Pas de post sur Seven ? Alors puisqu'on en est à parler de films de serial killer, j'apporte ma contribution (modeste mais sincère) à ce très grand film.
Contrairement aux autres films qui MONTRENT les meurtres, Fincher enregistre au contraitre les terribles séquelles de ceux-ci. A- t-on vu première scène plus macabre que celle ou Pitt et Freeman découvrent un cadavre obèse, qu'une lumière tremblotante arrache à l'obscurité ? Séquence plus choquante que la découverte d'un homme ligoté à son matelas, torturé pendant des mois ?
Fincher saisit la souffrance dans ce qu'elle a de plus pathétique, de plus irrémédiable.
Pitt n'a jamais été meilleur (sauf dans Kalifornia -ou il joue le rôle d'un serial killer- et dans Fight Club), Freeman est égal à lui même, Spacey donne une des images définitives du mal à l'état pur ( avec celle de Verbal Kint, alias… vous savez qui, dans Usual suspects).
Jean Tulard, dans le dictionnaire du cinéma, dit qu'"aucun film n'a jamais tenu en haleine le spectateur comme Seven
dans ses 20 dernières minutes", et en effet le dénouement, arrivant après un suspense insoutenable, fait l'effet d'une douche -très- froide.
La qualité et la popularité du film se mesurent à l'aune de ses nombreuses imitations.
Si Le Collectionneur de Gary Fleder (dernieres heures a denver), dans lequel Freeman reprend son propre rôle est honnête, Le masque de l'araignée est tellement désastreux qu'il frise la parodie involontaire…
Enfin il faut absolument avoir Résurrection de Mulcahy avec Connor Mc Leod dans le rôle principal, film qui érige la connerie cinématographique en oeuvre d'art…
Il me semble que nous avons aussi droit à quelque chose de pas mal avec Christopher Lambert… Mais je ne saurai dire quel film. C'est néanmoins bien là le grand problème : un film sort de l'ordinaire et brusquement nous avons droit à des copies qui se veulent être plus spectaculaires et qui aboutissent à n'être que de pâles copies bien tristes !
Grand thriller des années 90 où l'on remarque une exigence bien trop rare dans le ciné américain: Morgan Freeman et même Brad Pitt sont excellents. Le générique est digne du Saul Bass
de la grande époque.Le scénario basique traîne pourtant sa logique impacable jusqu'au terribe dénouement.
Comme "Le silence des agneaux", un film découvert en vhs et qui m'a scotché comme rarement…mais j'ai n'ai jamais été tenté de le revoir.
Ce grand exercice de manipulation du spectateur marche-t-il à une deuxième vision ??
Seuls défauts: une esthétique brillante mais un peu chichiteuse.
Et surtout, comme celà a été mentionné précédemment, ce film -dont une suite est impensable- a engendré enormément de plagiats débiles: Les rivières pourpres, Résurrection
avec Christophe Lambert
entre autres..
Oui, Verdun, le film marche très bien à la seconde vision. Certains détails deviennent encore plus frappants, des interrogations trouvent une réponse. Par exemple, lorsque John Doe se fait volontairement arrêter, sa chemise blanche est maculée de sang. Lors de la deuxième vision, on comprend immédiatement qu'il s'agit du sang de la femme de Pitt, et le dénouement en devient encore plus terrible… C'est vrai que la mise en scène est sophistiquée, mais quelle virtuosité! Fincher fait oeuvre d'artiste, il enlumine la souffrance pour faire ressortir sa cruauté.
Verdun : sans te vexer, pour résurrection, c'est l'affiche d'Alien 4 qui apparaît – tu aurais donc une rectification à effectuer en matière d'illustration…
En ce qui me concerne, je serai un peu plus réservé sachant que ce genre de film m'agace et semblerait, à mon sens, vouloir aller au-delà du réel dans la mesure où le scénario accumule par plaisir les pires horreurs. Le film est bien fait. L'ambiance est particulière, mais tous les poncifs semblent là, au garde-à-vous, prêts à servir. Et cette ambiance se renforce avec la femme de Brad Pitt vers qui, dès son apparition, toute l'horreur va se concentrer.
On serait à l'inverse de l'héroïne de Titanic vers qui tout va également se concentrer pour qu'elle s'en sorte ! Ce genre de personnage me fait par trop roman…
Il est évident que Seven – comme TOUS les grands films – est encore plus intéressant lors d'une seconde, voire troisième vision, à condition de les espacer. Elles m'ont permis de suivre quelques pistes de réflexion qu'une première découverte du film ne m'avait pas suggérées.
Le générique énumère les indices auxquels le film donnera un sens : machine à écrire, lames de rasoir qui détache la peau des doigts, journal sur lequel une écriture fine trace des mots, photos que l'on découpe pour en illustrer le texte, aiguille qui sert à relier les feuilles manuscrites, mots extraits des journaux et réutilisés, morceaux de pellicule, etc. Cet assemblage peut évoquer une mise en abyme qui renvoie à la fabrication filmique elle-même : mots du scénario, images et assemblage du tout en un montage dont le film à venir développera le sens.
Par ailleurs, la composition du film (pré-générique / générique / lundi /mardi /mardi / mercredi / jeudi / vendredi / samedi / dimanche / générique de fin) renforce la démarche religieuse de l'assassin dans la mesure où elle retranscrit la création biblique du monde en six jours par Dieu. On notera que le septième jour (dies dominicae ou jour de Dieu ou dimanche ou jour de repos) est précisément choisi par John Doe pour exercer son ultime châtiment (punition simultanée de l'Envie et de la Colère) tout en se consacrant prophète et nouveau Messie (son action et son sacrifice font de lui un martyr qui servira d'exemple). Comme il le confie aux inspecteurs au cours de la scène finale, « Le monde est fait de péchés et on le tolère parce que c'est fréquent. Mais cela est fini. On va disséquer ce que j'ai fait et on va le suivre pour toujours. »
Est-il possible, enfin, de créditer Fincher d'un beau sens de l'à-propos précurseur – il y a dix ans ! – par cette évocation particulière des ravages d'une vision religieuse fanatique pour ce qui est du traitement des problèmes moraux et sociaux qui se posent dans les sociétés urbaines modernes et dont l'actualité nous offre quotidiennement maints exemples ? Le générique de fin – monté à l'envers – ne signifie-t-il pas tout autant retour en arrière que retour au point de départ ?… Le film s'achève sur un constat amer empreint d'un pessimisme lucide : corrigeant Hemingway, Somerset ne croit pas que le monde est beau, mais pense qu'il mérite qu'on se batte pour lui et précise à son supérieur que, malgré sa retraite, « Je resterai dans les parages / I shall be around ». Autrement dit, Somerset reste concerné et prêt à rendre service. Une conclusion, curieusement, qui fait penser à l'éthique du Docteur Rieux, dans le roman d'Albert Camus (La Peste), pour qui le devoir de l'être humain passe par la nécessaire solidarité avec les autres et la conscience aiguë que si l'on peut diminuer « arithmétiquement » le Mal, il n'est pas pensable de le supprimer.
"Long is the way, and hard, that out of hell leads up to light. / Longue est la route. Et ardue qui, de l'Enfer, monte vers la Lumière." (Milton, Lost Paradise'')
Ami Gaulhenrix, l'intelligence de votre texte, et sa profonde résonance me donnent envie de voir ce film dont j'avoue que je n'avais jamais entendu parler, ou plutôt dont je croyais que c'était une de ces multiples et banales adaptations gore insignifiantes qui font florès sur les écrans d'Outre-Atlantique…
Il est vrai que je suis toujours surpris de constater que le Nouveau monde peut aussi penser et pas simplement donner de belles images…
Salut, Impétueux ! Il y a beaucoup à dire encore sur ce film, mais j'attendrai que vous l'ayez vu pour compléter de façon plus approfondie l'analyse.
j'ai revu sevenet le rejette : il est glauque du début jusqu'à la fin d'autant qu'en connaissant la chute j'ai eu une nette sensation de remplissage et qu'on ne se passionne pour aucun personnage."somerset" malgré sa grande intelligence n'attire aucune sympathie quant au couple Pitt Palthrow ils apparaissent trop superficiels pour que l'on puisse éprouver un quelconque sentiment à son égard (elle a besoin d'un père qui vienne la chouchouter…)
Me revient en tête l'histoire d'un tueur baroque, L'Abominable dr Phibes de Robert Fuest
où le héros (Vincent Price)
, pour venger sa femme morte lors d'une opération, se venge des chirurgiens incompétents en faisant pleuvoir les dix plaies d'Égypte (Exode 7-12). En s'appuyant sur l'enseignement de Saint Thomas d'Aquin dans la Somme théologique, qui systématisa l'enseignement traditionnel des Pères de l'Église, Seven
utilise les Sept péchés capitaux. Et cela avec une redoutable habileté.
Après coup, bien sûr, on repense aux procédés employés par David Fincher, qui sont éprouvés, efficaces, parfois un peu faciles. Ainsi la disparité des vies et des caractères des deux policiers lancés à la recherche du tueur, William Somerset (Morgan Freeman)
, vieux matou noir célibataire et lettré qui s'apprête à partir à la retraite et David Mills (Brad Pitt)
, jeune bouillant inspecteur qui vient remplacer l'ancien, heureux époux de la charmante Tracy (Gwyneth Paltrow)
; vieux contraste qui est si éculé qu'on s'étonnerait presque qu'il fonctionne aussi bien.
Une fois qu'on a admis tout ceci, que David Fincher présente avec un grand talent, on est ravi. C'était donc son deuxième film et ça montrait en tout cas un beau talent de raconteur d'histoires. Davantage, je ne crois pas, mais c'est déjà très bien de ne pas s'ennuyer devant un film au propos un peu convenu.
"Voyez-vous Messieurs, je ne vous comprendrais jamais. Regardez tous ces livres autour de vous. Une mine de connaissances à la portée de vos mains et vous qu’est-ce que vous faites, vous jouez au poker toute la nuit. On sait ce qu’il faut savoir nous, on sait qu’on ne sait rien".
Il restera malgré leurs souffrances insoutenables la pire des choses pour certains paresseux, envieux luxurieux, convoiteurs et colériques tombés malencontreusement sous la coupe d’un juge itinérant diaboliquement méticuleux, imposant jusqu'à l’extrême dans un temps infini les châtiments les plus atroces.
Celle de la découverte de l’enfer du Florentin, le vrai, celui sous nos pieds, dont une ville sombre et pluvieuse représente de plus en plus la réplique.
Dont les convulsions malsaines entretiennent la désillusion et la fougue désordonnée entre un vieux coq sur le départ et un jeune loup pièces maitresses d’un jeu dont ils enrichissent le déroulement par leurs investigations.
Dante en surface, gendarmes et voleurs dans un même scénario avec Minos aux commandes se délectant du comportement terrifiés ou aigris de tous ces pions torturés ou manipulés avec mépris et détermination avant de quémander dans la sérénité la plus profonde son trépas une fois son grand œuvre terminé.
Une fin de siècle extrêmement calorique ceci dans le mauvais sens du terme ou il ne reste plus qu’une seule chose à faire, fuir le plus loin possible.
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