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Forum : Médée

Sujet : Avis


De jipi, le 11 décembre 2006 à 09:28
Note du film : 4/6

Ce qui est envoûtant est intemporel, Médée représente une parfaite illustration d'une progression lente, ennuyeuse presque fixe si l'on ne désigne pas ses longueurs interminables comme de l'art.

Médée (Maria Callas) à trahie les siens pour l'amour de Jason, ce n'est pas évident d'en faire une certitude tant les images sont peu mouvantes à peine convaincantes posées sur de longs regards fixes et silencieux.

Maria Callas offre un profil généreux, scruté par la caméra de longues secondes. Le cadrage Pasolinien est volontairement déroutant et imparfait ne montrant parfois que trois quart de ciel admiré par un visage sans corps.

Certains comportements sont anachroniques avec ces clins d'oeils et ses sourires modernes abusivement trop chargés pour l'époque.

Pasolini dénude les chairs masculines, elles semblent trôner et avouer l'homoséxualité meurtrière du cinéaste par leurs influences outrancières sur le film, le maître impose ses gitons dans une nature infinie d'un blanc teintée de rouge, les rituels sanglants sont acceptés par des sourires inconscients, les visages sont voilés et s'embusquent dans des tenues d'un autre temps.

L'esthétisme l'emporte sur l'histoire, si l'on veut approfondir le texte d'Euripide inutile de s'aventurer dans ces deux heures pénibles récupérées et imposées par un cérébral atypique se servant d'un classique pour s'ébattre.

Certes le manque de dynamisme est largement comblé par des décors et des costumes magnifiques l'emportant sur un conversationnel réduit au maximum. Certaines scènes décisives d'une violente insoutenable sont atténuées par une approche lointaine.

Pasolini donne la priorité à l'espace en le nommant Macrocosme, celui-ci avale l'homme minuscule fourmi se débattant dans des cérémonies barbares ignorées par une architecture elle même tourmentée par ses formes.

La lumière est vaste sans limites, sa force minimise de petits corps rongés par la puissance inassouvie, cette toison d'or est convoitée, volée, par une femme détruite suite à un amour violent sous la coupe d'une chaleur torride.

Une extraordinaire passion est annihilée, le calme flamboyant des étendues est oppressant, un lyrisme absent prend forme par de longs silences. La nature absorbe les vitalités de ses composants. Médée est dévorée de l'intérieur, la clarté de ces vastes distances reste imperturbable devant une nature humaine managée uniquement par ses passions et ses violences le tout sur une terre désolée.


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De droudrou, le 11 décembre 2006 à 15:31

Ouais ? Tu suis sûr ? Et Maria Callas, dans tout cela Jipi ? Est-ce qu'elle tient le rôle ? Est-ce qu'elle est Médée ou Callas ? Est-ce que Pasolini dans toute sa puissance homosexuelle la prend en compte ?

Je te pose la question sachant que j'avais l'intention d'acheter le DVD un jour prochain.

Mes questions : J'aime Maria Callas, cantatrice, première période. Maria Callas, cantatrice, seconde période m'énerve en sachant que ses spécificités l'emportent beaucoup trop. On reconnaît immédiatement la Callas à certains détails. On n'est plus dans le jeu d'une chanteuse. On est confondu à une Diva qui est "la Callas" avant toute chose : c'est bien pour cela qu'elle s'est plantée en beauté dans "Carmen". Ce qui ne veut nullement dire que Nicolaïs Gedda était mieux. Georges Prêtre avait dû se fourvoyer.


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De jipi, le 11 décembre 2006 à 15:54
Note du film : 4/6

Bonjour Droudrou

Difficile de répondre à ta question, personnellement je l'a trouve effacée, c'est à dire qu'une Irène Papas aurait certainement donnée plus d'ampleur au role de Médée en éxigeant une neutralité plus forte des sens du metteur en scène. Elle semble noyée sous le giton dénudé. Pasolini à l'esprit d'un homosexuel sado maso sanglant dévorant ses victimes après usage. la scène de l'éxécution est un rituel ou le condamné se rendant sur le lieu de son martyr jouit à l'avance des souffrances qu'il va subir. Le choix de Médée unique expérience de Maria Callas au cinéma est une erreur due en partie à la thématique trop prononcée d'un metteur en scène hors du commuun.


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De jipi, le 11 décembre 2006 à 16:10
Note du film : 4/6

Un film que j'aimerais par curiosité revoir est "La Porcherie" qui à mon avis n'éxiste pas en DVD.


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De vincentp, le 23 mai 2007 à 22:43
Note du film : 5/6

Une succession d'images, le plus souvent sans dialogues, qui stimule l'imaginaire du spectateur, offrant des possibilités d'interprétation multiple à ce récit issu de la mythologie. Les plans sont soigneusement composés (lumière, cadrages, expression des acteurs,..).


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De DelaNuit, le 26 mai 2007 à 01:05
Note du film : 4/6

Ce que j'ai trouvé intéressant dans cette "Médée", c'est qu'on y voit la difficulté d'être d'une femme issue d'un monde oriental où le Sacré est présent partout (Médée n'est-elle pas nièce de Circé et donc petite-nièce du Soleil…) jusqu'au sacrifice humain lors de rites de fertilité de la terre, et qui n'arrive pas à trouver ses marques dans un monde occidental où les valeurs n'ont plus rien à voir.

Arrivée en Grèce, on la voit errer et devenir folle car la Nature alentour ne lui parle plus, elle se retrouve perdue dans un monde où le Sacré n'a plus une place prépondérente. De plus, en tant qu'étrangère, elle est rejetée par les grecs et doit vivre hors de la ville. Elle en devient amère, et devant la trahison de Jason, qui dans son arrivisme, a l'intention de la quitter pour épouser une princese grecque, elle exprime la douleur due à la perte de ses repères et de son honneur à travers la violence.

Ce choc des cultures (accentué par les lieux de tournages : la Turquie pour l'orientale Colchide, pays d'origine de Médée, et l'Italie pour les rues de Corinthe) pose la question intemporelle des difficultés de compréhension entre les peuples et d'intégration aussi, un problème qui trouve une résonnance jusqu'à notre époque…

Sinon, pour ce qui concerne la présence de Médée au cinéma, on peut la voir beaucoup plus politiquement correcte dans le peplum britannique "Jason et les Argonautes" (de Don Chaffey) où elle danse dans le temple de la déesse Hécate sur une musique envoûtante de Bernard Hermann. On peut aussi entendre dans "Jamais le dimanche" de Jules Dassin la prostituée indépendante Ilya (Melina Mercouri) raconter sa légende avec beaucoup d'humour !


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