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Forum : Jason et les Argonautes

Sujet : Des hommes et des dieux


De DelaNuit, le 3 juin 2007 à 23:52
Note du film : 6/6

Quelle belle production que ce Jason et les Argonautes d'origine britannique. La plupart des films sur l'Antiquité provenant d'Italie ou des Etats-Unis, voici un film original, et qui tient ses promesses, celles d'un divertissement de qualité.

Afin de reconquérir son royaume, le héros Jason part vers la lointaine et orientale Colchide à la recherche de la toison d'or, sous le regard des dieux de l'Olympe, notamment Zeus et Héra, jouant son destin sur leur échiquier…

La légende est globalement bien respectée, ce qui mérite d'être souligné car ça n'est pas toujours le cas, même si certains aspects en sont modifiés ou éludés, telle l'ambiguité de caractère de la magicienne Médée.

On nous nontre un vrai bateau, orné d'une figure de proue parlante de la déesse Héra (pour une fois sympathique, fait rare dans la Mythologie !), interprétée par Honor Blackman, ex-James Bond Girl de Goldfinger !

Le grand spécialiste des effets spéciaux image par image Ray Harryhausen s'en donne à coeur joie en donnant vie au géant de bronze Talos, aux Harpies, à une armée de squelettes hystériques ou encore à l'hydre à 7 têtes gardien de la toison dans les amrécages brumeux… Les jeunes générations trouveront peut-être que ce procédé de trucage artisanal n'est plus digne d'eux… Pour ma part, je trouve ces images plus poétiques que les effets numériques d'aujourd'hui. Elles donnent un aspect irréel à l'histoire. L'une des dernières occasions de retrouver les créatures de M. Harryhausen dans un film mythologique sera Le choc des titans au début des années 80.

D'autres trucages ont plus mal vieilli, mais bon…

Le film est par ailleurs bien servi par une partition tout en mystère de Bernard Herrmann.

Il faut ajouter, ce qui est également loin d'être le cas aussi souvent qu'on le voudrait dans ce genre de films, que le récit aventureux n'empèche pas une réflexion plus profonde. Ainsi, Jason subit les épreuves que lui infligent les dieux tout en murmurant qu'un jour, les hommes sauront se passer d'eux…

Et cette idée est présente en filigrane à travers le film. Ainsi, sur l'Olympe, Héra s'adresse à Zeus son époux en ces termes : "Tu es le dieu de maints pays et pourtant, lorsque tous ces gens auront cessé de croire en toi, tu disparaîtras." Zeus lui répond : "Tu en as conscience et pourtant, tu restes avec moi ?" Elle lui rétorque : "Crois-tu que ce soit par faiblesse, seigneur ?" Et lui, conclut par ces mots : "Non pas : tu es presque humaine."

Cette idée selon laquelle l'existence des dieux dépend de la croyance des hommes est philosophiquement bien intéressante. Elle fera notamment tout le sel de Malpertuis, film fantastiqie belge gothique de Harry Kumel d'après Jean Ray, l'une des histoires de maisons mystérieuse les plus originales qui soient.

Question : l'acteur principal Todd Armstrong a t-il tourné autre chose ?


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De JIPI, le 5 mars 2018 à 17:57
Note du film : 5/6

Talos victime de la technologie image par image préfère impressionner son entourage pas à pas plutôt que d’en débattre par des envolées numériques inconnues à l’époque.

Son imposante apparition n’en reste pas moins culte ainsi que quelles autres faisant de ce périple une très agréable promenade à l’intérieur d’une mythologie fortement chahutée du haut de l'Olympe par des dieux et des déesses divertissant leurs intemporalités en se servant de ressources terrestres hors du commun formatées pour l'aventure.

Un parcours endurant sur des terres féeriques garnies de créatures aussi dangereuses qu'exotiques supports d’un récit fantastique inoubliable que l'on tient par la main pendant toute sa vie.

Les accalmies succèdent aux épreuves dans un déroulé enchanteur et poétique que chaque adolescent en son temps à certainement rêver de connaitre imprégné fortement par ces magnifiques rencontres entre l’homme et le surnaturel tissées sur des contrées imprévisibles administrées selon la thématique de l'odyssée.


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De vincentp, le 1er août 2021 à 21:53
Note du film : 5/6

C'est un très bon film d'aventures, le blu-ray met en valeur son image. Rythmé, fort bien mis en scène. Dans l'absolu, il a pléthore de film plus réussis dans le genre. Un film de Henry King comme David et Béthsabée est tout simplement d'une autre dimension.


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De Impétueux, le 11 septembre 2022 à 19:41
Note du film : 4/6

Si l'on n'est pas ici attiré par le nom révéré de tous les amateurs d'effets spéciaux de Ray Harryhausen, on peut tout à fait passer son tour. Non que le film soit désagréable, loin de là ! Déjà les paysages sublimes et très bien mis en valeur des îles sèches de la Méditerranée valent le regard. Puis la beauté de certains décors, notamment l'intérieur du temple de la déesse Hécate, trouble, chatoyant, angoissant. Enfin la fidélité (relative) au mythe très archaïque de la quête de la Toison d'Or par une bande de reîtres prête à tout.

Bien sûr il n'est pas nécessaire de demander à un film étasunien de 1963, produit pour tous les publics possibles, de retracer toutes les abominations criminelles, sanglantes, effroyables, qui constituent le fond des mythes helléniques. Orgies, incestes, empoisonnements, assassinats, infanticides, corps démembrés, yeux crevés, tout cela est évident, dans la grande lumière aveuglante du Sud, aux temps où ce Sud là n'était pas un alignement de campings agités et de résidences de luxe. À ce sujet, lire plutôt Jean Giono que Marcel Pagnol.

Je m'égare : il n'y a pas grand chose de sec et de tragique dans le film de Don Chaffey ; il y a une bonne production d'aventures, où l'on en a pour son argent. Une production pour adolescents qui peuvent ainsi peut-être acquérir des bribes, des morceaux, des parcelles de ce qui fut jadis le substrat culturel de l'Europe. Mais il n'est déjà pas mal que les noms de Jason et de Médée soient encore un peu prononcés, fût-ce comme des héros de bandes dessinées.

Cette bile amère un peu crachée, disons assez de bien du récit qui, s'il fait des entorses au mythe, en respecte à peu près sinon l'esprit, du moins l'anecdote. Oui, ce Jason (Todd Armstrong) qui, spolié du trône de Thessalie dont il est l'héritier légitime, entreprend, pour le reconquérir, un long voyage dans des contrées inquiétantes, inconnues, peuplées de monstres et d'horreurs. Pour quoi ? Pour s'approprier la Toison d'or, talisman merveilleux, capable de donner fortune et invulnérabilité à ceux qui la possèdent. Soutenu par Héra (Junon), l'épouse de Zeus (Jupiter) à l'orée de son aventure il s'engage vers des mers inconnues et affronte d'emblée des monstres affreux.

À dire le vrai, on n'attend guère au cours de Jason et les Argonautes que les moments où le magicien Ray Harryhausen déploie ses magies. Depuis le Septième voyage de Sinbad qui date de 1958, l'animation en volume a fait de sacrés progrès, tout en conservant le charme étrange qui paraît renvoyer aux angoisses de l'enfance. Le film de Don Chaffey offre une très riche palette des imaginaires superbes du concepteur. Il y a plusieurs scènes tout à fait réussies des combats des Argonautes contre les forces antagonistes du Mal : contre le titan Talos, forgé par Héphaïstos (Vulcain), contre les harpies – mélange de ptérodactyles et de vampires – qui accablent le devin aveugle Phinée (Patrick Troughton), contre les épouvantables Roches broyeuses du détroit de l'Hellespont qui engloutiraient les Argonautes si le dieu Triton ne venait à leur secours, contre les squelettes batailleurs suscités par les dents de l'hydre, opportunément semées. Et quelques autres.

C'est que les dieux de la Grèce antique sont hédonistes, indifférents aux hommes, cruels, égoïstes. Ils regardent les pauvres créatures animées avec une charmante ironie et un grand mépris. Tout cela ressemble assez à notre monde d'aujourd'hui, n'est-ce pas ?

Dans les États-Unis candides, dans le monde de 1963, il n'était naturellement pas question d'évoquer la suite : le délaissement de Médée, négligée par Jason, qui préfère désormais Créuse et qui incendiera sa rivale avant d'assassiner ses propres enfants. La mythologie grecque ne craignait rien ; en tout cas pas de tomber dans les mignardises.


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