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Forum : On achève bien les chevaux

Sujet : Situation révoltante et sans échappatoire


De Arca1943, le 20 juin 2007 à 06:00
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Dans ces mêmes années il y avait The Rain People, Midnight Cowboy, I Walk the Line, Five Easy Pieces, Fat City, Thieves Like Us, Badlands, Scarecrow, et même d'autres un cran en dessous qui valaient quand même la peine comme Oklahoma Crude ou Lolly-Madonna. Des films âpres, sans enjolivures ni fin rassurante, marqués par un sens de l'observation humaine et un souci de vraisemblance qui s'est fait bien rare depuis. (Et qui rencontraient le plus souvent le goût des spectateurs d'alors). Bien sûr, on peut qualifier de "réalistes" des films américains qui se sont faits bien avant ceux-là (The Best Years of Our Lives, On the Waterfront, et nommez-en…) et d'autres qui sont venus après (Million Dollar Baby, par exemple). N'empêche, ce tournant des années 60-70 marque une sorte d'apogée. Et quelque part parmi les sommets de cette chaîne de montagnes, il y a On achève bien les chevaux, le chef-d'oeuvre de Sydney Pollack.

Moi qui trouve souvent Jane Fonda un peu surfaite, un peu "too much", là par contre elle m'a carrément soufflé. Quelle performance, quel sens de la nuance et du non dit. Susannah York est sensationnelle mais ça ne m'avait pas surpris car je l'avais vue auparavant dans Images. Les jeunots Bruce Dern et Bonnie Bedelia sont parfaits. Les vétérans Gig Young (futur assassin, mais passons) et Red Buttons aussi.

Hollywood a rarement accouché d'un film aussi sombre, un film sur une situation à la fois révoltante et sans échappatoire. C'est l'époque qui voulait ça et comme je l'ai dit, les spectateurs d'alors suivaient. La mise en scène de Sydney Pollack – ainsi qu'un art raffiné du montage – rendent passionnant un sujet qui courait le risque d'apparaître monotone : comment filmer un marathon de danse ? On est dans un lieu unique, les personnages font et refont les mêmes mouvements pendant des centaines d'heures. Mais en même temps, les gens qui se retrouvent là sont comme un microcosme des sinistrés de la grande crise de 1929. Il y a là une métaphore éloquente qui donne tout son sens au film et Pollack a trouvé les bonnes solutions pour la faire passer sans insistance indue. Le passage du temps dans ce film est un spectacle en soi. Tout en gardant Fonda et Sarrazin au centre du show, il a construit un film choral et les scénaristes ont d'ailleurs ajouté des personnages au roman d'Horace McCoy – notamment celui de Susannah York, qui y pique une crise mémorable.

Bref, c'est un sacré film, savamment rythmé, porté par une équipe de comédiens en état de grâce. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, le sens du titre va s'éclairer dans les toutes dernières scènes…


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De PM Jarriq, le 20 juin 2007 à 08:22
Note du film : 6/6

Sacré film, oui, sorti uniquement dans une copie immonde en 4/3. Pourtant, même aux U.S.A., le film de Pollack n'est pas considéré comme une oeuvre mineure.

Alors, un effort !!!


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De Impétueux, le 7 juin 2009 à 18:51
Note du film : 5/6

Copie immonde, pisseuse, ainsi qu'il est dit ici et là, nantie, qui plus est de la seule VF et d'un son peu audible, surtout lorsque Jane Fonda – qui s'est sans doute post-synchronisée – s'exprime…

Copie immonde, mais film d'une force remarquable, et d'une tension qui ne fléchit jamais alors que, comme le remarque très justement Arca, le cadre restreint de la salle de bal et de ses seuls vestiaires, la répétitivité forcée des épisodes dansants auraient pu lasser. Il n'en est vraiment rien, sans doute grâce à la grande force de l'histoire et au talent de Sydney Pollack.

Dès le début, sur des images idéalisées d'une verte campagne où courent un grand cheval libre et le jeune Robert (Michael Sarrazin) dans une musique rêveuse, tendre, nostalgique comme un paradis perdu, et qui est l'adaptation de Easy come, easy go qui sera comme le leitmotiv de tout le film, dès le début, avec l'accident du cheval alors abattu les larmes aux yeux par le père de Michael, on voit bien que tout ça ne peut que se terminer effroyablement mal. Les ponctuations régulières insérées dans le cours du film, qui montrent Michael interrogé par la police accentuent encore cette volonté de donner à voir un mauvais rêve.

Terrible violence sous les paillettes d'un dancing minable, public affreux qui s'esclaffe aux gras boniments de l'organisateur (Gig Young, absolument remarquable de veulerie), mais pleurniche sentimentalement lorsque la jeune femme enceinte (Bonnie Bedelia) chante une romance douce, terribles évidences du show : Les gens veulent voir le spectacle de la misère ; ça les aide à mieux supporter la leur.

Terrible film, qui, sans doute, montre la force de la Crise qui ravageait l'Amérique en 1932, mais aussi, et au moins autant durement qui pointe le doigt sur les rêveries et mirages qui se sont emparés des têtes et les font tourner au seul nom d'Hollywood…


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De Frydman Charles, le 12 octobre 2009 à 05:28

On se demande pourquoi les chevaux veulent absolument gagner les courses , quelquefois au prix de leur vie ? Parce que les hommes les y force…Attention aux coups de cravache s'ils désobéissent !!! On se demande pourquoi certains hommes poussent leur ambition jusqu'à y perdre la santé ou la vie…Est-ce la morale de ce film ?


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De vincentp, le 15 avril 2011 à 23:59
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Les deux Sidney, Pollack et Lumet, semblent être assez curieusement sous-considérés aujourd'hui (sauf par les cinéphiles avertis) et peu diffusés ou commentés. Ce film est tombé un peu dans l'oublié, à tort.

Cette histoire passe très vite, sans doute porté par sa mise en scène (grande variété de plans, de mode de narration -flash back prémonitoire, etc…). Il est amusant de constater que Pollack comme l'animateur de ce show effroyable mélange les émotions (le comique avec le tragique), produit du suspens, et finalement un spectacle haletant. Simplement, le spectacle que réalise Pollack est au service d'une cause humaniste, dénonçant l'exploitation de la misère. Il attaque assez violemment les valeurs d'une Amérique forte, et prend le parti des opprimés. C'est typiquement le propos d'un "démocrate" américain.


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