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Forum : Fleurs d'équinoxe

Sujet : Temps et espace


De bastien, le 1er février 2004 à 12:34
Note du film : 4/6

Fleur d'équinoxe est un joli film, dont le sujet est traité avec beaucoup de délicatesse, à tel point que cette histoire très japonaise fifties (l'ascentiment des parents au mariage et le recherche du bon partis) prend des résonnance plus intemporelles et universelles sur la paternité qui ne cantonne pas le film au folklore et peut aisément toucher le spectateur. Il faut dire que c'est excellemment interprété.

La mise en scène toute en plans fixes sert cette délicatesse et intéresse au départ par le travail de composition, mais ce n'est pas sans contenir un aspect un peu répétitif et désuet au final tant ça reste figé. A ce niveau, l'Agfacolor n'aide pas toujours, de même que l'insupportable musique pour endormir bébé qui parcourt tout le film.


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De cormega, le 28 décembre 2006 à 12:00
Note du film : 5/6

C'est vrai que ce film a peut-être un petit aspect répétitif ou longuet (pour ma part, cette sensation est infime), par rapport à d'autres films d'Ozu. Mais la magie de sa mise en scène opère tout de même avec ces nombreux plans fixes et cette caméra placée toujours assez basse. Ce qui est intéressant dans ce film, c'est finalement que ce sont les femmes, plus rusées et moins ancrées dans les traditions, qui auront le dernier mot; et ça c'est tout de même assez rare dans le cinéma Japonais. Notamment dans l'oeuvre de Mizoguchi où les femmes ont également une place de choix mais où leurs destins sont par contre bien plus sombres.


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De vincentp, le 2 janvier 2007 à 08:47
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Une des grandes réussites d'Ozu. La séquence de la conversation entre le mari et son épouse au bord d'un lac, filmée sous plusieurs angles différents, et qui m'est restée en mémoire, est en particulier phénoménale.


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De vincentp, le 28 juin 2009 à 17:06
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu aujourd'hui sur grand écran. Ce qui m'a frappé, c'est le caractère âpre de cette histoire, qui n'est pas sans rappeler celle de Crépuscule à Tokyo. Le personnage principal (Hiramaya) reconnaît publiquement lors d'un mariage que son propre mariage fut arrangé par ses parents et qu'il en a souffert… Mais bourrique, le voilà qui cherche à reproduire ce schéma malheureux avec sa propre fille, avec des conséquences imaginables… Les relations parents enfants, entre époux, entre patron et employés sont difficiles, et il faut beaucoup d'efforts de part et d'autre pour éviter les enchaînements dramatiques. Beaucoup de réflexion, de sagesse, de capacité d'écoute –est-il exprimé en filigrane- sont nécessaires pour éviter que la nature humaine faite de grandes et petites choses –mesquinerie, préjugés… – ne produise le chaos, et détruise la cellule familiale, clé de la concorde de la société imaginée par Ozu.

Ce qui frappe aussi, c'est l'obsession des personnages à se marier, ou à faire marier les autres. On peut penser que Ozu, éternel célibataire, introduit dans ce récit une profonde insatisfaction personnelle, et un mal-être diffus qu'il a cherché à noyer dans le saké –selon les témoignages qui sont parvenus jusqu'à nous-. Enfin, ça, c'est une affirmation personnelle…

Fleurs d'équinoxe est peut-être un demi-ton en dessous des plus grandes réussites de Ozu, lesquelles sont de mon point de vue Printemps tardif, Printemps précoce, Voyage à Tokyo, Eté précoce, Le goût du riz au thé vert, Fin d'automne. On ne retrouve peut-être ici pas le caractère génial des films précédemment cités. Mais néanmoins, Fleurs d'équinoxe s'impose comme un grand film du maître japonais.


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De vincentp, le 8 janvier 2014 à 22:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Vu sur grand écran à trois reprises : en 2005, en 2009, et ce soir. Une copie numérique restaurée nous était présentée au cinéma Le nouveau Latina par l'éditeur-distributeur Carlotta, avant une ressortie en salles fin janvier 2014. Je revois mes avis précédents à la hausse, concernant la qualité artistique de cette oeuvre : Fleurs d'équinoxe se situe plutôt dans le domaine du "chef d'oeuvre absolu", et parmi -disons- les 100 ou 200 meilleurs films de l'histoire du cinéma. Admirable Shin Saburi, l"engourdi" de Le goût du riz au thé vert, comme le reste de la distribution.

Le scénario (Kôgo Noda, Ozu) et la mise en scène de Ozu sont sublimes. Comme John Ford (The searchers, The quiet man,…) Ozu bâtit son oeuvre par paquets de séquences qui se terminent par des crescendos émotionnels (portés par la musique, exceptionnellement bien employée). Une montée d'émotion croissante au fur et à mesure que l'intrigue avance, ai-je ressenti. Oeuvre portant sur les relations humaines et sociales, mais le cinéaste japonais intègre cette thématique dans le cadre plus général du temps et de l'espace (par les choix de narration, les dialogues et les plans).


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De vincentp, le 19 janvier 2014 à 17:59
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Oeuvre revue ce matin sur grand écran à l'Arlequin, à l'occasion du ciné-club du toujours aussi pédagogue Claude-Jean Philippe, s'adressant à une large audience composée de retraités et d'actifs. Les fleurs d'équinoxe, dont il est question dans le titre de l'oeuvre, posées dans un vase de la pièce principale, sont de toute évidence un élément métaphorique représentant les trois jeunes filles en voie de se marier. La première se marie en introduction de l'histoire, le mariage difficile de la seconde nourrit l'intrigue, et le mariage programmé de la troisième amène sa conclusion.

La musique, comme chacun des éléments du film, est très élaborée, porte les émotions des personnages, mais aussi celles des spectateurs. Ozu gère à la perfection le spectateur, en lui présentant des conflits d'idées tout en lui laissant le soin de porter un jugement sur les actes ou idées des personnages. Tout est millimétré, on imagine une préparation du film peut-être d'une année, mais le résultat est naturel et fluide, et les deux heures de l'oeuvre, d'une forte densité d'images, de sons, de dialogues et d'idées, passent rapidement et sans ennui.



Des figures emblématiques populaires (balayeurs, serveurs,…) produisent des jugements simples et permettent d'accrocher un large public. Des plans fixes sophistiqués gèrent des placements ultra-précis et des déplacements latéraux ou dans le sens de la profondeur, créant des tableaux animés définis par des lignes verticales et horizontales, et des points de transition ou de rupture amenés par des figures en V. Fleurs d'équinoxe nécessite simplement une attention relativement soutenue du spectateur, et il est sans doute important d'être reposé pour l'apprécier à sa juste valeur…

De l'humour et des non-dits font progresser le récit : voir comment la japonaise âgée se rend aux toilettes de ses hôtes, et comment le chef d'entreprise la congédie poliment. Les plans situés en extérieurs (séquences ou simples images) et les sons venant du dehors (cabotage, machines) orientent et guident le spectateur. L'histoire, limpide et élaborée, drôle et grave, est déroulée de façon très terre à terre, tout en abordant des concepts existentiels : une oeuvre cinématographique parfaite, source de divertissement et de réflexion, on l'imagine, pour l'éternité…



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