Duvivier et Gabin,
exilés aux U.S.A., pour un film exaltant l'héroïsme guerrier ? Je suis inquiet… Méfiant, même…
Impétueux, votre avis là-dessus ?
Je n'ai pas vu cette rareté ! Si j'en crois l'annonce portée sur le film "sortie le 25 septembre" ce n'est qu'à la rentrée que je pourrai me faire une opinion (je ne pense pas qu'il s'agisse du 25 septembre de l'an dernier ?)
Il est vrai que les cinéastes français exilés à Hollywood, dès avant (René Clair) ou pendant la Guerre (Jean Renoir)
n'ont pas donné, dans cette atmosphère spéciale, le meilleur d'eux-mêmes. D'ailleurs si cet Imposteur
était d'excellente cuvée, ça se saurait ! (Au grand désespoir de mes illusions juvéniles, je crains de devoir confirmer qu'il y a peu de chefs-d'œuvre inconnus, ou sous-estimés !)
Mais je sais aussi que j'achèterai, parce que la mention du seul nom de Duvivier me fait saliver, ce qui m'a conduit à pieusement regarder les piteuses dernières œuvres, Chair de poule
ou Diaboliquement votre
où il n'y a plus grand chose de reconnaissable de l'auteur de La belle équipe
et de La fin du jour
…
Ah, que c'est bon, un vrai film de propagande et d'illustration des vertus, lorsque la cause le mérite ! Tout au long de ce film de 1943, réalisé aux Etats-Unis, j'ai vibré de ferveur patriotique, en vieux gaulliste inconsolable, et j'ai trouvé ça très beau, très noble, très bien.
La France, en 1943, il faut bien reconnaître que ce n'est plus grand chose, à part une voix qui parle aux Français depuis Londres et quelques héros unis par le serment de Koufra du 1er mars 1941, proposé par celui qui n'est encore que le colonel Leclerc de Hautecloque : Je jure de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg.
L'immense mérite du film de Duvivier,Certes, mais ça, qui est l'écume des choses, n'est pas le plus intéressant, même si c'est, comme toujours chez Duvivier diablement efficace ; le plus intéressant, c'est la destinée de ces soldats de fortune, l'un employé de banque à Lyon, l'autre acteur de seconde zone à Paris, un autre paysan normand, qui refusent la défaite et, en juin 40, s'embarquent pour l'Afrique afin de continuer le combat.
Hagiographie dépassée, ricaneront ceux qui n'imaginent pas une seule seconde que tous les Français n'aient pas été trafiquants de marché noir, dénonciateurs de Juifs, ou collabos hystériques… Et pourtant, qu'on le veuille ou non, la 2ème DB a été constituée de ces patriotes-là, ainsi que de nombreux coloniaux et de Pieds noirs…
Revenons au cinéma (je m'exalte, je m'exalte, je sais !) : DuvivierL'imposteur n'est ni Pépé le Moko,
ni La belle équipe,
ni La fin du jour,
ni tant d'autres chefs-d'œuvre, mais il serait absurde de ne lui allouer que la médaille du mérite d'un beau combat : c'est un bon film, passionnant, bien interprété, vigoureux, intelligent. Un Duvivier
de qualité, si tant est que ces termes ne soient pas pléonastiques..
Cet "imposteur" montre la nette volonté de racheter son crime, il accepte la justice des hommes, mais veut choisir sa fin, et dans un dernier élan de courage, offre sa vie a sa patrie,"imposteur" peut-être, mais homme d'honneur certainement.
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