King Vidor met en évidence la part bestiale de l'être humain, sa soif de conquête de territoire, et la violence qui l'accompagne. Ces éléments, alliés aux bonnes manières des colons éduqués à Harvard, sont montrés comme étant le socle de la civilisation américaine naissante.
Mais Le grand passage constitue plus encore une méditation sur la nature des relations qui unissent l'être humain à l'univers. Les mécanismes naturels régulant celui-ci, que l'on retrouve à l'état brut dans le grand Nord (fleuves impétueux et infranchissables,…), sont en discordance avec les mécanismes physiologiques et psychologiques du colon européen, et placent ce dernier en position d'infériorité. En rébellion contre cet ordre naturel établi, Spencer Tracy s'engage dans une quête mystique qui a pour objectif la conquête de cet univers (la guerre contre les français lui servant de prétexte) et de ses éléments constitutifs : eau, feu, air, terre. Plus puissants que les armes de conquête des belligérants (mousquets, cartographie), ces quatre éléments mettent logiquement à mal les assaillants. Sans parvenir toutefois à les vaincre. Une image très symbolique conclut ainsi le récit : celle de Spencer Tracy se confondant avec le soleil, dont il a acquis le pouvoir de vie.
Une oeuvre magistrale et étonnante, dont une copie neuve souligne les grandes qualités formelles et qui a visiblement influencé un nombre considérable de films américains (les films de Malick) et européens (ex:Aguirre).
Une édition dvd de Le grand passage sort le 5 septembre 2012, soit dans trois jours. Guerillas
sort également en dvd, ces jours-ci. The Naked and the Dead
semble lui être sorti en dvd en Italie, mais rien en France : curieux !
Par rapport à la chronique bien argumentée de Alholg sur ce film de King Vidor, j'ajouterais ceci : certes, le film est construit à partir de certains canons d'écriture cinématographique du début des années 1940 (péripéties abondantes, par exemple). Mais Northwest Passage
présente au moins trois intérêts (outre sa belle image en technicolor) :
On pense au départ avoir affaire à une oeuvre type des années -40, mais non. Personnages ambigus, propos nuancé et sujet à interprétation, rythme très soutenu, il est clair que l'écriture cinématographique est très moderne. King Vidor, cinéaste de très grand talent, fut clairement en avance sur son époque. Les vingt dernières minutes de ce présent long-métrage sont tout simplement magistrales, avec une direction d'acteur exceptionnelle, et une gestion de l'espace hors-norme. Vidor semble y pulvériser les conventions du cinéma de son époque.
Cela fait du bien de démarrer l'année 2015 de cette manière…
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