé.
Le film est un des premiers du réalisateur. Il n'est peut-être pas aussi abouti que d'autres mais vaut tout de même le détour, ne serait-ce que parce qu'il porte déjà en lui un certain nombre des thèmes chers à Mankiewicz, qu'il réutilisera tout au long de son oeuvre : héroïne rêveuse en quête d'un amour chimérique, opposition des deux prétendants, l'un plus âgé, charismatique et sulfureux, l'autre plus jeune mais plus simple, le rapport aux domestiques…
On prend plaisir au jeu de Gene Tierney et Vincent Price.
Les bonus nous ouvrent les yeux sur les détails de la réalisation et leur signification, on a même droit à un rapide documentaire touchant sur Gene Tierney,
que Mankiewicz
fera à nouveau tourner peu après dans L'aventure de Mme Muir.
Une question me vient à la vision du film : alors que dans sa première partie, la présence d'une petite fille et d'une gouvernante ambigue ont une certaine importance, ces deux personnages disparaissent totalement dans la seconde partie du film, sans aucune explication.
Si quelqu'un peut éclaircir ce mystère … ?
Si la réalisation, l'esthétique, la direction artistique font déjà preuve d'une totale maîtrise, Dragonwyck pèche en effet, par son scénario fouillis, mêlant le romanesque à la Rebecca,
à la lutte des classes. Les fermiers en révolte font irrésistiblement penser aux villageois perpétuellement en colère de Frankenstein,
toujours prêts à aller faire brûler le château du "patroon". Le film n'évite pas toujours le ridicule, et on a vu Gene Tierney
mieux dirigée (ne serait-ce que par le même Mankiewicz
dans L'aventure de Mme Muir).
L'inénarrable Price
est égal à lui-même, en noble arrogant et "junkie". Seuls les parents de Miranda, joués par Walter Huston
et Anne Revere,
donnent réellement de bonnes prestations, au même titre que Jessica Tandy,
en servante boîteuse et dévouée.
Quelque peu tiré par les cheveux (que devient cette histoire de malédiction et de fantôme jouant du clavecin, qui paraît si primordiale, dans la première moiitié ?), trop inspiré de Daphné du Maurier, sans en posséder le mystère intrinsèque, Dragonwyck
vaut essentiellement pour ses décors "gothiques", certains éclairages clairement expressionnistes, et les promesses déjà contenues dans certaines séquences, de l'immense carrière à venir de M. Mankiewicz.
Eh bien mes chers camarades PMJarriq et DelaNuit, vos arguments, fort bien exposés, rejoignent tous ceux que j'ai mêlés dans ma tête tout au long de la projection sur mon écran du Château du dragon. Je vois que, l'un et l'autre admirateurs déterminés du cinéma de Joseph L. Mankiewicz,
vous vous projetez dans ses films suivants pour accorder au Château du dragon
de fort bonnes notes. Je conviens volontiers qu'il est effectivement difficile de ne pas avoir en avant-vue, si j'ose dire, toute la carrière d'un réalisateur pour apprécier sa première œuvre, mais moi qui suis un moindre thuriféraire que vous de l'auteur d'Ève,
je n'ai pu m'empêcher de trouver le film long, confus et bien mélodramatique.
Le décor du château est aussi, à lui seul, une grande réussite. Par principe je tords d'habitude un peu le nez devant les discours des spécialistes qui, dans les suppléments de DVD, vous expliquent péremptoirement la signification intrinsèque de tel angle de prise de vue ou de tel éclairage ; mais là j'ai été assez intéressé par le propos de Jean-Pierre Berthomé qui fait toucher du doigt la structure volontairement incohérente du château.
Mais, malheureusement, l'incohérence n'est pas que dans un décor séduisant : elle l'est, beaucoup, dans un récit qui hésite entre la plus parfaite mièvrerie calviniste, l'appel embryonnaire à une dimension fantastique ambiguë, le classicisme mélodramatique des couples qui se trompent sur eux-mêmes, avec un large brin de critique sociale et une vague éclaircie sur les perspectives de bonheur qui laissent la place au cher étasunien happy end. Le scénario est d'une rare nullité, mais, paraît-il, MankiewiczAinsi qu'il est dit plus haut, quelques autres thèmes porteurs sont à peine abordés, comme la survivance des malédictions et des souffrances ancestrales qui frappent les femmes de la famille, vouées de longue date à n'être que des poulinières et répudiées dès qu'elles ne peuvent plus l'être, mais on voit que ça n'intéresse pas du tout le réalisateur.
Qui a, d'ailleurs, peut-être raison tant ce fatras est médiocre et rebattu. Reste le talent de mise en scène, qui n'est pas négligeable, loin de là, mais ne suffit pas à satisfaire.
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