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Forum : La Guerre du feu

Sujet : Avis


De jipi, le 27 novembre 2006 à 09:46

Le feu n'a pas d'état d'âme, adoré comme un Dieu, il dissuade les prédateurs, s'adapte au plus fort. Ses adeptes ne le maîtrisent pas artificiellement, il l'entretienne sous la menace de le voir s'éteindre ou de se le faire dérober à chaque instant par des créatures encore plus dépendantes.

En disparaissant, il réveille les éléments naturels, le froid se déchaîne, décime sans distinction, la tribu se fissure, l'homme redevient vulnérable, tiraillé par la faim, convoité pour les mêmes raisons il se revêt en alternance d'une double fonction, chasser tout en se protégeant.

Au fil de la quête Le grognement découvre un rudiment de langage chantant, des soins sont prodigués sur le tas, le rire est distillé soudainement.

La stratégie guerrière violente est embusquée partout, la conquête de la chaleur mène à tout les excès, des alliés gigantesques s'investissent par l'offrande. Les rapports sexuels ne sont que des charges de buffles.

Le cheminement est bénéfique, en parallèle à la mission de récupération de la lumière, l'homme découvre ses limites et sa différence par la douceur et la protection d'un petit corps d'adolescence dénudée. La diversité tribale est prononcée, le savoir disposé de manière différente.

Ce que Naoh, Ika, Amoukar ignore, Gaw le sait et le montre en initiatrice de manière spontanée, le groupe prend conscience d'une nouvelle force, la bestialité s'estompe, l'émotion prend vie dans l'appropriation d'un corps mieux respectée.

L'homo sapien découvre une condition nouvelle plus forte basée sur la dominance de ce que l'on croyait être indomptable. Le feu est domestiqué, de nouvelles armes plus promptes et destructrices sont élaborées.

La guerre du feu est une montée en puissance de l'homo sapien, en découvrant les sens par l'intermédiaire d'esprits plus évolués il s'affine en passant de l'animal au ressenti. La perte vitale de départ est une aide des Dieux, un devenir passe par l'exploration de vastes plaines offrant malgré les dangers une architecture nouvelle basée sur une raison en expansion.


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De droudrou, le 28 novembre 2006 à 14:29
Note du film : 6/6

Salut Jean-Paul ! Mon cher Jipi, je répondrai à ton analyse en pensant à Louis De Funès dans "La Grande Vadrouille", dirigeant les répétitions du "Carnaval Romain" de monsieur Berlioz et non "Le Carnaval des Animaux" de monsieur Saint Saëns.

  • C'était très bon ! C'était parfait ! Je suis content de vous ! Par contre, mon cher ami, vous n'êtes pas allé assez loin dans votre présentation de la "Guerre du Feu"… Vous auriez pu faire mieux. C'était moyen, c'était même très moyen ! C'était même très mauvais ! On recommence !…

Ce que mon ami Jean-Paul ne dit pas alors qu'il le sait : Ce film est le complément nécessaire, voire indispensable de "2001, l'Odyssée de l'Espace" de Stanley Kubrick. (Je n'aime pas le titre français. Ce n'est pas "L'ODYSSEE" mais comme le dit bien le titre original "2001, a space Odyssey", une possibilité, une potentialité !). Il en est le prolongement du "prologue" et de l' "épilogue".

2001 nous raconte en un prologue à couper le souffle l'Histoire complète de notre civilisation. Les hominiens vont connaître une suite incroyable de découvertes : vaincre leur peur, approcher du monolythe AMT 1 et découvrir la matière, les armes autres que les pierres qu'ils utilisent habituellement pour chasser les intrus de leur territoire, en tuant la bête, vivre d'autre chose que du simple ramassage voire de la cueillette et, en plus, ils découvrent une énergie formidable qui est capable de rivaliser avec l'attraction terrestre… avant de se lancer plus avant vers la "conquête" (mot que je n'aime pas et que je complète par "découverte) spatiale et aller à leur quête de nos origines. L'apparition finale de "l'enfant des étoiles" apparaît comme un symbôle où l'homme exprime une origine qui n'appartient pas à la terre. C'est un sujet sur lequel on pourrait à la fois monologuer et dialoguer pendant des heures sans parvenir à résoudre le mystère. C'est ce qui fait notre différence avec le divin qui lui sait.

"La guerre du feu" est plus terre à terre. Mais c'est aussi une quête, une nécessité. Un besoin de sortir de notre monde pour aller vers d'autres mondes et peut-être trouver ce qui nous manque. On est là devant une nécessité première qui perdure jusque nous aujourd'hui avec la mondialisation. La connaissance de l'autre se fait par l'échange. Et si à cette époque on se bat, c'est pour protéger un territoire. On n'en est pas encore à l'époque des conquêtes. Il faut survivre. Il faut bâtir un univers qui nous protège et que l'on protège réciproquement. On sait également que l'évolution des uns et des autres n'est déjà pas la même. On s'en aperçoit au hasard des rencontres que nos compères vont faire.

Effectivement, il va y avoir des échanges. Effectivement, on va découvrir une "civilisation" qui culturellement est certainement moins frustre que celle à laquelle nos héros appartiennent. Il y a dans le film de Jean-Jacques Annaud un point très fort qui est l'importance que joue déjà la femme dans l'univers de cette histoire, car pour moi nous n'en sommes plus à la préhistoire. Elle représente déjà beaucoup de choses et elle le prouvera jusque les dernières images.

Temps fort du film qu'a évoqué Jipi quand la fille se retourne pour faire l'amour. On quitte le niveau de la bestialité. Autre temps fort quand pour soigner on recherche d'autres produits que ceux sécrétés par le corps. Autre niveau de culture quand on découvre que c'est bon de rire. Mais aussi quand tous découvrent que le complément indispensable de l'univers de l'homme autre que pour se reproduire est la femme : quand l'abruti fait tomber dans la flotte le récipient où sont enfermées les braises, qu'il n'y a plus rien pour faire le feu, que l'un se souvient avoir vu une certaine façon de pouvoir le produire mais ne sait comment le reproduire, c'est la femme qui fera le relais et qui apportera le feu, si précieux.

Et il y a cette image de la fin qui est certainement une des plus belles images du cinéma : le couple qui, le soir, veille devant cette lune immense, contemplant l'univers des étoiles vers lequel l'homme ira un jour et que, épousant la même forme ronde de la lune, le ventre de la femme porte l'avenir de l'humanité. La douceur rare de ces quelques instants… Ce pourquoi nous sommes là et ce pourquoi nous devons continuer d'exister…

Je n'aime pas Jean-Jacques Annaud. Il n'y a que 2 films que je lui concède : "La Guerre du Feu" et l'adaptation splendide du livre d'Umberto Eco "Le Nom de la Rose". Autrement, il m'agace. Qu'il veuille prouver qu'il est capable de faire aussi bien que d'autres sur des sujets variés, okay. J'accepte. Mais il peut nettement mieux et certainement de façon plus originale.

Je m'éloigne et j'en reviens à mon ami Jipi.


Mon ami Jean-Paul qui n'a pas précisé l'importance des dialogues dans le film "La guerre du feu". Les dialogues ont été écrits par un écrivain anglais que j'aime beaucoup et qui pratique notre langue certainement mieux que nous la pratiquons nous-mêmes. Si Anthony Burgess est un excellent auteur de romans et nouvelles, il est aussi un professeur de sémantique. Et avec une équipe de chercheurs, analysant les restes des hominiens de l'époque à laquelle est supposée se dérouler cette histoire, ils en sont arrivés à déterminer un certain profil permettant de pouvoir situer les prémices d'un langage universel à venir. Et chose importante, car Burgess n'est pas seulement auteur du langage particulier de "Clockwork orange", il a créé des sons, des borborygmes comme "Âtra", l' "Âtre", le feu qui donne son titre si évident au film.

Et comme l'humour est chez moi un défaut auquel je ne sais résister, si la mise en scène est de Jean-Jacques Annaud, les dialogues d'Anthony Burgess, les costumes ne sont pas de Donald Caldwell pour tous ceux d'entre nous qui se souviennent de "Au théâtre ce soir" à la télé…

Amitiés à tous. Droudrou

 

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De jipi, le 28 novembre 2006 à 15:48

Quelle forme Droudrou bravo. C'est vrai que tout ce que tu écris est évident, tu vois tu es largement indispensable sur la continuité d'un texte (le mien par exemple) prenant une forme adulte par les nombreuses informations que tu donnes, c'est le jeu, on ne peut pas tout cerner en quelques lignes et en fonction de sa personnalité l'approche est différente. Pour Anthony Burgess bien sur que je connais son impact sur le film, l'indispensable apport féminin également. Pour le reste satisfait d'un texte que l'on trouve honorable, on s'aperçoit qu'au delà de ses mots semblant tout dévoiler se dessine un océan gigantesque à découvrir. C'est ce que je désire faire par un premier jet qu'il faut naturellement surgonfler par des infos qui en y réfléchissant bien sont infinies, la richesse de ton texte en est la preuve. On ne peut que s'incliner devant un tel foisonnement.


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De Impétueux, le 24 août 2008 à 19:48
Note du film : 2/6

Du roman emphatique et enfantin (paru jadis en collection Rouge et Or, c'est dire !) de J.-H. Rosny aîné qui connut un grand succès, Jean-Jacques Annaud a tiré un film point vraiment déplaisant, mais souvent enquiquinant, et surtout inutile… Il y a quelques années, un documentaire mis en scène, sous l'inspiration du savant Yves Coppens, intitulé L'Odyssée de l'espèce était autrement captivant qui résumait en quatre-vingt-dix minutes des millénaires d'évolution et de marche vers la civilisation…

Comment se passionner, en effet, au delà de dix minutes ou d'un quart d'heure pour les aventures de demi-singes velus et peu reconnaissables entre eux, s'exprimant par couinements indistincts ? Ce quart d'heure, précisément, suffit à Stanley Kubrick, dans 2001 pour épuiser le sujet et, après des images sublimes, passer à l'essentiel : l'aventure humaine… Le roman de Rosny, autant que je m'en souvienne, s'il n'emploie évidemment pas le langage articulé, nous fait entrer, non sans artifice, dans les cerveaux primitifs et découvrir leurs motivations rudimentaires… Mais le défi que se lance Annaud n'emploie pas cette ficelle-là…

D'où l'impression d'avoir davantage affaire à des primates qu'à des hommes, sauf à certains moments qui n'échappent pas, d'ailleurs, au ridicule : ainsi lorsque un des chasseurs de feu découvre, dans les cendres éteintes de la tribu que lui et ses compagnons guettent pour récupérer les précieuses flammes, que ceux qu'ils poursuivent sont anthropophages : la vertueuse indignation alors ressentie est plutôt grotesque…

Autre ridicule, la sorte de connivence avec le troupeau de mammouths, que le groupe de chasseurs met dans sa poche, si l'on peut dire, et qui joue un peu le rôle de la Cavalerie dans les westerns de série C.

Si la musique (de Philippe Sarde, pourtant), est absolument insignifiante, quelques ciels d'hiver sont bien filmés et les paysages, dans leur morne sauvagerie – pas la moindre trace de culture : on est vraiment à l'aube de l'Humanité ! – ont quelquefois ce côté pitoyable qui sied à la condition de nos très très lointains ancêtres…

Car le pire, c'est que ce sont là nos ancêtres ! Brrrr ! on en frissonne de dégoût mais on est bien obligé de l'admettre ! Avant que le culte des morts, l'écriture, l'agriculture commencent à faire leurs effets, il y aura encore bien des millénaires de sauvagerie….

Aucune origine n'est belle, a écrit mon vieux maître Maurras. Et comment !


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De DelaNuit, le 24 août 2008 à 23:24
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai pour ma part adoré La guerre du feu.

Je ne m'y ennuie pas une minute, et j'y trouve bien rendue la poésie primitive que peut nous inspirer l'origine de l'humanité. J'adore les paysages, le jeu des acteurs… et la musique de Philippe Sarde, avec ses flûtes de Pan, ses percussions et ses envolées symphoniques, demeure depuis vingt ans l'un des disques qui me procure le plus d'émotion.

La scène de contact et de compréhension entre l'homme et le mammouth, avec échange de regard, manque peut-être de réalisme ? Je la trouve en tout cas très belle, elle est peut-être ma préférée dans le film.

Cette poésie primitive des origines m'exalte autant que le tableau de Fantasia présentant, sur la musique du "Sacre du Printemps" de Stravinsky, la naissance de la vie, les erruptions volcaniques, l'émergeance des terres de l'océan primordial, la montée des êtres de l'eau à l'air libre… puis l'odyssée des grands sauriens (ces "lézards terribles" dits "dino-saures") des marécages luxuriants et obscurs aux déserts brûlants où s'enlise leur espèce.

Comme quoi, les goûts et les couleurs… Je conviens cependant que ce type de cinéma ne peut pas plaire à tout le monde ! Peut-être faut-il avoir dansé avec les faunes dans les forêts profondes pour apprécier tout cela ?


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