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Forum : Les Rendez-vous d'Anna

Sujet : Un film abouti


De dumbledore, le 21 mai 2007 à 00:28
Note du film : 5/6

Les Rendez-vous d'Anna est dans la carrière de Chantal Akerman un de ses premiers films les plus aboutis. Les Rendez-vous sont le 5eme long métrage de la réalisatrice et cela fait dix ans maintenant qu'elle fait des films.
Le sujet est proche de celui des autres films d'Akerman, qui mêle à sa fiction des éléments de sa vie personnelle. Anna est une jeune réalisatrice qui vient en Allemagne afin de présenter son film. Elle est inquiète car elle reçoit des messages de sa mère et tente quant à elle de joindre son amant, Daniel. Soucieuse de cette difficulté de communication avec ceux qu'elle aime, Anna fait le chemin pour revenir à Paris, s'arrêtant ici et là (en Allemagne, à Bruxelles, avant d'arriver) et rencontre cinq personnages durant tout le film. D'abord un allemand orphelin de père et qui a été abandonné par sa femme, ensuite une amie de sa mère qui rêve de voir Anna mariée à son fils, puis un homme dans le train qui cherche à trouver un endroit où s'arrêter, sa mère ensuite qui s'inquiète de la maladie de son mari et finalement Daniel en plein remise en doute et en dépression. Quand elle rentre enfin chez elle, Anna écoute son répondeur téléphonique.
Ce film est le premier grand film d'Akerman pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'il synthétise tout ce que la réalisatrice essayait de mettre en place dans ses premiers films : le portrait d'une femme, sujet de tous ses films (Jeanne Dielman, Je, tu, il, elle), la construction sous la forme d'une succession de rencontres qui permettent aux personnages de parler d'eux dans de longs monologues (Je, tu, il, elle et enfin au niveau thématique, la difficulté à trouver sa place et son bonheur dans un monde urbain faits de solitudes.
Le film est également particulièrement réussi d'un point de vue formel. La lumière est très joliment travaillée dans une gamme légèrement désaturée et des éclairages des décors soigneux. Le montage est également intéressant, jouant tantôt l'ellipse très appuyée et à d'autres moments des plans très en longueurs. Aurore Clément ensuite est là et prend en quelque sorte la place de Chantal Akerman elle-même, habituée à jouer dans ses propres films. Aurore Clément donne une grande humanité à son personnage et de belles nuances de jeu.
Seule l'écriture des dialogues et de certaines situations sont à déplorer tant ils manquent de naturel et crédibilité.


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De Impétueux, le 17 février 2022 à 17:10
Note du film : 3/6

Au vu du deuxième film que je découvre de Chantal Akerman, je n'ai pas besoin de m'interroger longuement pour comprendre que la réalisatrice est structurellement une écorchée vive. Ce que me confirme ce que j'apprends de sa vie personnelle, notamment de la déportation de ses grands-parents et de sa mère à Auschwitz. D'ailleurs, ça ne rate pas (ou plutôt elle ne se rate pas) : à 65 ans, en 2015, souffrant de troubles maniaco-dépressifs, elle se suicide.

Et de fait les femmes qu'elle met en scène ont une forme d'absence au monde, de distance froide, même glacée, avec ceux qui les entourent, qui incline à songer qu'elles ont une parenté certaine avec celle qui tourne ; et il m'étonnerait bien qu'il n'y ait pas de larges couches autobiographiques, plus ou moins décelables, qui s'insinuent dans ses films. Je n'en ai donc vu que deux, que je note sans complaisance, mais que je ne puis pas considérer, malgré tout ce qui m'en sépare, de médiocres ou d'inintéressants. Aussi bien Jeanne Dielman que Les rendez-vous d'Anna sont des films de malaise, des films de pesanteur ; on peut les trouver longs, austères, rébarbatifs, on peut trouver que la sexualité qui y est présentée n'a rien d'aimable ou d'heureux, et que Jeanne aussi bien qu'Anna vivent dans la grisaille, même dans la noirceur.

Mais si incompréhensible que leur caractère puisse être à qui n'est pas frappé par cette sorte de malédiction de la vie, ces femmes sont présentées avec soin, précision, rigueur, peut-être même scrupule. Sans doute aussi avec une certaine tendresse de la part de la réalisatrice, alors que c'est là un mot, un sentiment, une attitude qu'elles ne manifestent à aucun moment des films.

Anna (Aurore Clément) qui doit avoir la trentaine, parcourt l'Europe de l'ouest pour présenter un film qu'elle a tourné – et dont, d'ailleurs, on ne saura rien. C'est dans son périple entre Essen, dans la Ruhr, Cologne, Bruxelles et Paris qu'on la suit. À Essen, grande ville moche, moderne, bruyante, elle s'ennuie dans un hôtel proche de la gare, avec le roulement des trains en bruit de fond. Après la soirée au cinéma, elle couche avec un jeune instituteur animateur du ciné-club local (Hanns Zischler). Pour quoi ? Pour rien. Par indifférence et facilité. Et lorsque l'homme lui présente, le lendemain, sa petite maison minable où il vit seul, avec sa mère et sa fille, puisque sa femme l'a quitté, qu'est-ce que ça peut lui faire ?

À Cologne, Anna rencontre Ida (Magali Noël) qui lui parle de son fils, ancien amoureux d'Anna qu'elle aimerait bien lui faire retrouver. Dans le train, dans le couloir (heureux temps des couloirs !) long bavardage avec un type qui a envie de parler ; envie de davantage ? Oui sans doute si l'opportunité se présentait, mais est-ce que ça peut avoir une véritable importance ? Puis à Bruxelles, Anna revoit sa mère (Léa Massari) ; que dire ? Pour ces femmes, tout n'est que catastrophes et accablements.

À Paris, Daniel (Jean-Pierre Cassel) récupère Anna à la Gare du Nord ; il a envie d'elle ; ils vont à l'hôtel ; il ne s'y sent pas bien ; elle va chercher un médicament à la prochaine pharmacie qui est au diable vauvert. Pourquoi pas ? Sans doute est-ce ainsi que les hommes vivent, comme écrivait Louis Aragon.

Dialogues plutôt minables qui font songer à ceux de Marguerite Duras ; du type - Tu as une nouvelle chemise ? -Non, c'est une vieille que je ne mettais plus jamais. – Elle te va bien !. On voit l'intensité du propos. Film verbeux, compliqué, content de lui. Et pourtant nullement dénué d'un certain charme.

Allez savoir pourquoi !


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