Un des grands films des années soixante-dix.
Une entrée en matière tonitruante, constituée de plans courts, introduit les différents personnages :
Ce récit naturaliste et lyrique est rythmé de bout en bout par une voix-off appartenant à un jeune personnage, qui nous est présenté après l'apparition de cette voix. Ce personnage disparaît petitement du récit avant la fin du film, mais sa voix-off lui survit. Ce décalage temporel entre ce qui est dit et ce qui est montré contribue à conférer à ces individus, ni bons ni mauvais, un caractère éphémère. Ils appartiennent à une espèce animale évoluant à un moment donné au sein d'un monde éternel…
« nos semblables, l'espèce humaine, une espèce animale parmi d'autres, qui tente maladroitement de s'implanter dans ce milieu, avec un modèle économique artificiel et inapproprié, lequel génère de la violence entre les individus, bloquant de fait toute tentative d'intégration »
Ne me dites pas que Terrence Malick est un adepte du naturalisme, vous allez me gâcher un de mes plus beaux souvenirs… et lisez donc plutôt "La Sédition de l'Homme", par Vercors.
Je reprendrai les termes de notre ami Vincentp – ils expliquent mon ressenti après avoir vu ce film.
Ce décalage temporel entre ce qui est dit et ce qui est montré contribue à conférer à ces individus, ni bons ni mauvais, un caractère éphémère. Ils appartiennent à une espèce animale évoluant à un moment donné au sein d'un monde éternel…
Je pense que c'est l'impression qui ressort de la vision de ses films. Les personnages passent. Pas de jugement. Et nous-mêmes, étrangers qui les regardons, éprouvons cette même difficulté à les juger.
J'ai pu voir en salle obscure hier ces Moissons du ciel grâce à la reprise de ce film en copie neuve sur les écrans français.
Je ne saurais dire si Terrence Malik exprime comme on le prétend souvent un Panthéisme (et encore faudrait-il se mettre d'accord sur le sens de ce terme : divinisation de la Nature ou présence de(s) Dieu(x) dans toute chose), ou bien s'il s'agit d'une allégorie du Paradis perdu dont l'homme a été évincé pour un monde sans rédemption…
J'ai lu quelque part d'ailleurs que la scène de l'invasion de sauterelles serait une allusion biblique.
Mais Dieu(x) que les images sont belles ! J'en retiens aussi un sentiment de sérénité et d'apaisement, malgré les tensions et les violences (lutte des classes, misère sociale ou humaine, maladie, jalousie…) et l'impression que l'homme n'est que de passage sur cette terre… Quand on voit ces humains si petits au milieu des champs de blé, ils ne semblent pas davantage que des insectes à l'échelle du grand Tout…
La voix off dit clairement : "Une chose est sûre, on ne vit qu'une fois sur cette terre, alors mieux vaut trouver cela agréable."
Un peu plus loin aussi, elle exprime le fait que les être humains, avec leurs qualités et leurs défauts ne sont ni fondamentalement bons ni fondamentalement mauvais, mais sont chacun "moitié d'un ange, moitié d'un démon".
De ce film et de l'oeuvre de Malik en général, je retiens la vision sublimée d'un monde sans concession, mais aussi sans jugement. J'attends avec impatience son prochain film Tree of Life…
Depuis le temps que l'on me chante merveilles sur le cinéma de Terrence Malick, je ne demande pas mieux que de me faire une opinion un peu structurée sur le bonhomme, rare, et, comme tous les cinéastes rares, souvent jaugé à l'aune de sa rareté. Il y a deux ou trois ans, j'avais regardé Le nouveau monde
et j’avais été à la fois séduit par la beauté des images et par l'indigence de l'intrigue et, surtout, de la philosophie, naturaliste, panthéiste, rousseauiste… tout ce que je déteste.
Mais alors, dès qu'on passe au récit, qu'est-ce qu'on déchante !! L'intrigue des Moissons du ciel est du niveau des Feux de l'amour,
légèrement au dessus des nouilleries du type Les oiseaux se cachent pour mourir,
puérile, oiseuse, mélodramatique, pleine d'une émotivité assez grotesque, sans substance et sans épaisseur.
C'est assez curieux, cette dispersion entre une beauté formelle un peu froide mais très intéressante, et un propos du niveau d'un ciné-roman. Finalement, ce Malick n'est qu'un ornemaniste…
Certains m'ont dit grand bien du dernier film de Malick, qui s'appelle À la merveille
; mais le scénario, lu sur Wikipédia me semble tellement indigent…
Ce qui frappe chez Malick, dans tous ses films, c'est la coexistence d'une nature paisible et édénique et d'une civilisation marquée par des drames durs. Le propos et la forme d'un auteur de grand talent (un des meilleurs cinéastes de ces trente dernières années), mais il est vrai que son cinéma ne peut pas faire l'unanimité.
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