…ce film – que je croyais de Richard C. Sarafian – raconte l'histoire classique d'une escalade de la violence entre deux familles campagnardes rivales (du Tennessee, si je ne m'abuse). Les deux pères de famille sont Rod Steiger et Robert Ryan, tous deux excellents. Vigoureux acteurs, idéaux pour ce genre de rôle, tous les deux capables en même temps de faire sentir le caractère borné et plutôt pitoyable de leurs personnages respectifs, engagés dans une absurde vendetta familiale qui tourne au jeu de massacre. Pour ses débuts au grand écran dans le rôle titre, la jeune Season Hubley est des plus troublante. La sombre histoire est racontée sur un ton désolé qui lui sied parfaitement, et par ailleurs les affrontements et fusillades sont bien réglés. J'adore le style de photographie propre à l'époque, qui atténue les couleurs vives et privilégie les éclairages crépusculaires, la poussière en suspens, les palettes d'ocres et de bleus. Ce film âpre et direct, mineur mais attachant, fait partie de la courte vague "réaliste" du cinéma américain, avec un esprit un peu comparable à I Walk the Line, The Rain People et quelques autres. Nombreuses tueries, dans un climat de drame de mœurs mélancolique.
Curieusement, Sarafian semble d\'être reconverti comme acteur, sur ses vieux jours. Il jouait entre autres un mafieux dans Bound.
En tout cas, il serait bien d\'éditer ce Lolly-Madonna XXX et The man who loved Cat Dancing.
C\'est curieux, le cinéma. Ce Sarafian a un côté tâcheron, sa carrière dans la mise en scène semble avoir tourné court et pourtant… Man in the Wilderness n\'est pas loin d\'être un chef-d\'oeuvre. Allez comprendre.
On avait déjà parlé, je crois, de ces mystérieux tâcherons, capables subitement de pondre un grand film, et un seul (Joanou et Les anges de la nuit, par exemple).
D\'heureux concours de circonstances, probablement.
Ou une bonne équipe. Quoi que dise la sacro-sainte théorie des auteurs – qui ne prête qu'aux riches et attribue systématiquement au réalisateur toutes les bonnes idées qu'elle trouve dans un film – le cinéma est autant, selon les films, un art d'équipe qu'un art d'auteur.
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