S'il est bien un film des années 80 qui n'avait nul besoin de remake, c'est bien The hitcher ! Autant les récentes moutures de Texas chainsaw massacre sont intéressantes, et ont été un apport réel par rapport à l'original, autant ce nouveau Hitcher tourne résolument le dos à l'aspect psychanalytique du film de Eric Red (pourtant crédité ici comme co-auteur), pour en donner une interprétation terre à terre. Ryder était fascinant pour deux raisons : 1) il était incarné par Rutger Hauer, qui lui donnait un côté "bigger than life" 2) il était sciemment campé comme un ange de la mort, une émanation de son souffre-douleur, comme son Mr. Hyde. Ici, rien de tout cela : Ryder est un psychopathe en cavale, un fou criminel, et tout ce qui semblait surnaturel dans l'original (sa faculté à se relever, criblé de balles) est laborieusement justifié (il porte un gilet pare-balles : grande trouvaille !). Sean Bean est un bon acteur, mais il ne fait pas le poids, et par moments on se demande même si Neal McDonough, jouant le shérif n'aurait pas mieux fait l'affaire… La jeune comédienne, sosie de Barbara Hershey, fait ce qu'elle peut, mais aucune alchimie n'apparaît entre elle et le tueur, alors que c'était le thème du film. Aseptisé, aplati, élagué, détourné, ce Hitcher 2007 ne risque pas de faire de l'ombre au classique d'il y a vingt ans. Ce qui est le plus étonnant, c'est que les récents remakes comme celui déjà cité plus haut ou La colline a des yeux, ont tendance à aller plus loin dans l'horreur et le gore, à pousser à fond ce qui n'était qu'effleuré jadis, pour cause de censure. Hitcher, c'est le contraire : hormis le plan de l'ado coupé en deux par les camions (c'était la fille qui subissait ce sort, chez Eric Red !), tout est soft, en demi-teintes, et la métamorphose physique de C. Thomas Howell contaminé par le mal, dans le film d'origine, n'existe plus. Franchement… Quel intérêt ? Je crois que je préfère encore la médiocre sequel Hitcher II.