Nombreux films de l'après-guerre, au début des années 50, mettaient en avant l'honnéteté, le travail, la morale traditionnelle… en fait les "bons sentiments" !
L'un de ces films que je considère comme un petit bijou est "Le roi des camelots" et cela pour une raison majeure : le "casting" attribué à 2 comédiens pour qui les rôles leur vont comme un gant… Robert Lamoureux (sa première apparition) et Yves Deniaud.
On aime ou on n'aime pas R. Lamoureux, mais il faut reconnaître que sa gouaille et son verbiage sont utilisés au maximum dans ce film… Et puis la présence de Yves Deniaud, comédien effacé dont on ne parle pas assez !… Là aussi, son rôle de vieux camelot est un hommage à la profession…
J'ai un souvenir très précis de ce film où les joutes oratoires et le comique de "situation" sentaient bon la France !…
On regrettera qu'il n'y ait pas à ce jour d'édition DVD… Une vraie leçon de "communication" et de "marketing" pour les Jeunes, sans passer par des écoles de Commerce !…
Je vous suis de confiance, sans jamais avoir vu ce film, dont l'anecdote est pourtant bien alléchante !
Parmi les petits métiers disparus, qui faisaient l'animation des villes, il y avait cette scène, ce théâtre gratuit où des types au bagout étonnant captivaient leur auditoire et finissaient par vendre à des ménagères éblouies tout et n'importe quoi !
Et puis Robert Lamoureux, à ses débuts, valait bien mieux que les pantalonnades d'ami Bidasse de la Septième compagnie ! (Il est excellent dans Papa, maman, la bonne et moi (et la suite, Papa, maman, ma femme et moi) et interprète un remarquable Lupin dans Les Aventures d'Arsène Lupin de Jacques Becker et dans Signé Arsène Lupin d'Yves Robert. Douze ans de silence cinématographique, puis ce seront, donc, ces Septième Compagnie faiblardes à la pelle…
Quant à Yves Deniaud, physique fruste, grosse voix, il était une de ces trognes formidables dont on se régalait, dans cent films, l'excellent film de résistance Jéricho, d'Henri Calef, le Knock de Guy Lefranc, le personnage de Djibouti des Chiffonniers d'Emmaüs…
…..Il apparaît dans Cécile est morte de Maurice Tourneur, et je suis sur qu'il aurait fait un très persuasif Maigret…
Si ma mémoire ne me trahit pas, c'est lui qui "ouvre le bal" dans les toutes premières images de l'épopée Versaillaise du Maître : Si il croit que je ne l'ai pas reconnu, lui, avec sa poule au pot….-pense-t-il, goguenard, après avoir indiqué sa route à Henri IV.
Il n'y a guère (peut-être, car sa filmographie est pharaonique!) que cette Rose rouge voyageuse qu'il n'arrive pas à sauver…
Au fait, le titre du film ne doit dire grand-chose à ceux qui aujourd'hui ont moins de quarante ans : ces bateleurs gueulards, talentueux, sympathiques ne se rencontrent plus – et encore ! – qu'à la Foire de Paris où grâce à leur brio, leur bagout, leur talent d'improvisation, ils parviennent à retenir l'attention des badauds en leur vantant les effets d'une crème miraculeuse, d'engins stupéfiants qui permettront de nettoyer parquets et vitrages sans effort, d'ustensiles de cuisine sensationnellement voués à réaliser des repas de rois et bien d'autres choses permettant de réaliser des économies magnifiques.
Il y a encore quelques années on pouvait voir, sur les marché de province et sur le trottoir des grands magasins parisiens ces bonimenteurs qui émerveillaient les ménagères et les enfants qui les accompagnaient, en leur promettant de leur faire découvrir des plaisirs sublimes ; c'était assez rigolo, parce que les types avaient du talent, une façon de captiver leur auditoire, de la fasciner à un tel point que, même sans en être absolument dupe, on achetait pour trois francs, six sous un machin dont on n'avait aucun besoin et qui demeurerait bien rangé au fond d'un placard ; mais enfin, on s'était donné une certaine forme de plaisir. Une sociabilité sans agressivité : des Français qui parlaient aux Français, même de façon goguenarde, et n’étaient pas agressés par des gens venus de n’importe où qui ne comprennent pas notre esprit gallo-romain. Le jeune Robert (Lamoureux, évidemment), qui a perdu ses parents pendant la guerre et n'a pas pu poursuivre les études de Droit qu'il ait engagées, survit d'à peu près n'importe quoi : tour à tour homme-sandwich, distributeur de tracts publicitaires aux côtés de son pote de parcimonie La globule (Jean Carmet); il erre des Grands Boulevards à Belleville sans savoir où dormir ou dîner ; il est tenté de piquer un portefeuille qui s'offre à lui, dans une groupe happé par la faconde du camelot Raymond (Yves Deniaud), vieux roublard et brave homme qui lui sauve la mise et, touché de sympathie, lui donne vivre et couvert et surtout entreprend de lui confier les meilleurs trucs qui lui permettront de gagner honnêtement sa vie en vendant en plein air tout et n'importe quoi. On devine bien vite que le jeune blanc-bec se révèlera le plus doué des élèves de son mentor et qu'il engagera une grande carrière qui le conduira jusqu'à une situation très confortable au service d'un Consortium industriel ravi de voir ses produits écoulés à grande allure dans les rues de Paris.Se mêleront à ça les inévitables aventures sentimentales avec la prétentieuse Yvette (Lysiane Rey) ou la charmante Françoise (Colette Ripert) et l'intervention d'un salopard Léo (Robert Berri) demi-sel jaloux et fainéant qui voudra faire capoter cette belle ascension sociale. Il est inutile que je raconte dans le détail un film qui n'existe et séduit que par cette prise de vue de notre France parisienne de 1951, avec ses bonnes bouilles d'enfants espiègles, ses bistrots chaleureux, ses policiers compréhensifs et tant et tant d'autres choses qui n'avaient pas encore été remplacées.
Page générée en 0.0049 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter