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Forum : King Kong

Sujet : Jackson surabondant


De PM Jarriq, le 20 mars 2006 à 10:12
Note du film : 4/6

Jackson est un grand réalisateur, aucun doute là-dessus, un esthète et même un visionnaire, mais il pâtit du progrès de son époque. Les F/X numérique de son King Kong, pour souvent excellents qu'ils soient, finissent par nuire à son travail. Quoiqu'on voie, quelle que soit la beauté du résultat, il y a quelque chose dans ces trucages, qui empêche d'entrer totalement dans le film. Impossible de ne pas penser à ces acteurs devant leur écran vert, à ces informaticiens devant leurs machines à créer des images… Le film de '33 semble aujourd'hui bien primitif, mais la magie opère encore. Ceci mis à part, King Kong est un pari plutôt réussi, qui rappelle souvent Titanic de Cameron, par son ampleur, son ambition, sa froideur aussi (et la mort interminable du Kong, qu'on dirait sciemment calquée sur celle de Caprio). Il y a pas mal de longueurs, mais heureusement des comédiens performants comme la très jolie Naomi Watts ou Jack Black en infâme individu. Le gorille lui-même est une vraie prouesse, faisant définitivement oublier le ridicule bonhomme costumé du remake de Guillermin, et parfois même l'original. La séquence où Ann Darrow se met à danser et à jongler devant la bête est un petit chef-d'oeuvre en soi. Dommage que le film fasse 3 heures, car arrivés à l'épisode new-yorkais, on est saturé d'images et de sons, et l'impact est considérablement amoindri. Le film gagnera sans doute à être vu en DVD, en plusieurs fois. Là, c'est vraiment trop bourratif. Le plus sympathique, ce sont finalement les clins-d'oeil de fans au film de Cooper & Schoedsack (Black veut "Fay" dans son film, mais on lui répond qu'elle est déjà prise sur un film de… Cooper), et on voit ENFIN la mythique séquence des araignées dans le ravin, tournée en '33, mais coupée et perdue à jamais. Là, on ressent vraiment un fantasme de fan réalisé, même si une fois encore, la séquence est beaucoup trop longue et gavée de F/X. Agréable donc, mais trop riche, comme un repas de fêtes de fin d'année.


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De PM Jarriq, le 23 août 2006 à 15:34
Note du film : 4/6

King Kong est annoncé en "extanded edition" ? C'est déjà tellement long, qu'on peut se demander ce qu'il peut bien y avoir encore à rallonger… A ce stade, on passe à la minisérie. Fâcheuse habitude, quand même… En tout cas, pour ce qui est de Peter Jackson, tous ses films sont maintenant sortis en deux versions, même Créatures célestes et Fantômes contre fantômes.


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De jipi, le 2 novembre 2006 à 14:05
Note du film : 5/6

A travers la perception des trois versions de King Kong, il est indéniable de constater qu'il s'est passé quelque chose.

Anne Darrow (Fay Wray) est le calque d'une héroïne ancrée dans les normes d'un nationalisme bien pensant. Malgré la crise les esprits sont positionnés dans des règles strictes relationnelles, un visage blême, des cris stridents et une parole close sont les portes paroles de la sélection.

En ces temps, il n'y a aucun moyen de communiquer avec ce qui est différent. King Kong effraie, il est la perception sensible malgré son isolement d'un tiers monde gigantesque aux mêmes exigences universelles: S'intégrer par la puissance de sentiments offerts et demandés. La sanction en ces années 30 est irrévocable, c'est impossible et on le paie cher. A travers l'élimination de la bête c'est le constat d'une société.

Dwan (Jessica Lang) parachutée en pleine crise pétrolière est plus sensible, moins effrayée, elle ébauche quelques phrases du genre « Nous deux ça peut pas coller » ce qui la rend enfin opérationnelle dans la diction sans cris inlassablement poussés, elle a la perception d'un animal certes hors du commun mais pouvant être managé. La belle et la bête communiquent enfin.

La nouvelle Anne Darrow version 2005 (Naomi Watts) prend sérieusement les choses en main, après un cri inévitable poussé à la première vision du singe elle s'adapte, fait valoir ses droits au respect, s'imprègne peu à peu d'une protection indispensable en ces lieux surdimensionnés, Kong sombre vaincu par l'autorité d'une voix et le galbe d'un joli corps qui jongle, un regard soutenu achève enfin la bête qui devient comme morte. Une énorme main tendue soumet la belle qui vaincue par ses sens prononce des mots dictés par le réconfort d'une sécurité domptée: C'est merveilleux.

Les trois versions sont évolutives et complémentaires. Kong fait référence chaque fois à ces arguments premiers de singe amoureux, c'est la belle qui se métamorphose, elle va vers Kong, le touche, s'endort dans ses bras sans aucune peur, l'idylle avec Jack Driscoll devient pale et secondaire celui-ci s'avèrant limité par sa position de bipède cloué au sol. Kong par ses possibilités naturelles offre le vertige des hauteurs crépusculaires à une belle conquise par ces visions nouvelles.

La belle ressent, vit pleinement le moment qui passe, Kong est un nouveau paragraphe inséré dans un relationnel amoureux. Dans cette jungle meurtrière les règles de puissances sont inversées, la protection c'est la bête qui percevant enfin l'intérêt de l'autre devient corvéable pour l'éternité.


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De Freddie D., le 1er janvier 2007 à 14:10
Note du film : 4/6

La "version longue" (enfin… ENCORE plus longue !) de King Kong ne présente pas de changement notable, à part une attaque de plus de bébête préhistorique, et des saynettes dialoguées. Le problème reste toujours le même : Jackson ne sait pas s'arrêter. Evidemment talentueux, peut-être même génial, il en rajoute, encore et encore, jusqu'à fatiguer le plus assidu des spectateurs. Il aime tellement ses personnages, qu'il présente deux fois les mêmes scènes. Ainsi, quand Kong agonise devant Ann à la fin, on s'en fiche un peu, vu qu'on l'a déjà vu succomber au chloroforme, exactement de la même façon, une bonne heure plus tôt. Quant à Naomi Watts, si elle a su échapper au cliché des hurlements stridents, son regard admiratif et énamouré devant le grand singe, finit également par lasser.

La revision du film en v.o. m'a permis de constater que la traduction de la réplique est toujours la même : "Ce ne sont pas les avions qui l'ont tué. C'est la belle qui a tué la bête". Mais "beauty" se traduit surtout par "beauté". "C'est la beauté qui a tué la bête", semble une traduction plus juste… En reconnaissant la beauté d'une femme, ou d'un coucher de soleil, le fauve devient humain, donc vulnérable. Etait-ce traduit de la même façon dans toutes les versions ?


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De vincentp, le 18 janvier 2008 à 13:22
Note du film : 4/6

C'est un bon divertissement, pour celui qui n'en attend pas des monts et merveilles… mais l'histoire aurait pu débuter directement par l'arrivée sur l'île. Et il manque un peu, beaucoup, de la poésie de la version des années trente.


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De Michel Perrin, le 19 mars 2008 à 18:57

J'espère que DelaNuit est là pour parler un peu avec moi de King Kong.En faitle film de Peter Jackson est pour beaucoup sans intérêt alors que pour moi c'est une merveille.D'accord,dans la plus ancienne version il y avait une certaine magie,dûe au vieux cinéma mais ce n'était pas très sérieux.J'entends par là que l'on voyait tout de suite que le gorille et les autres monstres n'étaient que des mannequins.Déjà dans la version de 1976 les choses avaient quelque peu changé.Mais de toute façon cela restait assez factice.Enfin,ce film était quand-même selon moi supérieur au précédent.D'aiileurs King Kong 2 qui en était la suite était très bien fait.Certains l'ont trouvé nul mais cela donnait une fin valable au chef d'oeuvre de John Guillermin.Pour en finir avec ces comparaisons je dirai que la version de 2005 est géniale car là,grâce aux images de sunthèse on a droit à un gorille parfait.En effet,il a tout l'air d'un vrai.Et oui,il ne marche plus bêtement debout et ses mimiques sont vraiment simiesques.Bien sûr on peut remarquer que le film est un peu trop long.En fait,il faut dire que le début est presque interminable.Mais si on y réfléchit bien le deuxième film était déjà du même genre.En fait,je trouve seulement que certaines scènes sont un peu niaises comme par exemple lorsque Ann et le singe dansent sur la glace.A part ça le film est quand-même un grand moment de cinéma.Et vous?Quelle est votre version préférée?


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De DelaNuit, le 20 mars 2008 à 23:40
Note du film : 3/6

Comme c'est curieux. Je me souviens très bien avoir écit un message sur ce King Kong tout à l'heure, et il a disparu.

C'était pourtant un message tout à fait courtois sans rien de particulier. J'y faisais référence aux oeuvres de Conrad et aux différences de relations de la belle et du gorille entre le classique de 1933 et la version de 2005. Je ne m'exlique pas que ce message ait disparu.

J'avoue qu'il n'est pas très motivant de se casser la tête à écrire des choses qui disparaissent ensuite de façon inexpliquée.

Quant à ceux ou celles qui s'agacent des commentaires récurrents de tel ou tel faisant une fixaton sur certaine actrice ou certain film, ils n'ont qu'à pas les lire et surtout pas y répondre, au lieu de jeter de l'huile sur le feu. Il me semble que le champ d'action est assez vaste, vu le nombre de films présents sur ce site.

Tout cela n'est pas très motivant, certes non.


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De DelaNuit, le 23 février 2009 à 18:25
Note du film : 3/6

J'attendais beaucoup de cette nouvelle version de King Kong.

Le King Kong de 1933 avec son animation image par image et son noir et blanc gothique, jouait la carte d'un fantastique prenant ses racines dans la littérature de la fin du XIXème siècle (entre Le monde perdu de Conan Doyle, et le She de Ridder Haggard), avec son île perdue peuplée de primitifs et de sauriens préhistoriques, son art de revisiter le thème de la Belle et la Bête entre une improbable chorus girl et un Esprit de la Nature sauvage ayant forme de gorille gigantesque, frère inquiétant d'un Nosferatu de Murnau

La version King Kong de 1976 tentait plutôt la carte du réalisme (exit les dinosaures) et du romantisme avec une Jessica Lange en robe du soir pâmée dans la grosse main poilue.

Cette nouvelle version de Peter Jackson semblait prometteuse après le soin qu'il avait apporté à restituer l'univers de Tolkien dans Le seigneur des anneaux. Il me semble plutôt s'être défoulé avec ce King Kong, et bien amusé. Mais le spectateur suit-il ?

Pourtant, ça commençait bien, avec cette Amérique des années 30 en crise, cette actrice sans boulot, ce réalisateur aux faux airs d'Orson Welles… Et puis en arrivant sur l'île, les références au roman de Joseph Conrad : Au cœur des ténèbres, dont Coppola tira sa célèbre adaptation Apocalypse Now. Il s'agit donc bien d'un voyage à rebours vers le passé primitif du monde. Le village des indigènes ne renferme pas un Marlon Brando déifié dans un temple khmer mais la porte d'un monde sauvage au delà du nôtre…

On a hâte de franchir cette porte. Et puis alors pour moi, ce fut rapidement la déconvenue. Ces images magnifiques, ces effets spéciaux soignés tournent au jeu vidéo ! Un tyrannosaure… puis deux, puis trois… et ça dure, ça dure… et encore des bestioles… Plus d'histoire, que de la bagarre et des effets spéciaux. Et puis le grand singe qui secoue la fille comme une poupée. D'un seul coup, toute crédibilité est envolée, on se retrouve dans un film parodique. Et cette crédibilité, pour moi, le film ne la retrouve jamais, hésitant constamment entre émotion, effets spéciaux et humour parodique. Les images sont certes magnifiques mais il faudrait choisir : est-on là pour s'intéresser au sort des personnages ou pour s'en amuser ?

Et puis sur le fond… Quand le film de 1933 montrait de façon explicite la bête tombant amoureuse de la belle, la déshabillant soigneusement comme on épluche une banane, puis la cherchant partout avec la furie du désir, cette nouvelle version gomme autant que possible toute ambiguïté. Entre eux, ce n'est qu'amitié ! La belle cherche l'image du père disparu, la bête cherche une amie, qui la fait rire par des pas clownesques de charleston. Devant une telle auto-censure, on reste pensif : ainsi, on pouvait donc évoquer plus de choses en 1933 qu'aujourd'hui ! Ce n'est guère flatteur pour notre époque…


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De DelaNuit, le 16 mars 2009 à 00:06
Note du film : 3/6

Est-ce vraiment la belle qui a tué la bête ?

La formule est bien tournée. Il est difficile d'y répondre. Est-ce la violence des hommes, née de leur peur, ainsi que l'inadaptabilité de la bête à notre monde qui l'a tuée ? Certes, Kong vivait sur son île dans un monde violent… Mais ce monde là, il le connaissait. Le monde des hommes lui révélait des surprises : ainsi, si Kong avait l'habitude de se battre contre des monstres volants, il ne s'attendait pas à ce que ceux-ci lui tirent dessus des projectiles meurtriers !

Si Kong se laisse piéger dans notre monde, c'est qu'il y cherche quelque chose. Et ce qu'il y cherche, c'est la belle. On peut donc dire que, indirectement, c'est bien elle qui l'a tué.

Pourtant, on peut aussi considérer que s'il s'intéresse à cette femme humaine, c'est qu'il n'a pas dans son île perdu de camarade ou de femelle. Il y souffre de la solitude.

Au bout du compte, ce qui a tué Kong, c'est donc la souffrance causée par la solitude, qui l'a conduit à prendre des risques en s'attachant à une femelle humaine qui l'avait touché, au point de se laisser capturer et mener à sa perte…


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De Pianiste, le 10 mai 2014 à 08:59

Après avoir regardé les différentes versions de King Kong, un constat s'impose: il y a du bon et du moins bon!

Si la version de 1933 peut paraître bien désuète de nos jours, il en émane une certaine magie des trucages et effets spéciaux qu'on ne trouve plus aujourd'hui. Bien-sûr, on a vite fait de remarquer que le gorille géant n'est rien de moins qu'un homme affublé d'un déguisement, mais le film, (surtout dans sa version colorisée), a quand-même marqué son époque. Il reste l'un des premiers de son genre et une sorte de La belle et la bête version fantastique.

Venons-en à la version de 1976, le gorille est toujours aussi peu crédible, ne serait-ce que pour sa démarche bipède qui n'a rien de celle d'un vrai singe. L'actrice est déjà plus sexy, ce qui est normal à cette époque qui se voulait déjà moins pudibonde. Il y a aussi moins d'animaux préhistoriques, mais un combat contre un serpent géant sera mémorable. Le film eut un grand succès bien mérité.

Je passerai en vitesse sur la version de 1986 qui est la suite du précédent et non un remake. Un film intéressant bien que légèrement enfantin. L'histoire d'amour entre les acteurs et celle entre les gorilles est presque comique. Jusqu'à la fin, où un bébé gorille vient assurer la descendance du roi de l'île.

Arrivons à la version de 2005, une réussite totale hormis certaines scènes assez ridicules, (comme celle où l'actrice danse sur la glace avec le gorille). Sans acheter la version longue, on a déjà un très bon spectacle digne de Jurassic Park. Le combat contre les tyrannosaures est anthologique et le gorille est très réaliste, sa démarche quadrupède ayant enfin été respectée. Grâce aux images de synthèse, on le croirait enfin vivant! On peut trouver cette énième mouture inutile, mais non, c'est quand-même un bon moment de cinéma. L'actrice est par-contre moins sexy que la précédente. Je trouve que le film a été plus réalisé en fonction du gorille très crédible.

Si on me posait la question sur celui que je préfère, je pense qu'il me serait très difficile de faire un choix et que chaque version a sa place dans l'histoire du cinéma. Et puis, une nouvelle version nous attend peut-être encore au coin d'une salle de cinéma….


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De Pianiste, le 15 novembre 2014 à 10:28

King Kong ayant toujours été pour moi un grand moment de cinéma, je viens de regarder encore une fois cette version de 2005. Il est vrai que pour ce qui est des effets spéciaux, ils sont vraiment bluffants. Le gorille est très bien réalisé et il se déplace enfin à quatre pattes, ce qui est bien plus véridique que cette démarche debout qui était si ridicule. Les tyrannosaures sont dignes de celui de Jurassic Park et leur combat contre le singe géant est mémorable. Les autre animaux préhistoriques sont aussi criants de vérité, il suffit de voir le troupeau de diplodocus pour se rendre compte du travail effectué par les réalisateurs. Pour ce qui est du reste de cette histoire où la belle a tué la bête, je reviendrai encore une fois sur la scène où le "couple" danse sur la glace et que je trouve vraiment grotesque. Il faut dire que cette actrice est loin de dégager autant de sensualité que les deux précédentes. Enfin bref, cela reste un très bon film dont la version longue ne fait que rajouter un plaisir certain.

Il me reste à disserter sur les autres versions, qui à mon avis, ont toutes un charme mémorable….


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De Impétueux, le 11 mai 2023 à 16:46
Note du film : 4/6

Je ne suis pas particulièrement amateur de l'histoire mythique de King Kong, mais il faut bien que j'admette qu'elle a suffisamment marqué l'histoire du cinéma pour susciter trois films qui ont eu un grand succès, sans même compter les séquelles (Le fils de King Kong) ou les pseudopodes (King Kong vs. Godzilla). Trois films, donc King Kong l'ancêtre d'Ernest B. Schoedsack en 1933, King Kong le remake de John Guillermin en 1976 et enfin King Kong rénové de Peter Jackson en 2005. Avec, à chaque fois, l'amélioration évidente des effets spéciaux qui finissent, on a bien raison de le dire, par envahir tout l'espace et à priver le film de son sens au bénéfice du spectacle qu'il donne.

Je n'hésite pourtant pas à donner au dernier film la meilleure note des trois. Non pas vraiment pour la qualité extrême de ce qui est présenté à l'écran, bien que ce soit quelquefois bluffant et superbement filmé. En disposant de tous les moyens financiers et de tous les progrès techniques possibles, un cinéaste aussi talentueux que Peter Jackson ne peut que réussir son affaire. Et de fait, il a le sens du mouvement, le sens du suspense, le sens des rebondissements. Aussi le sens de l'horreur : les fortifications basaltiques cyclopéennes d'une civilisation disparue, la survivance de primitifs qui vouent un culte au singe géant, leur émoi orgasmique, leurs yeux révulsés lors de la cérémonie sauvage – et grandiose – où la jeune femme est donnée en holocauste et en tribut au Seigneur Gorille, tout cela est magnifiquement tourné.

On peut dire, à juste titre, que trop, c'est trop, qu'il y a de trop longues séquences où les malheureux embourbés dans la jungle ne peuvent pas faire trois pas sans qu'un monstre préhistorique ne surgisse pour les bouloter. Et malgré toute l'inventivité des scénaristes et créateurs d'horreurs, on finit par trouver un peu longs ces moments où l'on sait bien que des personnages secondaires seront happés, engloutis, dévorés, sucés vivants, envahis, déchiquetés, mais où l'essentiel des protagonistes importants parviendra à s'en sortir. Remarquez que c'est à peu près la loi du genre et qu'on ne serait pas pertinent de s'en plaindre.

Mais donc, ce n'est pas ce que je trouve de meilleur au film. Et cela même si je me dis que dans une grande salle, devant un écran géant, avec la sonorisation adéquate, on doit vraiment en prendre plein les yeux et presque frémir d'émotion alors qu'on sait bien que la belle héroïne Ann Darrow (Naomi Watts qui n'est pas la plus jolie fille du monde mais qui est assurément une des plus séduisantes) et son amoureux vaillant Jack Driscoll (Adrien Brody) se sortiront, même piégés par des tyrannosaures, des lianes, des scorpions gigantesques, des sangsues immondes et bien d'autres monstruosités, de toutes les embuches.

Mais j'ai vraiment bien aimé le personnage fou, attachant, démesuré, passionné, cinglé de Carl Denham (Jack Black), le réalisateur du film. Cet homme qui ne pense qu'à tourner, à collectionner les images, à faire en sorte que le monde entier s'effraye et s'émerveille des mystères du monde. Et qui est prêt pour cela à absolument tout, notamment à n'accorder qu'une importance très relative à la mort de ses collaborateurs et compagnons. En voyant King Kong j'ai repensé, toute choses restant égales par ailleurs, à un des films qui m'a le plus fasciné : Cannibal holocaust de Ruggero Deodato (1980) où la volonté forcenée de tourner jusqu'au bout donne des images très dérangeantes.

Il y a dans la paranoïa, dans l'obsession, dans l'insensibilité de Denham pour tout ce qui n'est pas le film qu'il tourne quelque chose d'encore plus fascinant que les images toujours plus virtuoses des bêtes féroces et de la sauvagerie de l'île. J'ai trouvé ça beaucoup mieux que les balourdises du deuxième film qui présente des types à la recherche de pétrole et même que le premier où le réalisateur de film n'est pas animé par la même sorte de folie sacrée.

Cela étant, 3h20 (en version longue), c'est beaucoup trop, même regardé en deux ou trois fois ; on pourrait largement couper dans les trois segments du film : supprimer quelques attaques préhistoriques dans la partie centrale, quelques minutes, jusqu'à l'arrivée dans l'île maléfique, dans la première, qui n'a pas besoin de tellement de temps pour poser les personnages et surtout les deux tiers de la dernière, la mort de King Kong à New York, interminable, langoureuse et niaise.

La belle a tué la bête, on avait compris. Heureusement, Kong abattu, Ann va se précipiter dans les bras de Jack. Il n'aurait plus manqué que la Belle soit vraiment amoureuse de la Bête.


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