Tout ceci nous incite à soutenir RdT dans sa croisade en faveur d'un cinéma authentique, tourné avec les moyens du bord, (comme Bamako) bien éloigné du cinéma américain actuel, peu imaginatif, et qui tend à perdre tout contact avec la réalité. Un cachet de 17 millions de dollars pour un film est hallucinant et scandaleux, quand on voit le nombre de miséreux dans ce pays. Et je ne suis pas trostkiste, loin de là.

Football : je ne regarde JAMAIS de matchs, pour ne pas contribuer à perpétuer un des plus gros scandales de notre époque.

Halle Berry ? 14 millions de dollars ?? Mais… En quel honneur ? Pour Catwoman (c'est plutôt elle, qui aurait dû rembourser !) ? pour ses indigentes figurations dans X-men ? Pour son bikini dans James Bond ? J'ai du mal à suivre, là.

Que Nicole Kidman reçoive un cachet de 17 million de Dollars ou que Halle Berry reçoive 14 millions de Dollars me réjouit pour elles et ne change guère le regard que j'ai sur le monde… La société libérale, fondée sur l'inégalité de revenus fait qu'hélas, certains sont payés plus que d'autres. Cette funeste inégalité doit être dénoncée surtout quand l'on sait que l'immense majorité ont comédiens ont un niveau de vie qui avoisine le SMIC, si ce n'est pas moins. Cette funeste inégalité doit être vilipendée quand on se dit que la talentueuse Aissa Maiga reçoit certainement des cachets bien inférieurs à ceux d'Halle Berry alors qu'elle n'a pas moins de talent. Cette funeste inégalité me fait doucement marrer quand je songe à Ivana Karbanova dans Les petites marguerite…

La question de la valeur et surtout de la valeur en Art est néanmoins une chose paradoxale. Maints économistes s'y sont cassé les dents. Sur quoi est fondée la valeur d'une toile de Picasso? D'une toile de Léonard de Vinci? D'une toile de Vincent Van Gogh? Sur le travail de l'artiste? Sur son génie? Sur la valeur de l'oeuvre produite? Sur la loi du marché? Pour la beauté?

Pourquoi le P.D-G d'Airbus industrie est il mieux payé que ma coiffeuse? Certes pas pour sa beauté… J'ai pourtant une coiffeuse qui ressemble à Nicole Kidman… Et si ma coiffeuse était payée autant que le P.D-G d'Airbus industrie et qu'elle me proposait de l'épouser est ce que je protesterais? Non, car elle coupe les cheveux avec un grand talent, et que grâce à elle je suis très beau.

Depuis que les privilèges ont été aboli dans la nuit du 4 août 1789, nul ne peut considérer qu'une profession est moins respectable qu'une autre : les professions de P.D-G d'industrie, d'acteur, et de coiffeur ont tous trois la même noblesse. Qu'à l'intérieur de ces professions des distinctions sociales soient fondées sur le talent, nous autres français l'acceptons en râlant car nous accordons plus d'importance à l'égalité qu'à la liberté, ainsi que le déplorait déjà Chateaubriand quand Napoléon prit le pouvoir.

Mais si à la place de Napoléon nous avions eu Nicole Kidman l'aurions nous laissée fuir à l'étranger pour ne pas payer le salaire que sont talent justifie? Peut être et nous aurions continué à râler…

Vous direz : RdT arrêtez de divaguer Nicole Kidman n'accepterait jamais de vivre en France…

OK OK Mais qu'est ce qui l'empêche de venir : avec l'Euro supérieur au Dollars elle aurait quelques avantages : on la paierait 17 millions d'Euros.

Mais si je vous raconte tout ça, c'est en réalité pour une seule et unique raison :

En ce moment nous avons la chance d'avoir parmi nos actrices remarquables la délicieuse Aissa Maiga. Son talent ne demande qu'à être reconnu par nous tous. Et il serait dommage qu'elle parte vivre en Australie sous le simple prétexte que les internautes de DVDtoile, ne lui auraient accordé que 13 suffrages pour son film Bamako…

Vos réflexions sont tout sauf des élucubrations, RdT. Des inégalités excessives en matière de revenus sont choquantes de mon point de vue.

Mais plutôt que de discuter sans fin sur ce sujet, j'en appelle à la "mobilisation" et au "rassemblement" de tous les cinéphiles en faveur du cinéma non-formaté et d'auteur. Dans le "Positif" de ce mois-ci (qui se targue en page 65, non sans raison, avec l'encart d'abonnement, d'être de loin la meilleure revue de cinéma en Europe, et qui règle ses comptes avec son concurrent en page 1, dans un gunfight à couper le souffle) il est dit du bien :

• d'un film austalien 10 canöes 150 lances et 3 épouses,
• d'un film iranien : Hors jeu.

Deux films que je vais soutenir en allant les voir, et en les commentant ensuite si possible favorablement sur dvdtoile.

Voilà une action concrète et de portée immédiate.

Je serais de l'avis de tout un chacun à propos des cachets fabuleux du cinéma. C'est une polémique qui existe depuis longtemps déjà et à laquelle on n'apportera pas de réponse, hélas.

Je pense que tout système, dès l'instant où il passe en mode libéral, encourage ces dérives, favorisées par tout un chacun. On a longtemps évoqué les différences énormes entre cachets des vedettes de l'ancienne URSS et nos cachets européens qui étaient déjà sans commune mesure avec ce que percevaient nos amis d'Outre-Atlantique.

Que l'on s'indigne, bien sûr, mais il ne faut pas oublier que tout continue de se monnayer et se monnaiera encore bien longtemps. Dès l'instant où un nom apparaît sur un produit (je considère que le cinéma est un produit) et qu'il permet de vendre ce produit, il n'y a pas de raison que, devenant une griffe, il rapporte, même si ladite griffe est ou n'est pas de qualité. La notoriété n'a pas de prix et je me permettrai peut-être de choquer tout un chacun :

Quand "Eyes Wide Shut est sorti, c'était un Kubrick, certes. Mais si tous vous pouvez vous rappeler la bande annonce du film… Qu'était-ce pour nous attirer ? Question ! – Réponse : On voyait Nicole Kidmann qui, complaisamment nous dévoilait sa personne… Imaginez l'effet d'une présentation basée sur la fameuse scène de que j'appellerai celle du bal, ne voyant pas d'autre titre de référence… Bien trop intellectuelle pour une grosse part du public. Et je ne pense pas que Tom Cruise à lui seul aurait déclenché un tel engouement sauf, peut-être, à tout dévoiler de sa personne…

Alors, question à se poser : que vaut notre popotin au box-office ?

Il faut peut-être rappeler que sur la côte ouest des Etats-Unis, la réussite des individus se mesure avant tout à leurs gains professionnels. Un commercial vaut tant, un acteur aussi. Ils vous le disent, parfois même en se présentant à vous, comme vous, Droudrou, vous enlevez respectueusement votre béret pour saluer le curé de votre paroisse. En France les salaires sont tabous, mais par contre si vous avez deux chiens, trois chats, quatre enfants, et douze petits-enfants qui fréquentent l'école machin-truc, vous le faites savoir. A chacun son cadre de référence.

Ouais ! Alors ?