Je n\'avais jamais vu ce film, pourtant l\'un des classiques des diffusions télé.
Je n\'ai pas été déçu par cette belle adaptation de Simenon par Granier-Deferre.
Voilà un film qui est bien plus que la rencontre entre un
Delon
d\'une infinie sobriété, à mille lieues de ses tics ultérieurs et une Signoret
émouvante, dont on devine la beauté passée derrière les traits usés.
Ce n\'est pas deux vedettes qui sont présentes devant nous mais deux personnages mystérieux au passé énigmatique.
La peinture du monde campagnard sonne juste. Le cinéaste maîtrise son sujet: il s\'agit d\'une magnifique tragédie: c\'est la grande qualité et le défaut du film. Dès le début, on devine qu\'il n\'y a aucun \"happy end\" à attendre.
Voilà du beau cinéma, intemporel.
Vive Granier-Deferre adaptant Simenon et à bas le journal \"Libération\" qui a tiré à boulets rouges sur le cinéaste le lendemain de son décès.
Quand les adversaires de la belle qualité française cesseront ils d'avoir des œillères ??
ps: à noter la présence de Bobby Lapointe qui étrangement, fit l\'acteur juste avant sa mort dans de beaux films comme Les assassins de l'ordre, Les choses de la vie,
Max et les ferrailleurs
et cette belle veuve Couderc.
« Quand les adversaires de la belle qualité française cesseront ils d'avoir des oeillères ?? »
Des oeillères ? Je vous trouve bien indulgent avec nos amis de 'Libération'.
Bien qu\'il n\'en respecte pas la lettre, le film est tout à fait dans l\'esprit du roman de Simenon ; quoi d\'étonnant, de la part de Pierre Granier-Deferre,
remarquable artisan du cinéma que nous aimons, disparu il y a peu, qui a su donner, en sus de cette Veuve Couderc,
certaines des adaptations les plus réussies du grand écrivain liégeois, avec Le Chat,
Le Train
et L'étoile du Nord
?
Que ce cinéma de grande qualité, soigné, intelligent, joué par de remarquables acteurs servis par une distribution impeccable ait pu être méprisé sans pudeur par les sicaires et les bachi-bouzouks de la prétendue modernité est une honte !
Signoret est admirable, Delon
tout en retenue roide, comme dans les meilleurs Melville
et Ottavia Piccolo
exaspérante, attendrissante, accablante et délicieuse…
Mais dans le roman c'est la veuve Couderc que Jean Passerat-Monnoyeur (quel drôle de nom !) tue parcequ'il ne peut plus supporter la surveillance permanente à laquelle elle le soumet, fin tragique qu'André Gide trouvait plus "absurde" et plus admirable que celle de L'Etranger de Camus. Quelle manie ont donc les cinéastes d'édulcorer le sens fort peu conventionnel et souvent terrible des romans de Simenon !
J'avais entendu de bonnes choses autour de La Veuve Couderc, je n'ai pas été déçu. D'autant que dans le style classique qui le caractérise, Pierre Granier-Deferre
ne filme pas seulement une bonne adaptation d'un roman de Simenon, mais aussi un document étonnant sur quelques us et coutumes de l'entre-deux guerres, l'histoire se déroulant en 1934. Sans grande surprise, le duo Alain Delon
/Simone Signoret
fonctionne à merveille dans l'atmosphère particulière du film, Ottavia Piccolo
nous rappelle qu'elle a compté dans le cinéma à une certaine époque de sa carrière et on se demande jusqu'où le chanteur Boby Lapointe
aura joué aux acteurs avant son décès précoce en 1972, soit un an après ce film et Max et les Ferrailleurs
et deux après Les Choses de la vie.
On n'oubliera pas Monique Chaumette,
récemment récompensée d'un Molière, Jean Tissier
qui clôturait là sa belle et longue carrière avant de mourir abandonné de tous, et peut-être Jean-Pierre Castaldi, histoire de donner un indice de casting aux jeunes générations. Qui devraient impérativement découvrir ce classique (et joli succès, 2 millions de spectateurs à l'époque) avant qu'un producteur peu scrupuleux ne remette la main dessus…
Et pour parler DVD, il me semblerait intéressant que Pierre Granier-Deferre soit édité en coffret. vu sa filmographie, on peut d'ailleurs se demander pourquoi il n'ait pas été plus reconnu.
Mais il y a tant de substance dans les romans de Simenon, tant de talent brut et immédiat, qu'on peut le plus souvent trouver son content dans ces histoires simples qui vous prennent dès les premiers paragraphes et ne vous lâchent plus. En tout cas, c'était ce qui ce faisait encore naguère et ce qui ne se fait plus beaucoup. La liste des adaptations publiée dans le site très exhaustif Tout Simenon, et que l'on trouve développée dans http://www.toutsimenon.com/adaptations.h(..) est aussi exiguë, après 2000, qu'elle était dense auparavant ; on dirait que les cinéastes d'aujourd'hui considèrent que des récits ancrés dans le monde d'hier ne peuvent plus intéresser un public féru d'images numériques et de sujets de société.
Granier-Deferre et Jardin, dans la mode de l'époque du tournage (1971) ont, de surcroît, ajouté quelques implantations politiques qui paraissent aujourd'hui assez grotesques ; ainsi l'éclusier Désiré (Bobby Lapointe), beau-frère haineux de Tati, lisant L'Action française (beaucoup trop intellectuel pour lui ; tant à faire, on aurait pu lui mettre dans les mains L'Ami du peuple, un vrai journal populiste) ; ainsi l'inscription antisémite sur l'église du bourg, concevable avant la Grande guerre, mais pas en 1934 en France ; ainsi l'usine occupée par des grévistes (on n'est pas en 1936) ; ainsi l'irruption des Dispos (le service d'ordre des Croix-de-feu) prétendant venir prêter main forte à la police pour l'arrestation de Jean. Tout cela irrite un peu.
Il l'est aussi, évidemment,par l'improbable et parfaite osmose entre Alain Delon et Simone Signoret,
par le choix d'Ottavia Piccolo,
petit animal ravissant, sensuel et stupide.
Est-ce que ce n'est pas une ironie narquoise du sort que celui qu'on avait surnommé Le nonchalant qui passe, en allusion à la chanson qui fit un triomphe en 1933 (et dont avait sottement baptisé L'Atalante de Jean Vigo)
ait tourné son dernier rôle auprès d'un canal ?
Le film est hélas languissant, et guère intéressant. Mais Delon, égal à lui-même, est excellent et les décors champêtres et bucoliques sont très bien filmés. Cela ne suffit pas pour produire un film qui sort du tout-venant.
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