Citation de Pierre Desprosges :
Vous savez il faut être sincère je crois que vraiment que Madame Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries… Elle en a filmé aussi !
La preuve avec ce Indian Song nullisimme.
J’ai choisi une autre œuvre où les deux grands comédiens jouaient ensemble et comme je nourris en ce moment, allez savoir pourquoi, une forme de masochisme cinématographique, je me suis projeté, après un très mauvais Fernandel, (L’acrobate)
, et un pire (forcément pire !] Godard,
(One + One)
, je me suis projeté donc India song
de Marguerite Duras.
Diable !
Et naturellement moins encore les films que Marguerite Duras avait elle-même réalisés et dont Desproges
(toujours !) disait qu’elle ''n’a pas écrit que des conneries : elle en a aussi tourné’’. Ni La Musica
(1967), ni Détruire, dit-elle
(1969), ni Des journées entières dans les arbres
(1977).
Que je sois un peu honnête, pour une fois et que je déroge à ma pratique de donner une note en fonction du plaisir que j’ai ressenti et non en fonction de critères cinéphiliques fumeux : je vais mettre presque la moyenne. Et cela parce que je peux comprendre que, surtout si l’on voit le film en salle, on puisse être saisi, fasciné, presque hypnotisé par le côté absolument artificiel, hiératique, guindé, terriblement extérieur dispensé à l’envi et de façon très volontaire. Le choix du décalage absolu entre l’image et la voix, la désynchronisation qui aboutit, disait la réalisatrice à ce qu’il y ait un film des voix et un film des images fait partie de ces expérimentations qui, je le conçois, peuvent intéresser peut-être sidérer… à condition qu’elles ne durent pas deux heures d’horloge.
Car je peux aussi tout à fait admettre (et en fait c’est là ma propre opinion) que ce parti-pris puisse paraître insupportable, bourrelé de prétention et fondamentalement ennuyeux. Une sorte de méprisante hystérie de l’’’entre-soi’’, où, avec beaucoup de morgue, on se réserve le plaisir de private-jokes qu’on veut bien admettre à proposer au ‘’vulgum pecus’’ mais pas davantage.On aurait bien du mal à narrer l’intrigue d’India song si on pensait qu’il vaut la peine de le faire : évocation lors d’une soirée, d’une femme disparue, Anne-Marie Stretter (Delphine Seyrig)
, jadis épouse de l’Ambassadeur de France qui a été chérie, aimée, désirée par des hommes très différents, et surtout par le vice-consul à Lahore (Michael Lonsdale)
en disgrâce administrative, qui pleure, crie, beugle son désespoir de n’être pas aimé.
Tout un imaginaire qui n’est, comme Delphine Seyrig le dit de l’Inde, ni pénible, ni agréable, ni facile, ni difficile : ce n’est rien.
On ne saurait mieux caractériser ce cinéma-là.
J'ai plusieurs fois essayé de voir ce India Song, que je possède en DVD, mais je n'ai jamais pu aller au bout, notamment en raison de ce choix du décalage absolu entre l’image et la voix que vous évoquez.
Et pourtant c'est le plus mythique des films réalisés par Marguerite Duras grâce à son casting prestigieux et, surtout, à la musique de Carlos D'Alessio.
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