Ce long préambule posé, j'annonce ici, et Urbi et Orbi que j'ai découvert cette après-midi un superbe film, austère, cynique, cruel, sombre comme l'histoire qu'il raconte, qui n'est pas seulement porté par l'interprétation magnifique de Simone Signoret – dont c'était alors le retour en France, après quatre ans passés aux États-Unis – mais aussi par une façon de filmer lente, ample, grave et une photographie en noir et blanc somptueuse (et remarquablement restaurée).
Milan (Reginald Kernan) ancien coureur automobile fatigué et sa femme Roberte (Signoret, donc) vivent la déchéance de leur couple – qu'elle essaye de noyer dans l'alcool – dans une campagne d'hiver désespérante. Images initiales de froid, de silence, brume glacée, étangs désolés, grande maison presque hostile.
Les jours sont vides et lents, à peine animés par de maigres chasses sur un gibier absent, par des silences et des querelles, par des paroles d'une grande cruauté (Milan à Roberte : Quand je fais quelque chose avec toi, je finis toujours par avoir honte de moi.).
L'ennui est terrible, terrifiant. A l'arrivée au village de la jeune institutrice Hélène (la si belle Alexandra Stewart)Mais Milan, qui est un homme qui ne veut plus jouer à rien, qui veut seulement fuir l'enfer de la claustration que Roberte lui impose par le seul fait qu'elle existe, ne veut pas, malgré son désir, à cause de son désir peut-être même, toucher à Hélène. Il s'en va, il va piloter à nouveau des Ferrari. Roberte ne le supportera pas ; Hélène a encore de l'élan vital : elle épousera sûrement son insignifiant petit fiancé….
L'auteur du roman dont est adapté le film est Roger Vailland (qui a également écrit les dialogues, quelquefois un soupçon trop littéraires) ; trop oublié aujourd'hui, Vailland, était un écrivain extraordinaire qui poussait le dandysme jusqu'à jouer à être communiste (à une époque, il est vrai, où le Parti était le phare de la Pensée, réunissant écrivains (Aragon), artistes (Picasso)
, philosophes (Politzer), acteurs (de Gérard Philipe
à Yves Montand,
dociles compagnons de route, comme on disait).
Beaucoup de romans de Roger Vailland, à l'écriture sèche et cinématographique, ont été adaptés à l'écran, de La loi de Jules Dassin,
à La truite
de Joseph Losey,
en passant par Drôle de jeu de Pierre Kast et Beau masque
de Bernard Paul. Ces Mauvais coups
sont parmi les meilleures des adaptations…
Bon. que mes ratiocinations séniles et ronchonnes ne vous détournent pas de voir ces excellents Mauvais coups, vraiment accablants comme un Dimanche de pluie….
Ne vous mettez point martel en tête, Impétueux, l'ignorance est, chez certains, insondable… Un grand merci pour votre analyse d'un film que je ne connaissais pas : ("L'ignorance est, chez certains, insondable !!!")
Je note que, curieusement,Milan est aussi le nom du personnage de Leconte (L'Homme du train) interprété par Hallyday. Serait-ce une simple coïncidence ?
Et Milan est aussi le nom de Lino Ventura dans L'emmerdeur
d'Edouard Molinaro
…
…Ce qui semble prouver que ce hasard n'est qu'un hasard…
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