Forum - Gran bollito - Un Bologni qui promet d'être très très atypique...
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Forum : Gran bollito

Sujet : Un Bologni qui promet d'être très très atypique...

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De Arca1943, le 23 octobre 2006 à 12:35

Selon les films et les "périodes", j'aime beaucoup ou j'aime moins Mauro Bolognini. Disons que la partie de son oeuvre qui lui a fait grande réputation n'est curieusement pas celle que je préfère : c'est celle qui se rapproche de l'école dite "calligraphiste", vec des films comme Metello, Bubù, Per le antiche scale, L'Héritage, La Grande bourgeoise, auxquels il faudrait ajouter encore Senilità (d'après Svevo) et plusieurs autres. Disons que je peux admirer, mais plutôt de l'extérieur, ces films très léchés, très concertés et – si je puis me permettre – un peu pesants.

Heureusement, ce réalisateur a d'autres "périodes", comme sa période "vériste", ou "réaliste" d'où émerge notamment son chef-d'oeuvre Le Bel Antonio (et me dit-on La Notte brava, que je n'ai toujours pas vu). Et en plus, Mauro Bolognini sort régulièrement de ses registres de prédilection, pour réaliser par exemple une farce de Totò (Arrangiatevi!, qui semble une grande réussite), ou un film d'aventures (Le Chevalier de Maupin, avec Catherine Spaak dans le rôle titre) ou pour s'essayer au récit historique-picaresque à l'italienne, comme dans le très bon Libera, amore mio.

Eh bien, voici un film de Mauro Bolognini qui semble TOUT À FAIT atypique et dont on parle plus volontiers sur les sites de "cinéma bis" du genre devildead et autres lieux. Gran bollito est en effet un film d'horreur, qui tire son titre (littéralement "la grande marmite") du gros chaudron dans lequel Lea (Shelley Winters !) fait mijoter quelques-unes de ses voisines. Inspiré du cas réel d'une serial killer de l'ère fasciste, Leonarda Cianciulli dite "La Saponificatrice di Coreggio", le film est scénarisé notamment par Sergio Amidei et Mario Monicelli, réunit un cast impressionnant et a la réputation d'être un film vraiment dingue, comme on peut le soupçonner en constatant que le rôle des trois principales victimes est joué par des travestis : Max Von Sydow, Alberto Lionello et Renato Pozzetto… qui ont chacun un double rôle (Von Sydow joue également le maréchl des carabiniers). À leurs côtés : Laura Antonelli, Rita Tushingham, Milena Vukotic, Adriana Asti

Bref, voici un O.C.N.I. de luxe sur lequel j'aimerais beaucoup jeter un oeil (à condition naturellement de récupérer cet oeil à la fin de la projection…)

Verdun, vous enhardirez-vous ?


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De Impétueux, le 23 octobre 2006 à 15:05

Ah ! moi je vote volontiers, de confiance et grâce au subtil plaidoyer d'Arca !

D'autant que les histoires de tueurs en série me passionnent, de façon générale, et que Shelley Winters, maman dupée de Lolita doit être particulièrement immonde, dans le rôle.


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De Arca1943, le 28 octobre 2006 à 20:42

Merci, cher ami, je n'en attendais pas moins de vous. L'année d'avant ce film, Shelley Winters jouait l'inquiétante concierge du Le Locataire ( «la locataire précédente s'est jetée par la fenêtre, ha, ha, ha !» ) et je ne doute pas qu'elle a fait un sort à ce nouveau rôle !


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De Arca1943, le 1er novembre 2008 à 18:36

Mais qui donc est cette dame au centre de la photo – entre deux âges mais toujours belle et mystérieuse – venue rendre visite à sa charmante quoique cannibale voisine Shelley Winters ?

Max Von Sydow dans Gran bollito! Quand je vous disais que Mauro Bolognini avait d'autres cordes à son arc…


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De hvalmit, le 11 août 2011 à 20:05
Note du film : 5/6

Et cet incroyable film truculent , cocasse et malsain n'existe pas sur Dvd ? C'est vraiment désespérant parfois….


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De verdun, le 26 décembre 2019 à 10:01
Note du film : 3/6

Italie, 1938. Lea ne vit que pour son fils, Michele. Sous ses allures de femme banale, elle cache une personnalité dérangée. Les méfaits qu'elle commet ne tarderont pas à éveiller l'attention des autorités.

La sortie en DVD et blu-ray de Gran bollito sous son titre international Black journal me permet de répondre, avec 13 ans de retard, à l'apostrophe qu'Arca m'avait adressée en 2006.

Bolognini le raffiné auteur d'un film de serial-killer morbide et grinçant, voilà qui peut surprendre… ceux qui ne sont pas familiers de son oeuvre. En effet, le cinéaste a toujours affectionné le macabre, la cruauté, l'exposition de la noirceur de la nature humaine, l'ironie et les sujets scabreux: le séducteur qui a des problèmes d'impuissance (Le bel Antonio), la femme qui couche avec tous les hommes d'une famille afin de faciliter son ascension sociale (L'heritage), les relations incestueuses entre un neveu et sa tante (Ce merveilleux automne), etc…Seulement voilà, le style élégant à l'extrême du réalisateur a souvent caché la noirceur intrinsèque de son cinéma.

Certes l'utilisation des acteurs Max Von Sydow, Alberto Lionello et Renato Pozzetto dans les rôles respectifs des victimes féminines de la tueuse en série crée un décalage. Certes il y a quelques décapitations inattendues mais elles sont filmées de manière très sobre, loin des débordements à venir de Fulci, Argento ou D'amato. Autre élément (involontairement) insolite: la présence de Laura Antonelli dans un rôle entièrement habillé, chose rare dans sa filmographie italienne des années 70…

Pour le reste, Gran bollito est un film assez typique de Bolognini en premier lieu par le soin extrême aux costumes, aux décors et à l'image. La photo de Armando Nannuzzi est presque blafarde, loin du style ouaté et quasi chichiteux adopté par Ennio Guarnieri pour Metello, Bubu, La grande bourgeoise ou L'héritage.

Les thèmes abordés sont également représentatifs de l'oeuvre "bologninienne": présence d'une figure féminine forte, ici plus monstrueuse que d'habitude, il est vrai, grâce à la présence impressionnante de Shelley Winters; peinture d'une civilisation décadente; évocation d'une histoire d'amour impossible, ici celle d'une mère possessive pour son fils.

Hélas Gran bollito est de mon point de vue davantage une curiosité qu'une perle oubliée. Le rythme est un peu languissant car, comme cela arrive parfois chez Bolognini, le scénario est un peu trop mince pour tenir 2 heures de film. Plus embêtant, d'autres films du cinéaste , comme L'héritage, Bubu voire Le bel Antonio semblent me semblent posséder plus de suspense, de tension, de noirceur et d'acidité que ce Gran bollito, finalement beaucoup plus pépère que prévu.


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