Bien sûr, cette production américaine pose un probléme: la vision non dénuée de clichés qu'ont les Américains de la France et des Français. Evidemment, pour nous montrer que nous sommes en France, on a le droit à un plan immédiat sur Notre-Dame de Paris puis sur les Champs Elysées. En outre, difficile de croire que les très britanniques David Niven et Deborah Kerr puissent incarner de bons citoyens français..
Mais comme souvent, chez Preminger, tous les clichés hollywoodiens sont transcendés par une mise en scène virtuose. L'idée géniale ici, consiste dans le choix des couleurs. Contrairement aux habitudes établies, les scènes du présent sont en noir et blanc et le flash-back, qui représente l'essentiel du film, est en couleurs.. L'utilisation du scope est toujours magistrale: Preminger nous y a habitués. Jacques Lourcelles a tout à fait raison quand i affirme: "c'est, plus nettement encore que les autres films de Preminger, un film de plasticien autant que de dramaturge".
Et puis il y a la présence émouvante de Jean Seberg, qui dans le rôle de Cécile, fait des prodiges. Sensible, légère, elle est en parfait accord avec l'univers de Sagan: une innocence teintée d'insolence. Godard n'est pas allé chercher très loin son personnage féminin de A bout de souffle. Dommage que ce pur talent qu'était Jean Seberg ait eu une carrière aussi malheureuse..
C'est vrai qu'elle aurait pu faire une grande carrière. Elle laisse l'image de la vendeuse de journaux de A bout de souffle, de la pucelle de Saint Joan, mais a hélas trop tourné de mauvais Chabrol, ou de Paint your wagon ou de Airport, pour laisser une empreinte profonde. C'était une comédienne intelligente et charismatique, et c'est vraiment dommage.
Visuellement superbe, mais ce film n'est pas très réussi, par la faute d'un scénario peu consistant. La farandole située à la trentième minute est par exemple complètement ridicule, et reflète des clichés américains à propos de la France (accordéon, etc…). Le jeu des acteurs, grimaçant à souhait, renvoie à une époque révolue. Deborah Kerr fut infiniment plus performante dans bien d'autres films (Black narcissus, Dieu seul le sait par exemple). David Niven était lui fait pour jouer des officiers de l'armée britannique, et semble ici complètement égaré sur la côte d'Azur… Navré, je ne partage pas du tout l'avis de l'excellent Verdun, y compris sur la prestation de Jean Seberg…
Je relèverai comme élément intéressant de Bonjour tristesse le générique d'ouverture de Saul Bass, et des très belles images de la méditérannée.
Je revois un peu ma note à la baisse.
Je suis d'accord avec les arguments de Vincentp; ce sont d'ailleurs les mêmes que je faisais il y a plusieurs années malgré ma note très positive.
Le film reste beau, notamment sur le plan visuel, voire innovant. Vous l'avez peut-être revu comme moi à la cinémathèque dans une très belle copie. Le sentiment de mélancolie est très bien rendu et seule différence avec vous, je trouve toujours Seberg bien et son dernier plan très beau.
Preminger s'est affronté à un roman culte, ce qui est toujours périlleux et n'a pas totalement réussi dans sa tâche même si le résultat reste honorable, sachant qu'il avait la qualité essentielle pour adapter Sagan: du style.
Il y a des films comme celui-là qui perdent un peu à la revoyure; en revanche Le cardinal ou Bunny Lake a disparu, revus durant cette rétrospective, n'ont rien perdu de leur éclat.
Dans le film, où la réalité du présent (filmée en noir et blanc) et les flash-backs (filmés en couleurs) s'entrecroisent, se déroule une histoire d'une grande simplicité : Cécile (Jean Seberg), qui se veut complice de son séduisant et séducteur père Raymond (David Niven), fait mieux que s'accommoder des innombrables maîtresses de son père, notamment de la favorite en cours, Elsa (Mylène Demongeot) ; ceci d'autant qu'elle est elle-même assez parfaitement rouée pour jouer son rôle au milieu des jeunes gens qui tentent de la séduire. Mais tout change lorsque survient dans le microcosme Anne (Deborah Kerr), qui est d'un autre niveau, d'une autre trempe que les habituelles oiselles dont Raymond, le père, se repaît.
La jeune Cécile ne supporte pas l'idée même que son père va lui être arraché, d'autant qu'Anne se considère déjà comme sa mère, l'incite à travailler (elle a échoué à son bac et doit préparer l'examen de rattrapage en septembre) entend fixer – et limiter – le cadre de ses amourettes. Comme une petite pécore vicieuse qu'elle est, Cécile va tendre un piège et Anne s'y perdra.Goût de cendres dans la bouche pour tout le monde ; belle dernière séquence qui intervient une année après les événements relatés et la mort – le suicide ? – en voiture d'Anne. Amertume et lassitude ; l'enfance s'est envolée et on sait que la vie sera une suite de routines et de désillusions.
On ne badine pas avec l'amour.
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