Forum - Diva - Fossile moderniste
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Sujet : Fossile moderniste


De FREDDIE D., le 15 novembre 2007 à 13:32

Je crains la fossilisation, pour ce film considéré comme "moderne" à sa sortie, issu de l'esthétique publicitaire. Pas sûr que cette re-sortie redore le blason de Beineix.


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De starlight, le 15 novembre 2007 à 15:30
Note du film : 5/6

La réalité dépasse parfois la fiction, puisque le thème du film : "la violation des droits d'Auteur" se retrouve dans une procédure récente opposant le réalisateur J.Jacques Beineix à la société d'exploitation qui diffuse actuellement "Diva" sur le sol américain !…

En effet : la bande-son d'origine a été enrégistrée en "monophonie" et J.Jacques Beineix s'est opposé à toute manipulation technique permettant à l'arrivée une diffusion "stéréophonique"…

On pourra donc se demander s'il s'agit là d'une décision ciblée, ou si l'édition DVD attendue sera touchée par ce même interdit…

Ce film n'a donc pas fini de faire parler de lui… Déjà en 1981 le thème musical principal "Ebben" tiré de l'opéra "La Wally" de Catalani, a permis à Wilhelmenia Fernandez de faire une carrière internationale et la BO du film s'est vendue comme "des petits pains"… Ce qui, une fois de plus, prouve que la musique classique introduite à bon escient dans un support médiatique, arrive à toucher au coeur un grand nombre… Les exemples ne manquent pas… mais là n'est pas le sujet de ce débat…

Ce polar interlope suffit à lui seul à susciter un intérêt certain pour une réédition. Je pense que les générations actuelles n'ont pas toutes visionné ce film mythique.


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De Arca1943, le 16 novembre 2007 à 02:32
Note du film : 4/6

Ça vaut quand même la peine d'être vu. Qu'avec le recul, tout le ramdam autour de ce film ait été exagéré, que ça n'ait pas vraiment été le début d'une ère nouvelle comme certains alors le clamaient, ça ne change pas le fait que c'était de la belle ouvrage, intrigante et lyrique. La cantatrice n'est pas si bonne que ça, mais elle fait le job. Le traitement glacé et bleuté n'a plus le même pouvoir qu'à l'époque, mais c'est sans nul doute un cachet, un style. L'histoire aurait pu être mieux racontée et charpentée, mais il y a tellement de films français où l'intrigue est traitée comme un chose secondaire ou un prétexte qu'il serait injuste de s'acharner sur celui-ci en particulier ! Un petit classique reste un classique. Je suis bien content de l'avoir en VHS, avant qu'un DVD sorte au Québec.


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De Impétueux, le 18 septembre 2018 à 19:17
Note du film : 3/6

La mode étant précisément, selon la brillante expression du surbrillant Jean Cocteau, ce qui se démode, on ne s'étonnera pas qu'un film aussi ancré dans l'époque où il a été tourné – le début des clinquantes années 80 – à la fois ait laissé une trace réelle dans les mémoires et apparaisse à la revoyure comme un bibelot d'inanité sonore (et ça, c'est du Mallarmé ! Quels patronages !!!). En d'autres termes, on est surpris d'avoir assez aimé ça, quand ça a été projeté sur les écrans et un peu surpris de son absolue ringardise.

Ringardise qui n'est pas sans charmes, au demeurant : Diva est filmé de façon très décorative, sans doute trop systématique mais plaisante. Cinéma nocturne à grands pans de bleus multiples et de jaunes dorés éclatants, angles de prises de vue originaux, musique omniprésente.

Surtout capacité à choisir des décors qui demeurent en tête et restent certainement comme des plaisirs visuels dont on se souvient. Je ne parle pas des murs volontairement laissés à l'état lépreux du théâtre des Bouffes du Nord où le jeune postier Jules (Frédéric Andrei) capte sur son magnétophone Nagra la voix de la cantatrice Cynthia Hawkins (Wilhelmenia Fernandez) ; au fait, d'ailleurs, l'invraisemblance même de la situation ne paraît choquer personne, et pourtant comment imaginer que Jules soit le seul à avoir jamais pensé de réaliser un enregistrement pirate de Cynthia, qui se refuse à cette domestication de son talent, comment penser qu'un magnétophone, fût-il de qualité supérieure, puisse réaliser un enregistrement de qualité professionnelle alors que les toussotements des spectateurs et les bruits de froissement du vêtement dans quoi Jules a dissimulé son engin constituent autant de sons parasites… Enfin, bon…

Mais le loft immense où Gorodish (Richard Bohringer), silencieux, mystérieux, secret, hiératique est assis par terre devant un puzzle démesuré, pendant que l'Asiatique Alba (Thuy An Luu) arpente en patins à roulettes l'immensité du plateau nu et alors que l'étrange gadget – que l'on voyait, de fait, dans toutes les boutiques à la mode des galeries des Champs-Élysées – fait basculer ses fausses vagues du bleu le plus profond qui se puisse…. Tout ça ne s'oublie pas…

L'intrigue, en revanche, est d'une nigauderie insupportable. Cette histoire de cassettes audio différentes mais l'une et l'autre convoitées pour des raisons inavouables par des organismes malfaiteurs est à la fois d'une parfaite niaiserie et d'une complication fatigante. La substitution d'une valise pour une autre n'était certes pas le meilleur aspect du Frantic de Polanski mais donnait au moins un bon rythme. Dans Diva, on a l'impression que le récit enquiquine Beineix qui consacre tout son talent aux ambiances et à la caractérisation de personnages, dont il parvient toutefois mal à lier les destins. L'équipe de tueurs sadiques constituée par Gérard Darmon et (surtout !) Dominique Pinon est tout à fait fascinante et le personnage interprété par Richard Bohringer, dont on se demande qui il est, d'où il vient, ce qu'il veut, est une très belle création.

Mais cela posé, l'intrigue amoureuse entre le jeune postier Jules et la cantatrice est d'une parfaite niaiserie et l'intervention d'un flic pourri jusqu'à la moelle, Jean Saporta (Jacques Fabbri) pour faire avancer le récit est routinière et parfaitement ennuyeuse.

Curieux film, donc, curieuse persistance de la mémoire… Beineix entamait en fanfare une carrière vite essoufflée ; près de vingt ans qu'il n'a pas tourné après l'échec plat de Mortel transfert ; qu'est-ce qui restera de lui, à part le glaçant baroque 37°2 le matin, sorte de miracle de désespoir ?


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