On ne compte plus les adaptations du roman de Pierre Louys, dont la meilleure est sans doute "Cet obscur objet du désir", mais celle de Duvivier, sans être un de ses meilleurs films est loin d'être négligeable avec ses décors espagnols naturels des années 50, ses scènes prises sur le vif, sa couleur gaie et une Brigitte Bardot dans toute sa beauté ! sans oublier les excellents seconds rôles de Michel Roux, Jess Hahn, etc.
Oui, je suis fan également – un produit de qualité pour le grand public avec Bardot en anti-femme fatale (Marlene Dietrich)et une vision plus crue, plus réaliste de la séduction amoureuse, avec bien moins d'académisme qu'on ne pourrait le croire. Et puis, les scènes d'ouverture sont dignes de Tintin et Dubout, non?
Si Brigitte Bardot revoit ce film aujourd'hui, elle ne doit pas se reconnaître. Dans l'Espagne traditionnelle des corridas et de la tauromachie Eva Marchand (Brigitte Bardot) assiste à la sélection des jeunes taureaux soumis à la lance du picador. Eva porte la jolie robe jaune que lui a offert Mattéo Dias. Eva semble apprécier les danses andalouses et cet Espagne dont Mattéo Dias en est le symbole en tant qu'éleveur de taureaux.
Brigitte Bardot aurait-elle imaginé alors qu'un jour elle prendrait la défense des animaux ?
A cet époque le sort des hommes semblait l'émouvoir puisqu'Eva quitta son père en apprenant qu'il avait dénoncé quelqu'un sous l'occupation nazie et que cela eu pour conséquence sa déportation à Auschwitz.
Ce sont ces personnages-là qui donnent un peu d'intérêt à un film décevant, visiblement expédié par son réalisateur comme un devoir de vacances. La production a imposé la couleur et le Cinémascope, ce que Duvivier ne souhaitait pas ; il s'en sert comme il pouvait, grand technicien, grand cinéaste se servir de tout. Mais cela ne suffit pas évidemment.
Brigitte Bardot, tout aussi évidemment est une sorte de scandale charnel vivant : il n'y a pas une séquence où elle n'impose son animalité brute ; je dirais même brutale et dès qu'elle apparaît, dès qu'elle danse, dès qu'elle bouge, on comprend qu'elle ravage le paysage ; ce qui est ennuyeux, c'est qu'il lui faut aussi parler, donner des répliques, finalement jouer la comédie ; et à ces moments la nullité de son talent de comédienne éclate vivement. En face d'elle, l'hidalgo richissime Mattéo Diaz (Antonio Vilar) n'imprime guère, mais fait correctement le job ; une mention pour sa femme Maria Teresa (Espanita Cortez), très belle, très haute, indulgente, prête à accepter les passades de son mari, mais point son avilissement.Cela étant, le film se traîne et lasse souvent : on voit que Duvivier s'y ennuie un peu. Nous aussi : c'est cela qui est grave.
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