Un western mineur de Raoul Walsh, qui met néanmoins en évidence plusieurs des caractéristiques récurrentes de l'oeuvre de son auteur :

• une excellente direction d'acteurs (Rock Hudson, la pulpeuse Julie Adams sont remarquablement bien dirigés),
• le peu d'intérêt que Walsh manifeste vis à vis de l'establishment, composé de personnages veules. La sympathie du metteur en scène se dirige, ici comme dans ses autres films, vers des personnages rebelles, anti-conformistes ou marginaux, dont le sort tragique semble scellé d'entrée, tels les deux personnages principaux de ce récit et leurs compères (une belle galerie de "trognes" parmi ceux-ci),
• la capacité de Walsh à faire surgir de scènes ordinaires des instants sublimes, à la fois émouvants et simples, reposant sur des échanges verbaux et de regards entre un homme et une femme, filmés soudainement en gros plans, alors que l'ensemble des scènes est plutôt composé de plans larges. Le couple Hudson-Adams nous remet en mémoire quelques grands moments générés par le duo Flynn-de Havilland de La charge fantastique,
• son aptitude à développer un récit sur un rythme soutenu, à ralentir par moments, pour introduire outre des scènes intimistes, quelques pensées que l'on pourrait qualifier d'existentielles, et qui encadrent les scènes d'action,
• sa propension à mettre en images des individus faisant corps avec leur environnement naturel. Plantés dans la terre ou dans l'eau (comme dans Les aventures du capitaine Wyatt, et bien d'autres films), ces personnages opèrent une symbiose avec cet environnement, et représentent l'idéal de l'américain moyen, enraciné dans son espace naturel. Ainsi le duo Hudson-Adams qui bâtit sagement sa ferme en Alabama. Mais cette propension à l'enracinement dans la terre se heurte à une caractéristique stylistique divergente : ces personnages, en mouvement perpétuel, portés par des forces quasi-surnaturelles qui les dépassent, sortes de volcans en perpétuelle éruption, déversent des flots de lave et de poussière à leurs pieds, et recomposent de façon dramatique leur environnement.

• A noter Lee Van Cleef dans un rôle mineur

Van Cleef apparaît dans le plus beau plan du film, abattu par Hudson en pleine tempête de sable.

A noter aussi que The lawless breed était ressorti en France dans les années 70, sous le titre "Il était une fois… Un hors-la-loi" (ben voyons !), mettant en tête d'affiche ce même Lee Van Cleef, et tentant de donner au film une ambiance "spaghetti".

On ne peut que féliciter Vincentp pour son analyse du travail de Walsh et sa méthodologie si particulière ! Elle est très typique ! J'ai eu maintes discussions sur ce sujet avec Patrick Brion et, à ce propos, nos avis convergeaient ! Jusqu'à son dernier film, il est resté fidèle à cette méthode ! Et ses personnages !