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Forum : Carmen

Sujet : Ah ! cette gitane...


De starlight, le 5 avril 2007 à 21:49
Note du film : 6/6

Nous trouvons actuellement dans les bacs de nos chers disquaires, profusion de DVD dont le rapport qualité/prix mérite toute notre attention… A ceux qui ne connaissent pas cette version filmée de l'opéra de BIZET, ou tout simplement à ceux qui hésitent à aborder cet Art que l'on dit "réservé à une certaine élite", je conseille vivement cette acquisition… En matière d'opéras, le choix visuel se décline en "opéras filmés" ou en "films-opéra". Les premiers sont tout simplement une retransmission en live ou différée d'une oeuvre lyrique, captée depuis l'une des nombreuses scènes internationales… Les "films-opéra" sont plus subtils… Ils font appel aux techniques cinématographiques : recours aux "extérieurs", dynamique des mouvements, travelling, etc… C'est le cas pour CARMEN… Si certains opéras intimistes peuvent se contenter d'une mise en scène minimale, CARMEN a besoin de paysages, d'air pur, de mouvements naturels… La mise en scène n'est pas tout… la crédibilité des chanteurs est primordiale… La voix certes, mais le physique également… Trop de générations de mélomanes ont subi des Bianca CASTAFIORE qui ne cadraient pas avec l'héroïne !… le réalisateur Francesco ROSI a trouvé en Julia MIGENES "la" CARMEN idéale, scéniquement parlant… Certains puristes trouveront qu'elle n'avait pas la tessiture de l'emploi (soprano alors que le rôle a été écrit pour une mezzo), mais quel abattage, quel tempérament… Elle a du chien !… On y croit… Je me souviens pour avoir vu le film au cinéma, de la réflexion d'une épouse dont le mari était tout émoustillé… "elle est vulgaire"… Oui peut-être, mais ce n'était pas "Le Dialogue des carmélites" qui était en jeu… Ajoutons que les autres partenaires (DOMINGO et RAIMONDI) vivent intensément leur rôle et ont, eux aussi, le physique de l'emploi… Bravo Madame MIGENES qui, à l'aube de ses 60 printemps, se permet encore d'attiser les foules avec son spectacle "Alter Ego" dont le dernier en date remonte il y à quelques jours au Palais des festivals de Cannes. Nous avons le choix dans les versions de "CARMEN" proposées… Celle-ci a le mérite de fleurer bon l'authenticité. Alors n'hésitez plus !


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De droudrou, le 6 avril 2007 à 00:44

Je complèterai l'intervention de mon copain Starlight : j'ai un ami qui a vu le film quand il est sorti et qui a été littéralement soufflé du réalisme de certaines scènes qui frôle réellement le vérisme cher à Puccini. Six mois après la vision du film, il demeurait émoustillé d'une scène qui n'a rien de hard entre Carmen et Don José.

Si on me demande d'établir une comparaison entre le "Carmen" de Risi et le "Don Giovanni" de Losey, il est certain que pour moi, Carmen l'emporte à cause de ce réalisme même si Ruggero Raimondi est excellent dans les deux opéras.

Détail, puisque mon copain Starlight me rappelle des souvenirs : j'ai eu l'occasion de partager le même compartiment de première classe que Jose Van Damm : il n'est pas sympa ! Il est poli ! Ca s'arrête là ! C'est vraiment le hasard qui m'a fait voyager en sa compagnie alors qu'il révisait le livret d'un opéra qu'il devait interpréter à Mons…


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De starlight, le 6 avril 2007 à 09:13
Note du film : 6/6

La scène qui en a émoustillé plus d'un… est celle de l'Acte II où Carmen, lascive, est couchée sur une paillasse… Elle répond aux scrupules de Don José en lui chantant : "il souffre de partir, car jamais, jamais femme avant moi aussi profondément m'avait troublé"… Cette façon de remonter ses jupons tout en se tortillant, est une spécificité porto-ricaine (que Julia Migenes est à 50%)… J'aurais mal vu Jessie Norman, qui pourtant a été une superbe Carmen en enregistrement, adopter cette "positive attitude" !… S'agissant de José Van Dam… ça ne m'étonne pas. J'ai eu l'occasion de le croiser lors d'un concert donné à son honneur par nos amis de l'ONL… Très froid !… Ce baryton a trouvé un rôle à sa pointure dans le magnifique film de Gérard Corbiau Le maître de musique (fiche vierge de tout commentaire sur le forum)… Je vais retrouver ce ténébreux belge à Paris prochainement dans Louise (le rôle du père bien sûr et non pas de Louise) de Charpentier… J'ai un peu peur… mais les critiques lui sont favorables… Donc "Wait and see"…


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De vincentp, le 19 décembre 2010 à 19:13
Note du film : 4/6

Gaumont propose aussi une édition blu-ray de ce film. Il était question à un moment d'une diffusion en petit comité pour les lecteurs des "années lasers" dont je fais partie, comme pour French cancan. Cette idée pourtant intéressante a du être abandonnée et c'est bien dommage.

Nb : Starlight, et ses connaissances, sont bien entendu les bienvenus sur ce forum, forum ou chacun respecte les goûts cinéphiliques et les spécificités d'écriture des autres. L'impétuosité de caractère de Impétueux n'est que de façade, et il ne faut pas se formaliser de ses quelques excès d'opinion ou de langage. Car au fond c'est un brave homme !


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De Impétueux, le 19 décembre 2010 à 19:46

Le brave homme (et si je vous traitais Vincentp, de niais partisan du consensus généralisé, du care, et du droit d'ingérence ? ? Cessez de prendre ce ton condescendant, s'il vous plaît) éradique à qui mieux mieux, Starlight et le ferait dix fois davantage s'il n'écoutait que son impétuosité.

Il y a ici quelques connaisseurs, quelques belles plumes, quelques gens dont on lit toujours avec intérêt, et souvent plaisir les analyses ou les humeurs. Il y a quelques malfaisants paranoïaques qui imaginent que déposer sur un message une photographie d'étron est l'ultima ratio de l'audace et de la perversité malignes ; il y a des gens qui sont partis, à un titre ou un autre, qui reviendront ou non, mais qui ne devraient pas penser que les absents ont toujours raison… Pourquoi venir mâter DVD Toile si l'on n'y écrit plus ?

Mon plaisir d'écrire est indépendant de votre déplaisir de me lire. J'aime la citronnade ; je n'ai pas besoin que la citronnade m'aime écrivait Montherlant.


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De vincentp, le 19 décembre 2010 à 20:21
Note du film : 4/6

Selon Wikipédia, "Un homme brave est un homme qui a du courage, qui ne craint pas le danger ; un brave homme est un homme bon, honnête, pacifique." Aucune condescendance la dessous ! Un simple exercice de syntaxe !


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De vincentp, le 13 avril 2012 à 23:47
Note du film : 4/6

Ces bons Droudrou et Starlight, les deux grand-pères pourtant ronchonneurs de ce forum, manifestent un avis très positif concernant Carmen. Ils aiment l'opéra. On leur fait confiance pour la qualité de l'oeuvre. Effectivement Rosi, de Santis (photo splendide) et Guerra ont fait du bon travail. On leur attribue une note de 4/6 pour l'enrobage technique.

Mais quelle intrigue artificielle et quels dialogues guindés liés à ce récit ! Réfractaire jusqu'à présent à l'opéra, j'ai logiquement du mal avec ce Carmen que je découvre avec la même tête que feraient des passants si des martiens débarquaient d'une soucoupe volante se posant sur les Champs-Elysées. Comment peut-on écrire des dialogues aussi incroyables ("j'attends la montée de la garde montante, et la descente de la garde descendante !") ? Les acteurs glapissent âneries sur âneries de façon on ne peu plus sérieuse… Et d'ailleurs dans quel but ?

A petite dose, 30 minutes par jour, comme un traitement médical que l'on suit pour faire plaisir à son médecin, il va me falloir cinq jours pour aller jusqu'au bout de Carmen… Avis aux amateurs !


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De Impétueux, le 14 avril 2012 à 15:31

Je ne suis pas davantage amateur d'opéra que vous, Vincentp, et pas davantage amateur de musique, d'ailleurs, mais enfin il me semble bizarre de reprocher à l'œuvre de Georges Bizet d'être ce qu'elle est, avec les codes particuliers du genre. Si l'on n'admet pas les artifices inhérents à ce style, on ne peut pas les lui reprocher…. sinon refusons aussi les mêmes niaiseries chantées dans La flûte enchantée d'Ingmar Bergman, le Don Giovanni de Joseph Losey, le Boris Godounov d'Andrzej Zulawski et sûrement quelques autres trucs…

Ces codes et ces artifices font partie du théâtre, qu'il soit ou non chanté, comme en font partie les prétendus chuchotements – que toute la salle doit entendre -, les apartés, seulement inaudibles pour l'acteur qui est à proximité, les cadavres dans les placards, les amants dans les armoires, les fausses barbes et les quiproquos….

Si vous vous étonnez du langage employé dans Carmen, que direz-vous devant la représentation des Perses d'Eschyle réalisée par Jean Prat en 1961, des Shakespeare mis en scène par Kenneth Branagh ou même du Cyrano de Jean-Paul Rappeneau ? Parce que ce n'est vraiment pas comme ça qu'on cause aujourd'hui…


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De Tamatoa, le 14 avril 2012 à 17:31

Pour les friands de cet art, dont je ne suis pas, l'Opéra peut être une véritable religion. Et pour le profane non-initié, il est aussi difficile de traduire la bible que le livret d'un Opéra, et tous ses codes particuliers, c'est très exactement ça, qui l'enrobe. C'est réservé à une élite, dans le sens d'amateurs très éclairés, qui savent dechiffrer cet art. Au même titre que la peinture, par exemple. Et il me semble vain de s'entêter à vouloir critiquer ce qui nous dépasse en déposant aux pieds de Placido Domingo, le verbe "Glapir"…Celà ne peut qu'engendrer des réactions très préjudiciables pour le forum.


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De Taranos, le 17 mai 2014 à 17:25
Note du film : 6/6

Je comprends qu'on puisse dire que les ténors et autres soprano "glapissent". Moi jai été élevé dans une famille où l'on était plutôt anti-opéra et où l'on disait que les cantatrices "bêlaient". Arriver à avoir aujourd'hui la chair de poule et la gorge serrée en écoutant certains aria a été le résultat d'un long apprentissage totalement autodidacte. Merci les CD, VHS, DVD et YouTube. Ça valait la peine. Il y a belle lurette qu'il n'y a pratiquement plus de Bianca Castafiore à l'Opéra. Les Anna Netrebko, Elina Garanca et autres Julie Fuchs peuvent être au moins aussi ensorcelantes que les stars les plus volcaniques du cinéma. Quant aux "codes", à part le fait que le postulat de l'opéra c'est qu'on chante au lieu de parler, on accepte ou pas, le reste n'est pas si loin que ça du cinéma. La musique soutient et illustre le spectacle comme dans les bons films; en général ça se termine mal, et pourtant il y a eu des époques où, paraît-il, on prévoyait deux fins: une tragique pour l'Europe et une avec "happy end" pour l'Amérique! Pour la minceur des livrets, on doit pouvoir retrouver ça dans pas mal de films, même des bons. Et pour ce qui est des grands sentiments, n'oublions pas que la plupart des opéras célèbres ont été écrits au XIXe-début XXe. D'où le choc de "Carmen", pour y venir, pour son "immoralité".

Un film qui sort est figé pour la vie, ou en tout cas pour un bon bout de temps jusqu'au prochain "remake". Un opéra, c'est toujours différent, il suffit de changer un des ingrédients (ténor, soprano, metteur en scène, directeur d'orchestre). C'est pour ça qu'il est courageux de faire une adaptation-cinéma comme celle-ci. Et pour moi c'est une réussite, un des plus beaux "Carmen" que j'aie vus, et j'en ai vu pas mal. Plácido Domingo est parfait comme toujours dans le rôle de Don José qu'il a bien dû faire des centaines de fois, même si je le trouve un peu "clean" et un peu "bêbête" face à cette sirène de Julie Migenes. Ah! cette Carmen! Je ne dirais pas que c'est LA Carmen, mais en tout cas c'est pour moi une des meilleures. D'ailleurs il n'y a pas une Carmen; il peut y avoir l'amoureuse, l'ensorcelleuse, la mangeuse d'hommes, la femme libre, toutes sont valables. C'est vrai que celle-ci est un peu vulgaire, mais pour moi Carmen DOIT être un peu vulgaire. Après tout c'est une gitane cigarière dans le Séville du XIXe siècle. Ça ne devait pas toujours faire dans la dentelle. Et c'est pour ça que je préfère aussi des Don José moins parfaits, un peu plus "chauds lapins". Lui est un jeune paysan qui se retrouve dans l'armée on ne sait trop pourquoi. Si lui et ses hommes ont parfois la main un peu baladeuses et étreignent un peu chaudement les cigarières, tant mieux. Quant à l'adaptation cinéma, bravo, on ressent presque la chaleur de l'Andalousie et sa lumière écrasante. Les lieux sont réalistes, les personnages sont réalistes, les costumes sont réalistes. Bref, depuis sa sortie je revois ce film tous les deux ou trois ans sans me lasser (même pas en DVD, en VHS!!), et tant pis si la garde montante continue à monter et la garde descendante à descendre… Il restera toujours "la fleur que tu m'avais jetée".


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