Ruth… dont la descendance engendrera 1) un roi et 2) le Messie !… Rien ne présage d'autre qu'une banale histoire… s'il n'y avait ce détail qui apporte tout son sel au récit. Car en effet Ruth n'est rien de moins que… prêtresse vouée au culte des sacrifices humains !!! Là forcément se pose la question d'éthique et de savoir comment les scénaristes allaient se sortir des beaux draps du politiquement incorrect dans lesquels ils s'étaient fourrés. Avec un tel boulet, comment Ruth pourrait-elle survivre au temps pour assumer une pareille lignée ?
Enfant, elle reçoit un signe tangible du Ciel la sauvant du sacrifice; en même temps, elle n'a d'autre choix que de croire ce qu'on lui avait inculqué, à savoir l'honneur d'être choisie pour êre sacrifiée ! Sacrée contradiction en somme. Quelques personnages – le temps d'une présentation – trucidés plus tard, dans le brouillard de ses pensées confuses elle fuit en Judée pour y embrasser la foi en Jéhovah. On se dit alors qu'elle va y couler des jours paisibles et aura beaucoup de descendance… Son chemin en fait, nous ramène à des problèmes résolument d'actualité. À peine a-t-elle traversé la frontière, qu'elle découvre que décidément, violence et barbarie sont le lot commun aux deux côtés. Racisme, xénophobie et fanatisme religieux… Tout ça à affronter dès son arrivée dans sa nouvelle patrie. Mais on ne se trompera plus cette fois, en gageant que sa beauté l'aidera à venir à bout de tous les obstacles…
À noter…
Les costumes, les bijoux, les décors, les danses… Sans doute déjà vu cela ailleurs à trois tonalités près, mais on ne s'en lasse pas ! Même s'il manque peut-être un souffle épique dans la seconde moitié du film notamment, tous les critères du genre sont ici réunis dans le plus bel écrin du CinemaScope… Beau péplum, dont j'ignorais totalement l'existence. Alors mille mercis à celui ou celle qui a eu la bonne idée de lui faire une fiche !…
1960, Henry Koster avait déjà réalisé La tunique. Je n'ai pas souvenir que ce film ait "marché" très fort. Le sujet ? Les acteurs ? Il faudrait voir (ou revoir) le film. J'avouerai que je n'en connaissais même pas le titre avant qu'il ne paraisse en DVD…
Voilà un peplum sympatique qui manque sans doute d'ampleur épique et de passion (on n'est ni dans Samson et Dalila, ni dans Salomon et la reine de Saba)
…
Le scénario prend quelques libertés avec la Bible (il me semble que le mari que trouvera Ruth chez les Hébreux, Booz, est un vieillard dans le Livre Saint et pas un homme dans la force de l'âge… Me trompé-je ?)
Sans doute peut-on également être agacé par le manichéisme opposant les Hébreux, dépositaires de la vraie foi, et les païens, forcément bêtes et méchants adeptes de sacrifices humains ! De quoi oublier que la religion chrétienne puisa aussi bien dans la spiritualité égypto-gréco-romaine antique que dans l'Ancien testament hébreu pour réaliser une synthèse la plus accessible et universelle possible…
Mais enfin, Hollywood est Hollywood… Surtout dans les années 50 !
Et il est bien agréable de trouver en dvd de tels films. A quand une édition de Quo Vadis ? ou Samson et Dalila ?
Et le Salomé de William Dieterle
avec Rita Hayworth,
et Le fils prodigue,
somptueuse parabole biblique revue par Richard Thorpe
avec Lana Turner
en grande prêtresse du plaisir ? Des oeuvres autrement plus poigantes et mieux réussies que cette Histoire de Ruth,
mais invisibles en dvd…
et pour ces deux derniers films, pas même une fiche sur dvdtoile ! ! !
À l'approche des fêtes les films "spectacle épique" vont à nouveau défiler à la télé; les mêmes que beaucoup ont déjà en DVD ou les ont déjà vus dix fois sur les mêmes chaînes. (Mais on se surprend à les regarder quand-même pour être en communion avec des millions de gens, et par flemme de sortir le DVD de son boîtier). Des raretés pas du tout désagréables, elles, n'auront probablement pas les "honneurs" du "petit" écran ni l'occasion de se faire connaître en dehors des heures indues, et encore…
On peut voir sur le site anglophone d'amazon – "The story of Ruth" – une bonne moyenne de gens satisfaits de leur embarquement dans cette peinture des temps anciens. Quelques rares Américains en revanche, un peu conservateurs sur les angles et sur les bords, sont horrifiés que chaque virgule de la Bible n'ait point été respectée. Pour un peu, ils conseilleraient aux possesseurs du DVD de l'envoyer aux flammes de l'enfer !…
Les Écritures n'ayant mentionné ni l'enfance, ni l'adolescence de Ruth, on n'en sait en fait rien. Il a été quand-même génial de la part des scénaristes de l'imaginer en prêtresse, après une enfance à l'abri de tout souci matériel, mais marquée par un bourrage de crâne intensif. Si on devine que le rôle-titre ne peut décemment continuer à rester ce qu'elle est, on ignore encore comment, et c'est ce piment conducteur qui fait que l'on s'intéresse à son sort et à son parcours. Adoratrice d'un dieu qui réclame des sacrifices humains et ancêtre d'un roi, passe encore. Mais ascendante du Messie en personne !… Stuart Whitman/Boaz réussit encore à rendre folles les femmes de nos jours et jaloux leurs maris. Tout le monde semble oublier que l'image a tout de même 47 ans. C'est que le charme désuet agit encore…
En ce qui concerne les peplums hollywoodiens, souligons aussi la sortie chez "20th Century Fox Classics" de David et Bethsabée de Henry King avec Gregory Peck et Susan Hayward
(1951).
Hélas, comme pour le Salomé de Dieterle et Le fils prodigue de Thorpe, nulle fiche sur dvdtoile ne permet pour le moment d'en parler…
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