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Sujet : Critique


De dumbledore, le 1er octobre 2003 à 09:37
Note du film : 4/6

Vivre libre est le second film américain de Jean Renoir qui retrouve Dudley Nichols au scénario, auteur considéré comme le plus européens des valeurs sûres d'Hollywood. Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale et Jean Renoir réalise un film ouvertement de propagande dans le but d'expliquer ce qu'est la Résistance aux peuples anglo-saxons qui ont tendance à mésestimer son importance dans les pays occupés par les Allemands.

Comme tout film de propagande, on a droit à un discours qui se doit être clair et net : il faut réagir, il faut se rebeller et ne pas accepter la présence étrangère qui s'impose à travers un certain nombre de petites collaborations.

Vu le contexte de création du film, il serait tout à fait légitime de classer le film comme mineur dans la carrière de Jean Renoir voire de l'oublier. Pourtant ce serait une erreur car Vivre libre, sans être un chef-d'œuvre, possède tous les thèmes, toute l'humanité et tout l'intelligence d'un film de Jean Renoir, qu'il faut – rappelons-le – garder dans le contexte de sa création.

On trouve ainsi au centre de l'histoire un monsieur tout-le-monde qui, poussé par les évènements, va trouver une humanité qu'il ignorait avoir. Le parcours est très proche des autres films de Renoir dont les héros sont populaires. On a la même apparente naïveté d'humanisme qui n'est en fait chez Renoir qu'espoir et action car, pour lui, les valeurs du bien ne s'atteignent qu'en luttant, en œuvrant au quotidien. On a également une mise en scène très fine et tout en beauté comme l'arrivée des Allemands au tout début du film ou bien encore la dernière scène de classe émouvante et réalisée avec intelligence jouant sur la « masse » de Laughton qui stabilise les plans, comme si le personnage permettait aux enfants de trouver un équilibre pas seulement visuel dans le plan mais qui fait sens thématiquement, un équilibre, intellectuel et humain.

Et puis surtout, il y a l'humour plein de vie de Jean Renoir. La première scène entre Albert Lory et sa mère est un régal de finesse et de drôlerie avec cette mère possessive et ce professeur (apparemment) écrasé mais qui possède déjà un esprit de défi de l'autorité (quand il donne le lait au chat). La scène en elle même comporte tout le film en résumé et finit avec une très belle pointe d'humour puisque la mère presse son fils car sinon il va être en retard à l'école.

Dans Vivre libre, même la construction des personnages est intéressante. Certes, on a reproché et on le reproche encore, au film d'être simpliste dans les personnages. Peut-être, mais Renoir, rappelons-le, voulait faire un film unanime et cette simplification prend sous sa caméra l'aspect d'une épuration, construisant un réseau de personnages qui propose tous les cas de figures possibles de la réaction face à l'occupant.

Le résistant qui reste inflexible et qui finit vite détruit, la jeune femme idéaliste mais sans pouvoir, la grande gueule qui joue le résistant par défi mais qui se révèle inopérant, voire collaborateur, etc, etc. Dans cette galerie en émerge une figure de Résistance. Pour Renoir, le résistant est celui qui passe inaperçu, l'homme invisible, qui a peur comme tout le monde (et là on est loin des clichés héroïsant des autres films de propagande) et qui a un courage au quotidien, petit mais répété et qui passe relativement inaperçu. Il est même possible que les raisons de sa résistance (pour les beaux yeux de Maureen O'Hara) ne soient pas les bons. Qu'importe. Seul compte l'effort…

Vivre libre est décidément un film à redécouvrir. Il est d'abord un pur plaisir car les comédiens y sont extraordinaires, Charles Laughton ayant même la possibilité de montrer une grande palette de jeu. Mais il est aussi un film sous-estimé.


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De vincentp, le 22 décembre 2007 à 23:05
Note du film : 4/6

L\'avis exprimé par Dumbledore est bien argumenté et l\'on ne peut que le partager pour l\'essentiel. Laughton réalise effectivement une composition de tout premier ordre, et sa seule interprétation mérite de redécouvrir ce film, peut-être un peu oublié de Jean Renoir.

Sans doute, le scénario que l\'on pourrait qualifier de très didactique pourra en rebuter certains. Il pose en effet un problème, présente une thèse et une anti-thèse, développe différents arguments, et tranche au final en faveur d\'une idée très simple : la résistance absolue vis à vis de l\'occupation tyrannique et le refus de toute collaboration avec le tyran.

Mais le sermon final de Laughton, en faveur de la résistance, est magnifique (par le fond et la forme) et rappelle des élans que l\'on trouve dans des films américains en faveur de la liberté et de la démocratie. Citons par exemple Mr. Smith au sénat de Frank Capra, Le rebelle de King Vidor, ou plus récemment L'idéaliste de Francis Ford Coppola

A redécouvrir !


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De michou-mouse, le 4 avril 2008 à 15:58

je voulais parler de Charles Laughton, que j'ai trouvé extraordinaire dans sa composition de Quasimododo dans le film du même nom,lequel, a été rejoué par Anthony Quinn qui joue aussi superbement, mais le premier en noir et blanc de surcroit est un chef-d'œuvre.


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De jfr, le 26 septembre 2010 à 20:10
Note du film : 5/6

Je viens de regarder Vivre libre (1943) de Jean Renoir (This Land is Mine), scénario écrit par Dudley Nichols et les interprètes principaux sont Charles Laughton et Maureen O'Hara.

Vous m'excuserez de vous livrer, un peu maladroitement, mes impressions à chaud, mais je suis heureux et fier d'avoir vu ce film et surtout qu'une telle œuvre existe.

Je ne suis pas un familier de Jean Renoir, en vérité il s'agit du second film que je vois. Je souhaite dire que si cet homme a quitté la France en 1940 pour réaliser ce film, alors nous pouvons le remercier et ne rien ajouter. C'est un film américain, le contexte historique a permis et incité ce film, mais le contenu et surtout la fin sont français.

Toutefois, saurons-nous nous pardonner que ce film ne figure pas au programme de nos écoles, peut être abordé par zèle chez certains, alors même que des chanteurs et leurs chansons y trouvent un échos certain car parrainés par des professeurs.

Je vous invite à voir ce film, vous n'en mourrez pas, au contraire, vous risquez de faire l'expérience d'une renaissance. Il est parfois utile de revenir aux choses simples à l'essence. Ici, elle nous est contée en nous montrant que tout homme peut s'éveiller à une certaine grandeur. La tyrannie et les jeux personnels ne sont pas le monopole d'un occupant que ce dernier n'est pas toujours un étranger.

Ma première rencontre avec Jean Renoir s'est faite avec French Cancan (version restaurée chez Gaumont). J'ai vu un film en trois volets, un opéra. Toutefois, je me suis imaginé qu'il y avait d'avantage que cette débauche de couleurs, d'envolée lyrique et de ces jeux d'acteurs impressionnants. J'en suis aujourd'hui sûr,Vivre libre, me le confirme.


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