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Forum : Rio Lobo

Sujet : Une oeuvre de maître !


De Duke, le 18 janvier 2003 à 11:20

Dernier du tryptique comprenant "Rio Bravo", "El Dorado" et "Rio Lobo", c'est un beau film un peu triste. Wayne est âgé, fatigué, le scénario est calqué sur les deux précédents, mais ça reste du grand cinoche. Vivement !


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De Jarriq, le 28 avril 2003 à 19:55

L'âge commence à se faire sérieusement ressentir chez Hawks et Wayne, difficilement crédible en colonel dur à cuire, au début du film. "Rio Lobo" est un drôle de western, construit à la diable (un tiers pendant la guerre, un tiers de comédie et un dernier tiers où Hawks se débrouille pour se retrouver une fois de plus dans la situation de "Rio Bravo" et "El Dorado", c'est à dire nos héros assiégés dans le bureau du shérif !). A part le délectable Jack Elam qui en fait des tonnes en gâteux fou de la gâchette, les seconds rôles sont faiblards, le dialogue n'a aucune tenue (contrairement aux deux autres films cités) et Wayne a vraiment l'air de se pasticher lui-même. Si ça fonctionne par moments, c'est grâce à l'étrange sensation qu'on ne reverra plus de film de ce genre, que c'est l'ultime représentant d'une espèce en voie d'extinction et aussi par la curiosité de voir Hawks s'évertuer, encore et encore à raconter la même histoire, avec le même héros.


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De Moonfleet, le 28 avril 2003 à 19:56

Un Hawks bien fatigué et bien paresseux. j'aurais souhaité un testament d'une autre trempe. Nous sommes très très très loin de Rio Bravo et Eldorado.


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De cormega, le 14 octobre 2005 à 18:50
Note du film : 5/6

Je ne trouve pas que "Rio Lobo" soit représentatif d'un coup de fatigue de Howard Hawks. Même si le morcellement du film en parties distinctes gâche un peu, la mise en scène de Hawks est à la fois brillante est plus nerveuse (plus visible) que dans ses deux précédents westerns.

Le film est plus violent et plus dur que les deux autres. Dans "Rio Bravo" on ne doute pas de l'issue du film (ce qui n'est pas un défaut) et "El Dorado" lui ressemble beaucoup trop (en moins bien) ce qui lui retire beaucoup d'intêret. Dans "Rio Lobo", les confrontations sont beaucoup plus musclées, ce qui est du en grande partie à la mise en scène de Hawks bien plus nerveuse (notamment l'usage du travelling dans certains déplacements qui renforce l'intensité dramatique du film).

Au final, je ne pense pas que "Rio Lobo" soit le vilain petit canard de la série. Individuellement, ce sont trois très bons films avec évidemment "Rio Bravo" au panthéon des westerns mythiques.


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De Romuald, le 14 avril 2009 à 00:20

J'ai suivi ce Rio Lobo avec un certain ennui….Je ne m'étends pas, Pm Jarriq a tout dit. Mais j'ai reconnu les similitudes avec Rio Bravo. Et un sourire, en passant, quand John Wayne se penche vers un soldat bléssé et l'ausculte, dianostiquant une cassure des vertèbres… Je ne note pas, n'étant pas assez au fait des westerns.

Mais je voudrais savoir comment s'appellent ces boules de paille sèche (?) qui traversent les rues, poussées par le vent, et que l'on retrouve très souvent dans les westerns. Je l'ai su et ne m'en souviens plus…

                                      pour \Lagardère

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De PM Jarriq, le 14 avril 2009 à 11:33

Cela porte le joli nom de tumbleweed.


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De Romuald, le 14 avril 2009 à 16:26

Tumbleweed…………Thank you, mister Jarriq !


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De PM Jarriq, le 14 avril 2009 à 16:36

You're welcome.


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De Romuald, le 14 avril 2009 à 17:34

Oui, c'est tout à fait ça …Et c'est un élément de décor très récurent dans les westerns . Surtout quand un cow-boy arrive dans une ville fantôme, désertée et balayée par le vent. Il y a même un épisode de Columbo intitulé "Jeu de mots" ou son enquête l'emmène dans un décor de westerns, au coeur d' un studio de cinéma désafecté, et on y voit ces fameuses Tumbleweed….On se demande comment ces boules se forment. Cela ajoute beaucoup au suspens du film. Elles arrivent un peu comme le grand ballon blanc qui court derrière Le prisonnier…..


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De sophie75, le 15 avril 2009 à 18:07
Note du film : 5/6

Rio Lobo, sans être du même acabit que ses ascendants Rio Bravo et El dorado, ne mérite pas d'être jeter aux orties. Certes, le poids des ans commence à se faire sentir, mais cela n'est pas un handicap dans ce film. Au contraire, même, puisque John Wayne ne rechigne pas à se parodier. L'héroïne va même jusqu'à le quaiifier de vieux, de mauvais acteur et de confortable !

En fait, contrairement au grand nombre, je trouve western sous-estimé, assez profond et romantique. D'ailleurs, rarement, la présence féminine ne s'est fait autant sentir dans un genre pourtant terriblement masculin. Ici, les femmes, par leur combat, leur humanisme, leur gentillesse et leur grâce contrebalancent les aptitudes guerrières, les manières gauches, la rudesse et les hormones de nos amis bipèdes producteurs de testostérone ;-)

La présence de Christopher Mitchum (c'est pas le fils du facteur !) appuie un peu plus encore la filiation directe avec El dorado.


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De sophie75, le 15 avril 2009 à 18:25
Note du film : 5/6

Pour Romuald, ces herbes roulantes se nomment des amaranthes blanches ou herbe à cochon et sont endémiques au continent Nord-américain. Le regretté Maurice Druon n'aurait pas apprécié un tel anglicisme.


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De PM Jarriq, le 15 avril 2009 à 18:35

Si elles sont endémiques à l'Amérique, comment peuvent-elles avoir un nom français ?


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De Arca1943, le 15 avril 2009 à 18:37

En effet, comment peut-on être en Amérique et parler français ? Je me suis souvent posé la question. Mais blague à part, il y a fort à parier que c'est ici que les tumbleweeds ont été nommés amaranthes. Peut-être dans les régions semi-désertiques du sud ds provinces des Prairies, où l'herbe à cochon ne manque pas, dans mon souvenir…


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De PM Jarriq, le 16 avril 2009 à 10:03

Evidemment, tout s'explique… Cependant, les fameux "tumbleweeds" ne correspondent pas immédiatement à l'image qu'on peut avoir du Canada !


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De Arca1943, le 16 avril 2009 à 12:22

Ah, le lac Louise, à Banff ? Mmh-mmh, pas mal. Eh bien, les régions semi-désertiques appelées badlands ne sont pas très loin : toujours en Alberta, continuez plus au sud…


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De PM Jarriq, le 16 avril 2009 à 13:42

Très beau aussi, mais d'ici (en France), quand on dit Canada, ce n'est vraiment pas la première image à laquelle on penserait. A tort, apparemment…


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De Arca1943, le 16 avril 2009 à 14:04

Ne le prenez pas en mauvaise part, cher Jarriq, mais j'ai plutôt tendance à me méfier des "premières images" que des Français peuvent avoir en tête lorsqu'ils pensent au Canada. J'ai bien peur qu'ils voient la chose comme une espèce de réserve naturelle qu'un pays au sens propre. (Genre Ma cabane au Canada et autres niaiseries).


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De PM Jarriq, le 16 avril 2009 à 14:10

Pas vraiment, en ce qui me concerne en tout cas. Mais c'est un peu comme la France… A l'étranger, on pense plus immédiatement à la Tour Eiffel qu'aux gorges du Verdon.

Mais maintenant, je vais pouvoir imaginer des tonnes de "tumbleweeds" roulant au milieu des avenues enneigées de Montréal.


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De Arca1943, le 16 avril 2009 à 14:13

Que dire ? Dans les circonstances, « Ouaip ! » s'impose évidemment.


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De PM Jarriq, le 16 avril 2009 à 14:30

Ce qui amène une (profonde) réflexion chez moi, sur l'origine du "ouaip" : il vient très certainement des vieux doublages de westerns en v.f., cherchant à faire correspondre le mouvement des lèvres avec le célèbre "yep" utilisé à tout bout de champ par les cowboys.

Comme quoi, le "tumbleweed" mène à tout.


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De vincentp, le 16 avril 2009 à 14:57
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Pour les amateurs de beaux paysages canadiens, il y a plusieurs westerns, dont le Walsh avec Alan Ladd (La brigade héroïque alias Saskatchewan). Il y a aussi Le grand passage (à quand une réédition ?) et effectivement des westerns récents comme celui de Walter Hill (qui n'est pas sorti en salle en France).


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De Arca1943, le 16 avril 2009 à 14:59

Mais mieux vaut un western canadien d'époque comme l'excellent The Grey Fox (1982) avec Richard Farnsworth ou contemporain comme Paperback Hero avec Keir Dullea. C'est que les Américains ne connaissent pas grand-chose au Canada, en général.


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De Romuald, le 16 avril 2009 à 15:41

Quand je vous disais que l'indigence cérébrale d'un abruti (la mienne ) peut entrainer moults rebondissements, ici, géographiquement intéréssants ! Si Droudrou, éminent connaisseur d'opéras et d'opérettes était là, il vous chanterait : "-Nous avons fait un beau voyageuuuuuuuu ! Nous avons fait un beau voyageuuuuuu ! " (Ciboulette )

                               pour \Lagardère

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De sophie75, le 18 avril 2009 à 19:12
Note du film : 5/6

Je ne sais vraiment comment prendre la remarque sybilline de PMjarriq sur l'endémismme et le nom des plantes autochtones rattachées à un endroit. Comme je suis bonne fille, je vais donc la prendre pour une boutade… ou alors notre ami doit faire une utilisation toute personnelle de l'herbe à cochon !


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De vincentp, le 1er août 2011 à 22:12
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu ce soir, avec au départ un à-priori négatif. Petit à petit, au cours de la soirée, se forme dans mon esprit une évidence : voilà un chef d'œuvre absolu. Derrière un récit en apparence anodin, et une histoire de cow-boys vengeurs, une œuvre d'art magnifique, hyper-travaillée, esthétiquement très soignée.

John Wayne a pris de la brioche et joue avec talent les patriarches. La photo du vieux routier William H. Clothier est splendide, la mise en scène de Hawks montre des les premiers instants son efficacité : la poursuite du chariot par le colonel et ses troupes, sans un instant de répit, est un modèle du genre, avec une parfaite adéquation sujet-images. Puis alternance de séquences déroulées sur un tempo lent et d'autres sur un rythme rapide, figure stylistique typée chez le cinéaste. Quel talent quant à la façon de représenter le déplacement d'un groupe d'hommes ! Des mouvements physiques d'une grande fluidité, dont le caractère naturel repose sur une chorégraphie savamment imaginée, et des cadrages parfaits.

Des faits et gestes, des déplacements, des dialogues porteurs des idées-fortes de Hawks : l'amitié, la liberté d'entreprendre, la loyauté… Des valeurs qui permettent à l'humanité d'exister telle une flamme orangée et scintillante cernée de toute part par le noir du néant… Le générique d'ouverture, si emblématique, se conclut par quelques notes sourdes et syncopées renvoyant à des battements de cœur humain… Car Hawks a pour ambition de nous montrer la déclinaison des valeurs auxquelles il adhère, en société, au quotidien, face à l'adversité. Et de nous suggérer comment les mettre en œuvre : avec détermination, décontraction, en donnant le meilleur de soi-même pour obtenir le meilleur des autres.


Rio Lobo est plus grave que Rio Bravo ou El Dorado et est teinté de nostalgie. Hawks est désormais âgé (74 ans), comme son acteur fétiche (John Wayne a 63 ans en 1970). Un coucher de soleil, un climat nocturne prononcé, un John Wayne représenté comme une icône, agissent sur nos perceptions. Le personnage interprété par John Wayne peine à comprendre comment une jeune femme peut être balafrée par un des shérifs scélérats. Une possible réaction face au western spaghetti et à sa violence, qui se sont imposés au début des années 1970.
Jennifer O'Neill produit une interprétation époustouflante de naturel et de nuances, qui en remonte à bien des starlettes actuelles. Une des grandes compositions féminines de l'histoire du cinéma américain (rappelant certaines rôles de Anne Baxter ou de Audrey Hepburn). Chapeau Mme O'Neill (qui a à six jours près, exactement 20 ans de plus que moi). Serais-je né trop tard ? Pas sûr.

Hawks (comme Walsh) a fait fort tout au long de sa carrière pour exploiter de façon merveilleuse le potentiel de ses actrices. Il donne libre court dans Rio Lobo à son attirance pour les femmes brunes, bien en chair, et de caractère. Rio Lobo est merveilleusement sensuel, avec ce trio de jolies jeunes filles, dont on aperçoit régulièrement les formes.

Un trio d'actrices occupant l'espace, et traduisant l'évolution de la société en 1970 : les femmes ne sont plus des faire-valoirs relégués au second rang. Les garçons vachers de nos westerns censés se dérouler à la fin du XIX° siècle en subissent les conséquences ! Jennifer O'Neill occupe logiquement à plusieurs reprises la place centrale d'un trio avec John Wayne à ses côtés, relégué sur un bord de l'image.

Rio Lobo est un très grand classique, extrêmement bien fait, œuvre d'un artiste de génie, sans doute l'un des plus grands cinéastes du siècle dernier, et qui signe via Rio Lobo une sortie de scène magnifique. Un merveilleux cocktail action-humour-sensualité, qui a généré en moi un sentiment de très grand plaisir et de totale plénitude !


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De vincentp, le 15 novembre 2015 à 22:31
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu ce soir en blu-ray. A mon avis, il s'agit d'un des meilleurs films de l'histoire du cinéma… En haute définition, la photographie de William H. Clothier est magnifique (paysages extérieurs de toute beauté, gestion de la lumière naturelle pour éclairer les intérieurs -comme la chambre d'hôtel). Perfection des plans -donnant par exemple de la vitesse à des objets en mouvement, et donc soutenant le rythme du récit.

Perfection de la direction d'acteurs (Jennifer O'Neil par exemple à la cinquantième minute). Le générique d'ouverture, magnifique sur un plan formel, annonce le ton de l'oeuvre : un mélange de douceur, de poésie, et de tensions. Une gestion du temps et de l'espace parfaite de bout en bout. Et puis bien sûr les thèmes de Howard Hawks (éloge de l'amitié, du professionnalisme) sont traités à la perfection.


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De vincentp, le 21 janvier 2018 à 21:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Nous sommes en 1970, la fin de carrière approche pour Howard Hawks, 74 ans (Rio Lobo est son dernier film) et pour John Wayne, 63 ans (Rio Lobo est son dernier rôle majeur). Wayne, omniprésent, est représenté comme une icone associée à l'histoire de l'Ouest : un avis de recherche dans le bureau du Shériff vise Hondo Lane, interprété par Wayne en 1953 (Hondo). Son personnage (Cord McNally) répond avec un sourire et un temps de retard quand on lui demande son nom. Les thèmes de l'amitié, du professionnalisme, développés dans Rio Bravo et El Dorado sont creusés à nouveau par les scénaristes Burton Wohl et Leigh Brackett, avec un accent mis sur une décontraction de groupe, un relâchement collectif dans l'effort. Sourires et répliques amusées proviennent des réflexions non-sensiques de Jack Elam, le grognard de service. Ou des images décalées suggérées par Jennifer O'Neill (qualifiant Wayne de "confortable", comme on parle d'un vieux divan).

Métaphore visuelles et sonores introductives sublimes : les cordes frottées en douceur de la guitare, représentée sous différents angles, suggèrent que chaque personnage doit s'accorder à ses semblables, pour produire un résultat collectif. C'est un groupe de plusieurs individus complémentaires, faisant fi de leurs origines différentes, qui sert de moteur à l'accomplissement du projet de société locale. Les hommes du groupe sont soutenus par trois femmes superbes, aux formes ou la psychologie affirmées. Face à eux, une violence déraisonnée, brutale, accompagnée de traîtrise : le mal incarné, universel, intemporel, dont il faut triompher. La gestion de l'espace et du temps de Rio Lobo sont superbes, portée par les images de William H. Clothier et la bande son de Jerry Goldsmith. Rio Lobo constitue le point d'orgue de la période du western classique qui s'est affirmée trente ans plus tôt avec Stagecoach réalisé par John Ford avec le même John Wayne.


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