Si le premier épisode prenait agréablement son temps sur les personnages alors que le second développait scènes de batailles après scènes de batailles (oubliant même un peu Frodon), le troisième opus réussit le pari de maintenir à égalité le travail sur les personnages et les scènes d'actions.
Les personnages trouvent ici tous leurs aboutissements, se trouvant confrontés à leur ligne d'ombre comme dirait Conrad, une épreuve, un moment qui va éclairer ce qu'ils sont réellement. Bien évidemment chacun va représenter une variation du thème principal de la trilogie (et qu'incarne l'anneau) à savoir le pouvoir.
Un chevalier sans terre va accepter de devenir un roi, une immortelle à perdre son immortalité et la compagnie des siens, une amoureuse à perdre celui qu'elle aime et faire acte d'un courage sans commune mesure, et bien sûr Frodon va être confronté à la nécessité d'abandonner l'enivrant pouvoir. Même Gandalf va apprendre que son pouvoir est limité, devoir laisser à un autre gérer la lutter contre les forces maléfiques.L'action est également au rendez-vous avec un courage véritable de la part de Peter Jackson. Après la jubilation des scènes d'actions tournés pour le deuxième volet, il a le courage en effet de ne pas céder à la surenchère. Un seul combat dans ce film, mais un combat de taille, beaucoup plus stylisé que ce qu'on a vu jusque là. On retrouve même à plusieurs égards certains aspects rappelant l'Eisenstein de Ivan le Terrible.
La gestion des plans larges est particulièrement impressionnant, tout comme l'abstraction qu'il manie quand il utilise un personnage pivot (le gouverneur fou en l'occurrence) pour offrir un point de vue à l'action.Peter Jackson prend son temps et on l'en remerciera. C'est le cas notamment de la résolution, souvent expédiée dans les films américains. Ici, il nous offre ce joli cadeau de rester un peu plus longtemps avec les personnages une fois que tout est fini. Un vrai régal.
Encore merci monsieur Jackson…
Toutes les personnes ayant vu ce film dans mon entourage aboutissent à cette même conclusion: malgré sa durée énorme, on n'a pas le temps de s'ennuyer devant ce film. Les paysages et décors sont superbes, l'action jubilatoire, les personnages profonds et attachants… Il ne reste plus qu'à patienter quelques mois pour découvrir une version longue en dvd, qui apportera certainement une richesse supplèmentaire et surtout, on y retrouvera Saroumane (Christopher Lee relit cette fresque tous les ans!!!) qui était absent de cette version cinéma.
Nous pourrons toujours avoir le plaisir de retrouver Christopher Lee dans la version longue de ce même et dernier épisode d'une trilogie que j'aurai adorée de bout en bout. Encore merci et bravo à toute l'équipe des trois films. C'était un travail que l'on pensait impossible mais un petit homme qui n'avait pourtant pas de véritables chefs-d’œuvre derrière lui, a réussi a donné vie à la plus grande épopée jamais réalisée. Franchement BRAVO!!!!
J'avais conservé de la projection et d'une première vision DVD le souvenir que ce troisième volet de la série était du niveau du premier, La communauté de l'anneau et meilleur que le deuxième, Les deux tours. Nouveau regard, ou lassitude ? J'ai trouvé que c'était un peu long et dispersé et ma note chiffrée s'en ressent.
Un peu long ? Oui, 201 minutes contre 180 pour les autres ; ce n'est pas énorme mais ça se ressent. Et surtout dispersé, éparpillé entre plusieurs intrigues qui ne se rejoignent qu'à la fin ; c'est un reproche qu'on pouvait, évidemment, faire aux Deux tours, mais qui me semble plus approprié encore pour Le retour du Roi. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas d'intérêt à faire alterner les images diurnes violentes du siège et de la défense acharnée de Minas Tirith aux côtés de Gandalf (Ian McKellen) et de Pippin (Billy Boyd) et les images nocturnes et angoissantes du long cheminement de Frodon (Elijah Wood) et de Sam (Sean Astin) sous la conduite vicieuse de Gollum (Andy Serkis). Mais à un moment donné, tout éclate en feu d'artifice dont on n'a qu'à peine le temps de saisir les éclats : en même temps que le Gondor combat contre les armées de Sauron, l'Intendant Denethor (John Noble) fait préparer le bûcher de son fils Faramir (David Wenham), les cavaliers du Rohan se rassemblent et Frodon est paralysé par l'araignée géante. L'attention saute sans trop de difficulté des uns aux autres, mais on voit la trame du procédé. Plus de neuf heures de film en version cinéma, des élagages nombreux et nécessaires (Tom Bombadil) mais malgré tout Peter Jackson ne parvient pas à caser tout le matériel qu'il a en magasin. Comme il était difficile d'adapter en tétralogie la trilogie de Tolkien, il a multiplié les ellipses, rendant souvent mal compréhensibles certains épisodes. Il est vraisemblable que les versions longues disponibles éclairent certains aspects un peu obscurs, mais enfin les trois films étaient tout de même essentiellement destinés à la projection dans les cinémas, les scènes retranchées ne devant pas impacter trop profondément le déroulement du récit. Et dans l'ultime film de la série, Jackson doit caser tout ce qui reste. D'où la durée, d'où les scènes qui n'ont pas trop de rapport avec la chair du film (par exemple l'histoire d'amour entre Aragorn et Arwen (Liv Tyler) qui apparaît comme un raccroc), d'où l'impression de fourre-tout que donne Le retour du Roi.Cela dit, c'est tout de même magnifique, d'une inventivité visuelle confondante, d'une virtuosité dont il n'y a pas beaucoup d'exemples, souvent d'une immense beauté (la demeure des Elfes, la cité de Minas Tirith et, d'une certaine façon, la montagne venteuse maléfique). Et puis la noblesse des relations humaines entre les personnages, la beauté de la pensée de Tolkien sur la légitimité, le respect des serments, la foi vouée. Aragorn est sacré, religieusement, par Gandalf : Oint du seigneur, il devient l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre. On se croirait à Reims, au baptême de Clovis, en 496…
C’est amusant comme chacun voit midi à sa porte. Je n’aurais jamais pensé à comparer Gandalf et Aragorn à Saint Rémi et Clovis, tant il parait évident que l’univers de la Terre du Milieu décrit par Tolkien relève du merveilleux mythologique du monde pré-chrétien.
Les Hobbits, Elfes et Nains y sont des esprits de la Nature au même titre que les Faunes, Fées, Nymphes et Lutins d’autrefois. On pourrait écrire un livre entier sur les emprunts aux mythes gréco-romains, celtiques, nordiques, chamans etc dont ces histoires sont remplies. Le personnage de Galadriel renvoie au Féminin Sacré des Anciens, aux déesses sylvestres telles Diane Artémis, ou aux puissantes enchanteresses telles Circé. Lorsque le Grand Aigle intervient pour sauver Frodon et l’enlève dans les airs, la scène est une citation à l’identique des multiples représentations du rapt de Ganymède par Zeus ayant pris la forme de son animal totem depuis plus de 3000 ans (et encore chantée par Barbara in n’y a pas si longtemps).
Quant aux magiciens tels Gandalf, ils sont tout ce que le monothéisme a pourchassé pendant des siècles : c’est-à-dire des sages érudits dans l’art d’user des forces de la Nature comme d’une magie primordiale, tout en la respectant. Le rapport de Gandalf à Aragorn est d’ailleurs ouvertement calqué sur le rôle du druide (tel Merlin) auprès du roi celtique. C’est un monde merveilleux de diversité et de magie, tout le contraire d’un modèle de vie unique imposé par les dogmes d’une croyance indiscutable et imposée.
Ainsi, si certains retrouvent dans cet univers la trace de saints chrétiens, il me semble que cela ne tient pas à quelque spécificité du Christianisme mais plutôt à ses nombreuses récupérations du symbolisme des spiritualités antérieures dont il s’est avidement nourri…
Pourtant, il est vrai que le départ des Elfes et des Magiciens vers les Havres Gris pour laisser le monde connu à la domination des Humains rappelle le changement d’époque mélancoliquement décrit par Merlin dans Excalibur : « Les temps sont comptés pour les êtres de notre espèce. Déjà le dieu unique remplace les divinités multiples… Les esprits des forêts et des rivières s’enfoncent dans le silence… C’est l’avènement des Hommes et de leur univers… »
Une scène coupée de la version cinéma du premier film de la trilogie du Seigneur des anneaux (mais visible dans la version longue) montre d’ailleurs une procession d’Elfes quittant la Terre du Milieu en chantant une mélopée d’une beauté et d’une tristesse poignantes. Les Hobbits en les croisant en ont les larmes aux yeux, pressentant une perte inéluctable et irréparable. Un désenchantement du monde…
Vous avez raison, DelaNuit, chacun voit midi à sa porte. Cela étant, je ne crois pas que vous puissiez ignorer que Tolkien était un fervent catholique, un peu intégriste même. Il n'est pas impossible qu'il ait voulu dans sa trilogie, dresser une parabole : le monde ancien est achevé, va commencer, sur toute la terre, l'enseignement du Christ. D'où mon allusion au baptême de Clovis, baptême de la France….
Arrêtons là dessus, si vous voulez bien. La trilogie mise en images par Jackson est une oeuvre souvent remarquable… Je n'en dirais évidemment pas autant pour les aventures de Bilbo qui, outre l'envahissement d'effets spéciaux fatigants à la longue, souffre d'une totale insuffisance de scénario…
Il est effectivement intéressant de constater comme un bon chrétien comme Tolkien a éprouvé le besoin de se plonger dans un monde profondément païen… De même que des générations de papes n'ont pu s'empêcher de collectionner pendant des siècles les statues des anciens dieux et déesses, au point que les musées du Vatican en regorgent… Il semblerait qu'un certain nombre de bons croyants ne puissent vivre sans une certaine nostalgie de cet ancien monde… A croire que la nouvelle religion, malgré sa prétention à l'universalité, ne puisse occuper tous les terrains. En tout cas je vous rejoins sur un point : pas de nostalgie pour la seconde trilogie, gonflée aux effets spéciaux, qui n'arrive pas à la cheville de la première.
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