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Forum : Tristan & Yseult

Sujet : Les amours impossibles


De dumbledore, le 28 février 2007 à 14:35
Note du film : 5/6

De toute la littérature occidentale, Tristan et Iseult incarnent sans doute le mythe le plus fort et le plus pur de l'amour impossible. Depuis son apparition écrite sous la plume du normand Béroul en 1170 (après une invention galloise et une transmission orale), jusqu'à aujourd'hui ce mythe de Tristan et Iseult a connu nombre de transformations, de récupérations et de réinventions. Le plus célèbre est évidemment celui de Shakespeare car bien sûr, Roméo et Juliette ne sont que les héritiers de Tristan et Iseult. Le film de Kevin Reynolds réussit à opérer sur les différentes légendes et différentes réinterprétations, un travail admirable d'adaptation. L'histoire est celle de l'Angleterre qui vit affaiblie depuis la chute des romains. La terre est divisée en plusieurs clans et l'Irlande travaille à rendre cette division encore plus forte afin de maintenir sa domination sur l'île d'Angleterre. Suite à une tentative d'unification anglaise, le père de Tristan est assassiné sous ses yeux et Tristan qui est alors pris en charge par Mark, seigneur égal à son père.
Plusieurs années plus tard, suite à une expédition menée par le méchant Morholt, promis à Iseult, fille du roi d'Irlande, Tristan prend les armes. Il repousse les Irlandais mais il est atteint par un poison se trouvant sur l'épée de Morholt qu'il réussit tout de même à tuer. Considéré comme mort, Tristan est mis sur une barque funéraire poussée vers l'océan. La barque s'échoue en Irlande et le jeune homme est secouru par… Iseult. Cachant son identité à Tristant, Iseult le sauve, grâce à ses connaissances en herbes. Les deux jeunes gens tombent amoureux mais Tristan doit repartir et fuir l'Irlande, son ennemie. Afin de diviser encore plus l'Angleterre, le roi d'Irlande décide d'organiser un tournoi dont le vainqueur obtiendra la main de sa fille. Tristan se promet de gagner le concours au nom de Marc. Il sait que s'il gagne la main de la fille du roi d'Irlande, Marc pourra – en l'épousant – gagner le crédit nécessaire pour unir l'Angleterre… Seulement Tristan ignore qu'Iseult est la fille qui l'a secouru en Irlande, la fille qu'il aime.
Le scénario signé Dean Georgaris est d'une belle intelligence car il évite tous les artifices de la première grande partie du mythe : on n'a plus de philtre d'amour, pas de dragons et autres scènes emphatiques, les ressorts psychologiques d'Iseult sont même actuels :elle ne veut pas d'un mariage arrangé par son père, elle a un caractère bien à elle, etc. Iseult incarne même l'amour qui semble terriblement absent dans ce monde tel que Kevin Reynolds le campe dans son film. Alors que tous les personnages sont pris dans des problématiques soit politiques (le roi d'Irlande qui se doit de continuer à diviser l'Angleterre), soit de survies (le roi Mark ne pense qu'à son peuple), soit de vengeances (Tristan veut venger la mort de son père), Iseult fait figure de personnage moderne, révolutionnaire. Elle annonce une nouvelle ère après la noirceur de cette période : celle de la courtoisie… L'intelligence du scénario n'est pas seulement dans les changements et les adaptations mais également dans l'écriture même des scènes et des personnages. Le roi Mark, par exemple, est d'une profonde humanité. Il est de fait l'opposant à l'amour de Tristan et Iseult et pourtant il est fort sympathique, respectueux. Impossible de lui en vouloir : et cela bien sûr le trio amoureux encore plus fort et touchant. Dean Georgaris et Kevin Reynolds osent même aller vers les autres mythes s'approchant de leur Tristan et Iseult : ainsi on retrouve des scènes rappelant le trio Lancelot-Guenièvre-Arthur, mais également une scène directement emprunté à Robin des Bois : celle du tournoi durant laquelle Iseult/Marianne regarde avec émotion Tristan/Robin combattre dans un tournoi truqué…
Les comédiens présents sont également formidables. Sophia Myles en Iseult est à la fois charmante, décidée et terriblement émouvante réussissant en un regard ou en une attitude à passer d'une émotion à une autre. Rufus Sewell est parfait en Mark, à la fois dur et inquiétant (la première apparition et la première réunion des seigneurs) et terriblement touchant (dans la première rencontre avec Iseult). A l'arrière plan, on trouvera également une performance plus discrète mais impressionnante, celle de Ronan Vibert en traitre manipulateur qui n'est pas sans rappeler dans son jeu Andy Garcia. Au milieu de ce casting parfait, une déception toutefois : James Franco n'est pas bon. Depuis Spider-Man, on le savait assez limité (pour l'instant, il est jeune et l'avenir nous détrompera peut-être). Il est ici inexistant et terriblement fade comparés aux autres personnages… Ce film passé malheureusement assez inaperçu offre tout de même une très belle facture de la part de Kevin Reynolds même si l'on sent de temps en temps un manque de moyens pour certaines scènes. Heureusement l'intelligence et le savoir faire du réalisateur réussit à faire illusion et on doit lui reconnaître un nombre de scènes impressionnantes…


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De droudrou, le 28 février 2007 à 15:17
Note du film : 5/6

Là, Dumbledore, tu titilles ma curiosité d'autant que Kevin Reynolds peut apparaître très irrégulier dans ses réalisations… Tel que présenté, ça m'intéresse. Il faut ajouter aussi que sur la jaquette figure le nom de Ridley Scott et notre sir ne saurait se mélanger avec n'importe qui ou tout au moins n'importe quoi même si lui-même est parfois irrégulier…

Il est effectivement dommage que le titre original soit modifié : Tristan et Iseult nous convenaient parfaitement.


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De DelaNuit, le 10 juin 2009 à 13:34
Note du film : 4/6

Quelle mouche a effectivement piqué les distributeurs français de ce film pour changer le titre original de Tristan et Isolde (ou Iseult) en L'épée rouge ?

D'autant qu'à la vision du film, il n'est jamais question d'une épée spécifique et encore moins d'une épée rouge… Il me semble me souvenir que dans certaines versions de la légende, il est question d'une épée dont le fil sépare les deux amants illégitimes endormis. Mais le film ne contient aucune scène à ce sujet. A moins qu'il ne s'agisse d'une des versions des amours de Lancelot et Guenièvre dans la légende arthurienne ? (Arthur plante effectivement son épée entre les deux amants endormis dans Excalibur de Boorman.) On peut d'ailleurs se demander si ces deux histoires d'amour interdit ne s'abreuvent pas aux mêmes sources mythiques.

Faut-il comprendre que l'action se situant en une période troublée de guerre entre l'Irlande et l'Angleterre, cette épée rouge du titre symbolise la guerre et les combats ? Un peu facile !

En tout cas… Mystère. Alors, Messieurs les distributeurs, que vous changiez le nom d'un film pour son exploitation en France, pourquoi pas (et encore, on se demande en l'espèce en quoi le titre original est moins vendeur ou compréhensible que le titre inventé), mais alors, donnez au moins un titre qui ait un sens et une justification… Sinon, c'est par trop ridicule, et certains spectateurs pourraient même se sentir volés sur la marchandise…


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De droudrou, le 14 août 2009 à 08:37
Note du film : 5/6

Pour répondre à Laurent revoir le making of qui évoque sans équivoque les références Arthuriennes. Je suis notre ami Dumbledore c'est effectivement un très beau film passé malheureusement inaperçu malgré ses qualités et que j'ai découvert par pur hasard.

Grand amateur d'opéra, pendant ma longue absence de dvd toile j'ai eu la chance qu'au sein des services hospitaliers où j'ai été accueilli existait une cellule animation qui a proposé une soirée spéciale consacrée à l'opéra du même nom de Richard Wagner mise en scène par Olivier Py spectacle unique qui, à différents moments, atteint le sublime. Après avoir redécouvert cette version en dvd le hasard m'a fait trouver cette production des frères Ridley et Tony Scott mise en scène par Kevin Reynolds. Seul reproche quelqus instants du film se déroulent dans l'arène dans une ambiance où hélas on retrouverait le cadre débile si caractéristique à Gladiator.

Revoir Thomas Sangster(La dernière Légion) en Tristan très jeune m'a particulièrement agacé…


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De DelaNuit, le 14 août 2009 à 13:58
Note du film : 4/6

La référence arthurienne semble en effet être la raison du titre modifié de ce beau film, malheureusement passé inaperçu dans notre pays. Quand on voit toutes les débilités qui passent sur les écrans de cinéma, on se demande pourquoi cette belle histoire n'a pas eu droit à une distribution digne d'elle ?

En tout cas, il est clair que le titre et l'affiche français se veulent une référence à Excalibur de Boorman…

Par ailleurs, d'un point de vue thématique, vous avez raison Droudrou, la comparaison avec l'opéra de Wagner est tout à fait pertinante, car ces oeuvres sont complémentaire, d'autant que la version récente d'Olivier Py dont vous parlez est d'une grande qualité de mise en scène qui mérite le détour, transcendant la mort des amants pour en faire un phare de lumière et d'amour rayonnant sur le monde…


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De droudrou, le 14 août 2009 à 17:33
Note du film : 5/6

Merci Laurent on peut donc supposer que tu as vu l'opéra (malgré sa durée je n'ai pas vu le temps s'écouler sachant que j'ai beaucoup craint: je n'avais pas apprécié la Damnation de Faust version Olivier Py )pour le film même s'il y a des reproches à émettre pour le jeu de Tristan, en revanche pour leur âge les acteurs sont plus conformes à la légende…


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De droudrou, le 30 août 2009 à 20:16
Note du film : 5/6

Je viens de revoir tranquillement le film et avoue qu'il m'a fort intéressé : il y a un travail scénaristique très intéressant qui nous amène très près de la légende Arthurienne. il y a loin entre cette qualité et la dernière légion où l'idée de base était que la fameuse épée Excalibur avait été celle de César sur laquelle reposait le roman de Valerio Manfredi qui m'avait passionné ! Laissez très loin vos préjugés à propos des amours de Tristan et Isolde : c'est un très beau film qui en plus est très bien fait !


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De DelaNuit, le 31 août 2009 à 18:33
Note du film : 4/6

Il est effectivement dommage que ce beau film n'ait pas connu à sa sortie une meilleure distribution en salles…


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De droudrou, le 23 février à 10:51
Note du film : 5/6

faisant du rangement, j'ai retrouvé mon DVD et ai revu le film

deux choses m'ont marqué : 1ère : les amours adultérins entre Tristan et Isolde : bien sûr il faut se cacher !

un autre ton et un peu plus on entrait dans le théâtre de Feydeau : ciel mon mari ! Donne moi tes lèvres !… Mais je le croyais parti pour Cythere Mais oui, madame , j'étais parti et le temps passant je me languissais de vous et de vos attraits… ! et vous le voyez me voici de retour !

à la manière de Raymond Devos : Ah ! J'ai des doutes ! Ma femme au lit avec mon meilleur ami !! il avait revêtu ma chemise de nuit et aux pieds portait mes pantoufles ! Ah, j'ai des doutes !…

2ème : je suis fort amateur de la série "les piliers de la Terre il se trouve qu'Elen alors novice au couvent a découvert sur la plage le corps de Jacques Cherbourg qu'elle a soigné en cachette et qu'ils sont devenus amants ! On pourrait penser que Ken Follett s'est inspiré des amours de Tristan et Isolde cette dernière soignant Tristan en pleine clandestinité…


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