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Sujet : Splendeur d'Hollywood


De dumbledore, le 3 novembre 2003 à 11:28
Note du film : 6/6

West Side Story est un pur produit hollywoodien dans toute sa splendeur, dans tout son savoir. Il suffit de regarder le générique pour s’en convaincre. Au scénario, deux des plus grands auteurs hollywoodien : Shakespeare d’abord en signant Romeo et Juliette et Ernest Lehman ensuite, le scénariste notamment de La mort aux trousses, La mélodie du bonheur ou de Qui a peur de Virginia Woolf. A la mise en scène, un camarade de Lehman : Robert Wise, ancien monteur de Citizen Kane et réalisateur de chef d’œuvre comme La maison du diable, de The Body Snatcher ou de Je veux vivre. Comme comédiens, une valeur sûre et adulée : Natalie Wood. A la musique, un maître incontesté : Leonard Bernstein.

Que du beau monde donc, pour un résultat spectaculaire : 10 oscars et 45 millions de dollars de recette pour un budget de 6 millions. Le film est un pur bijou de la grande époque d’Hollywood, mêlant romance et parties musicales avec un équilibre parfaits. Les chansons sont musicalement parfaites pour un musical hollywoodien, à la fois simple à mémoriser et rythmée. Preuve en est, les chansons sont devenues maintenant inoubliables comme certaines des images du film (les claquements de doigts).

La mise en scène de Robert Wise est parfaitement en adéquation avec le film. A la fois innovante dans les choix d’axes, dans le rythme et le découpage des morceaux filmés et classique dans la partie comédie. L’utilisation du scope est particulièrement efficace, toujours très dynamique dans les perspectives et le découpage. Un vrai travail d’orfèvre.

Mais le plus étonnant, ce n’est pas finalement cette communion de talents qui était chose courant à la belle époque des studios, mais le fait que le film laisse préfigurer déjà une certaine évolution du cinéma américain. Le film est tourné en extérieur pour plusieurs scènes, mais surtout il met en scène des personnages de couches sociales qu’on ne voyait pas vraiment à l’époque : deux bandes d’émigrés, développant un discours sans réel crédulité, voire même assez critique et dur sur l’époque et la société dans lesquelles ils vivent. La chanson « Maria » est assez clair à cet égard.


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De Impétueux, le 6 juin 2006 à 13:27
Note du film : 6/6

En 1961, à quatorze ans, lorsque j'ai vu cet immense film à sa sortie, j'avais déjà usé pas mal de fonds de culotte dans les salles obscures et ingurgité un peu de tout, ce qui allait des charmants nanars, du type A pied, à cheval et en voiture dont je me suis fait ici l'apologiste quasi-exclusif aux œuvres ambitieuses à costumes, du type Senso que je soupçonne de m'avoir dégoûté à tout jamais du maniérisme de Visconti.

En d'autres termes, le cinéma n'était qu'une distraction que j'avalais boulimiquement et, alors même que je commençais à éclaircir mes choix littéraires, je me gavais d'absolument n'importe quoi en matière de Septième Art.

Je suis ressorti de la projection de West Side Story le cœur chaviré, l’œil humide et la gorge sèche : je n'avais jamais rien vu d'aussi beau, d'aussi émouvant et d'aussi impressionnant ; d'une seule projection, je venais de comprendre que le cinéma n'était pas seulement une bonne histoire spectaculaire, non plus que des dialogues spirituels, ou des trognes d'acteurs singulières, mais que c'était tout cela ensemble et bien d'autres choses aussi, une alchimie mystérieuse qui ne cesserait de m'émerveiller, et qui renvoyait à un passé ultra-poussiéreux le théâtre, et ses personnages qui s'égosillent en feignant de nous faire croire qu'ils chuchotent, ses artifices et ses rideaux troués…

Il me semble d'ailleurs que j'ai eu d'emblée le souffle coupé, dans cette longue descente aérienne sur New-York, sur un New-York de plus en plus proche, dans cette plongée qui semblait écarter les immeubles, de plus en plus miteux jusqu'à ce que la caméra s'arrête sur un terrain de basket crasseux et que, dans un rythme magnifique qui donne le ton et la cadence du film, les Jets et les Sharks commencent à se charrier, puis à se battre.

Et il me semble aussi, après l'avoir revu récemment encore, qu'il n'y a pas grand chose à jeter, de ce film long, de ce mélodrame fatal et que même les instants sirupeux entre Tony (Richard Beymer) et Maria (Natalie Wood) sont nécessaires.

Chacun se souvient du Bal, où Jets et Sharks rivalisent, où Tony et Maria se rencontrent, chacun se souvient d'America ou de I feel pretty, mais on ne peut pas réduire le film à ces morceaux de bravoure…

Quarante cinq ans après, j'envie ceux qui, de génération en génération le découvrent…


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De droudrou, le 16 juin 2006 à 18:25
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Mon cher impétueux, je partage tout à fait votre avis. Quand West Side Story est sorti au cinéma, il est demeuré en exclusivité pendant très longtemps au cinéma Georges V à Paris. Pour les provinciaux que nous étions, il y avait peu de copies de la bande cinématographique et il m'a fallu attendre je ne sais combien de temps avant de pouvoir voir enfin un film exceptionnel qui remettait littéralement en cause toute notre vision du cinéma. Depuis, d'autres choses ont fait qu'il y a eu un certain moment un renchérissement de la qualité cinématographique et qu'il n'est peut-être plus possible aujourd'hui de faire tenir nos avis par les jeunes générations. Néanmoins, d'accord c'est un chef-d'oeuvre, mais, vous, avez-vous vu la version scénique de ce film ? J'ai eu cette chance il y a quelques années et elle se différencie par la présence d'un ballet superbe dans le rêve, dans l'absolu que tous recherchaient. C'est magnifique. Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas un seul instant.

Pierre

petites anecdotes à propos de West Side Story : Richard Beymer (Tony) qui fait des prouesses athlétiques dans le film quand il passe par dessus le grillage et les renouvelle dans Le Jour le Plus Long a été déclaré inapte au service militaire. La carrière de Georges Chakiris est demeurée floue. Quant à Rita Moreno, superbe dans la scène du bar où elle vient délivrer le message et plus superbe encore auprès de son partenaire dans America, elle apparaît dans ses autres films plus en second rôle voire en figurante. Tout cela est dommage. Russ Tamblyn n'était pas aussi fallot que dans Les sept femmes de Barberousse. Quant à Nathalie Wood, nous avons perdu une personnalité plus qu'intéressante.


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De Impétueux, le 16 juin 2006 à 18:33
Note du film : 6/6

Un simple mot sur George Chakiris : c'est, à mon sens, la seule fausse note (mais elle est, hélas, d'importance !) des Demoiselles de Rochefort, chef-d’œuvre de grâce et de légèreté, dans lequel il n'est pas trop à sa place, sa virtuosité chorégraphique ne suffisant pas à donner du corps au personnage qu'il incarne.


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De droudrou, le 17 juin 2006 à 09:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Vrai ! Mais, cher impétueux, j'avoue avec honte que pendant des années j'ai considéré ce film "mineur". Donc,autant pour moi, pas digne d'intérêt d'être vu. Et puis j'ai fait l'achat d'un coffret proposé par Télérama dans lequel il figurait et j'ai constaté ma "c….rie". C'est vrai, c'est effectivement Chakiris la seule fausse note mais il faut certainement penser que Demy voulait profiter de l'aura de l'acteur suite à West Side Story.

A bientôt.

Pierre


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De EGO, le 28 octobre 2008 à 11:50

George Chakiris n'eut qu'un bonheur dans sa carrière et ce fut aussi son malheur. Le rôle de Bernardo dans " West side" lui offrait, en effet, tout loisir d'exprimer ses multiples talents comme jamais plus tard il n'aura liberté de le faire. Danseur félin, d'une grâce folle, comédien habité particulièrement efficace dans l'intrigue noire, chanteur à possibilité, enfin. " West side " lui valut l'Oscar, on le sait, Hollywood ne laissa pas filer cette nouvelle étoile mais la distribua dans des films fort passables où la jeune idole ne dansait pas. A mon sens ses qualités dramatiques eussent dû suffire. On a bien admis que Montand ne chante pas dans ses films, pourquoi ne pas admettre que Chakiris était un réel comédien, efficace sans pirouettes ni entrechats ? " Flash from Ashya " ( avec Brynner et Widmark ), " Squadron 66 ", " Le seigneur des îles", " le Roi du soleil", autant de productions qui n'eurent qu'un succès moyen. Et pourtant Chakiris y était adroit et convaincant en un personnage cousin de Bernardo, individu écorché, révolté, rude. Il migra en Europe où il tourna encore " Dernière mission à Nicosie" et, avec Deville, sa toute première comédie légère : " On a volé la Joconde " dans lequel, en rat d'hôtel de luxe, il était un comble d'élégance. " les Demoiselle de Rochefort " sera son second franc succès. Pourtant, reconnaissons- le, ce qui manque à ce film formidable pour être définitif, c'est une bonne chorégraphie. Il ne l'eut pas. Chakiris ici a le ballet modeste pour ne pas dire médiocre, très en dessous de ces réels moyens. Un gâchis dont il n'était pas franchement responsable. Ceci dit, il était un peu scoumounard, le père George. Aujourd'hui, il s'occupe de joaillerie lui qui avait commencé sa carrière avec un joyau.


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De PM Jarriq, le 28 octobre 2008 à 12:23

Et une pensée émue pour le pauvre George, qui est quand même passé de West side story aux Filles du lido, minisérie de TF1 !


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