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Sujet : "C'est la lutte finale..."


De vincentp, le 20 décembre 2007 à 22:39
Note du film : 5/6

Produit par le parti communiste (Renoir sympathisait avec celui-ci vers le milieu des années 1930), La vie est à nous est un film de propagande qui véhicule la pensée communiste de cette époque, celle du Front populaire. Il ne fait pas dans la demi-mesure et notre ami Impétueux pourra avoir un haut-le-coeur en le regardant.

Que l\'on partage on non les idées exprimées par ce moyen métrage (durée : 60 minutes), force est de reconnaître que La vie est à nous constitue un formidable témoignage historique, permettant aux jeunes générations de comprendre aujourd\'hui comment s\'est développé en France ce courant de pensée. Les héros de La vie est à nous sont Lénine, Staline, dont la pensée est relayée par Marcel Cachin, Paul Vaillant-Couturier, Maurice Thorez, qui apparaissent à l\'écran à tour de rôle. Mais de nombreux militants du parti interviennent également lors des saynètes successives de propagande.

Sur un plan cinématographique, la réalisation de Renoir est une nouvelle fois excellente, pour un tas de raisons que chacun pourra découvrir avec le dvd, édité à partir d\'une des rares copies encore existantes de ce film.


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De Impétueux, le 21 décembre 2007 à 00:08
Note du film : 6/6

Un haut-le-cœur en regardant La vie est à nous, moi ?

Malheureux enfançon ! J'ai dit à quatre ou cinq reprises, sur divers fils (voir notamment mes messages sur Le crime de Monsieur Lange, La Marseillaise ou La grande illusion) combien je trouvais passionnante – aussi naïve et vaine que passionnante, il est vrai ! – cette œuvre de pure commande de Renoir !

Et je me suis proposé dix fois de la longuement chroniquer, parce que je ne suis pas tout à fait ignorant de la longue et fascinante histoire du Parti Communiste Français ; j'ai tardé : me voilà bien puni par votre assertion malencontreuse !

Mais j'y reviendrai, en étudiant soigneusement les séquences quasi-documentaires, les reconstitutions romancées, et les grands élans lyriques…


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De vincentp, le 21 décembre 2007 à 09:06
Note du film : 5/6

Pour nos jeunes lecteurs, précisons ce que veut dire "enfançon" (je ne connaissais pas ce mot, qui doit dater du Front populaire, et ai eu recours à wikipédia) : "Il s'est dit d'un Enfant en bas âge. On disait dans le même sens Enfantelet."


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De Impétueux, le 30 décembre 2010 à 23:30
Note du film : 6/6

Il y a exactement quatre-vingt-dix ans, à Tours, la grande majorité des délégués au congrès de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) décidait de devenir la Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) et d'accepter, sans en rejeter aucune, les conditions fixées par Lénine pour adhérer au Komintern. C'était le début d'une histoire extraordinaire, qui a marqué profondément le siècle et qui va bientôt s'achever sous le coup du brillant score de Mme Buffet aux Présidentielles de 2007 (1,93% des suffrages) et du rachat en sous-main du Parti par l'éructant et délicieux M. Mélanchon.

Entre-temps, il y a eu une organisation formidable, qui a su rassembler des millions de dévouements prodigieux et des talents puisés dans toutes les couches de la Société, aristocratie ouvrière, littéraire, artistique, philosophique. Tant de gens de qualité divers ont été rassemblés, aux lendemains de la Guerre, au moment où le Parti atteignait 28,5% des voix (Législatives d'octobre 1946) qu'un historien de ces années là pouvait bien écrire une biographie de Maurice Thorez, Secrétaire général du Parti intitulée Le bonheur d'être communiste.

Pour tous ceux que fascine, ou simplement intéresse cette page d'histoire contemporaine, ce gigantesque mur de certitudes, d'efforts désintéressés et d'erreurs atterrantes, le film de Jean Renoir est un document de première qualité.

D'abord parce que c'est Renoir, dont rien ne laisse indifférent, et que c'est plein d'acteurs épatants de l'époque, qu'on aime voir et revoir, Charles Blavette, Gaston Modot ou Gabrielle Fontan, et des tas d'autres à reconnaître au fil des images.

À dire vrai, le communisme de Renoir a été sûrement davantage un coup de cœur, une toquade, le suivi d'une mode (et l'influence de sa femme Marguerite Houllé) qu'une conviction profonde. Quatre ans après 36, en fuyant la France qui s'effondrait, et gagnant les États-Unis, il ne cachait pas son admiration pour ces grands diables d'Allemands qui fonçaient sur l'Europe et écrivait des lettres antisémites.

Mais peu importe ! La vie est à nous est une commande directe du parti Communiste (comme La Marseillaise, deux ans plus tard, est une commande de la C.G.T.) ; c'est un film de propagande clairement présenté comme tel.

Ce qui est drôle, c'est que le P.C.F. sort à peine, en 1936, de la tactique suicidaire dite de Classe contre classe, impulsée par l'Union soviétique, qui refuse toute alliance avec qui que ce soit et qui lui a valu les sévères claques électorales de 1928 et de 1932. Avec l'arrivée au pouvoir de Hitler, en 1933 et les événements de 1934 en France, la consigne de Moscou change : c'est donc l'époque de la Main tendue aux chrétiens ; ce sera bientôt le Front populaire : on est dans la recherche de consensus, l'unanimisme, dans ce qui rassemble plutôt que dans ce qui différencie. D'où le début du film, portrait d'une France magnifiquement dotée par la nature et la géographie, parée de tous les prestiges, centre glorieux des sciences et des arts, dressé par un instituteur inspiré (Jean Dasté) devant les yeux émerveillés de toute sa classe.

Cette France, qu'est-ce qui l'empêche d'être un paradis terrestre, si ce n'est les 200 familles et leurs sicaires et nervis, les ligues fascistes, fascisantes et fascistoïdes ?

Rien du tout ! L'alliance de la conscience ouvrière et de la sagesse paysanne, appuyée par la jeunesse et les intellectuels torpillera l'hydre totalitaire et suscitera les fameux lendemains qui chantent. C'est ce qui est affirmé, par la conjonction lyrique de toutes les couches sociales, à la fin du film, après que tous les dirigeants du Parti, de Paul Vaillant-Couturier à Jacques Duclos et Maurice Thorez y sont allés de leur couplet.

Le septième volume des Hommes de bonne volonté, de Jules Romains, s'intitule Recherche d'une Église ; des millions d'hommes ont cru en trouver une, dans ce parti qui prétendait donner au monde un nouvel Évangile.

Manque de pot : Karl Marx n'était pas Jésus Christ.


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