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Sujet : Un film énorme sur la foi religieuse


De vincentp, le 3 septembre 2006 à 13:44
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un film au départ ambitieux, traitant de la foi religieuse, des conflits entre religions… Nombre d'auteurs se sont cassés les dents sur cette matière bien abstraite. Pas Dreyer qui délivre un film énorme, par le biais d'un scénario (qui dit à peu près tout ce qui peut être dit sur ce sujet) et d'une mise en scène de toute beauté… On peut apprécier en particulier la technique narrative qui consiste à démarrer une scène par des dialogues mettant aux prises des personnages ayant des psychologies bien déterminées, et représentant deux points de vue contradictoires, pour faire évoluer progressivement ces points de vue. Des éclairages et des prises de vue très divers accompagnent cette narration, lui donnant un maximum de dynamisme et de fluidité.

On demeure modeste dans cette analyse d'un film si riche et si abouti (se référer au dictionnaire de Lourcelles pour une analyse pointue et brillante), toujours intéressant (aucun temps mort), porteur d'une grande châleur humaine (tout sauf un exposé professoral) et que l'on conseille à nos amis cinéphiles.

Encore un grand maître (Dreyer, naturellement !), auteur d'une oeuvre réduite en volume mais magistrale en terme de qualité, à voir et à revoir, avec aussi Jour de colère, sur un sujet voisin. Certainement un sujet d'étude imposé dans toutes les écoles de cinéma, en particulier dans la section "mise en scène".


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De Impétueux, le 15 août 2010 à 00:13

Je doute, sans avoir vu Ordet, qu'il s'agisse de conflits entre religions ; tels qu'ils apparaissent au vu de l'analyse du film, et de l'origine du réalisateur, il s'agit de conceptions défendues par des familles de pasteurs.

Danois, donc luthériens ; l'interprétation libre de la Parole divine est une des caractéristiques du protestantisme, qui donne lieu à des gloses sans fin et à des positions antagonistes à qui personne ne peut donner raison puisque, ainsi qu'on le disait, lors de la Contre-réforme Tout protestant est Pape, une Bible à la main.

Mon aversion pour la Scandinavie ne me permettra pas de juger si, au delà de cette divergence de qualification, Ordet est un film bien réalisé ; mais les mots ont un sens et il ne faut pas qualifier de religions des interprétations sectaires.


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De stronibein, le 12 septembre 2010 à 13:57
Note du film : 6/6

La récente réédition de ce film en DVD par nos amis anglais ne rend pas justice à ce chef d'oeuvre. La restauration sommaire laisse subsister, sur une image par ailleurs correcte, de multiples petits défauts (points blancs, une rayure verticale de 5 minutes vers 1h15, quelques taches…). On est loin du travail image par image qui a si magnifiquement restauré "My fair Lady" ou "Les Vacances de Monsieur Hulot", d'autant que le problème de la couleur ne se posait pas. Le DVD, vendu par les grands distributeurs en France, ne coûte que 13 euros. Les cinéphiles auraient volontiers accepté d'en payer le double pour avoir un DVD de qualité restauré "à la MK2", à la mesure de l'oeuvre de Dreyer !


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De vincentp, le 28 août 2017 à 23:31
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Deux heures en noir et blanc au sein de quelques décors intérieurs et extérieurs, avec une poignée de comédiens dissertant de la parole de Dieu dans un contexte de petite cité danoise, en 1930. Le sujet est très austère, confirmant la place de Carl Theodor Dreyer parmi les cinéastes refusant tout compromis commercial, considérant simplement le cinéma comme un art susceptible de porter une vision du monde, de peser aussi sur la conscience populaire, partout et à toute époque. Comme par exemple Rossellini, Bresson, ou Tarkovsky. La qualité exceptionnelle de l'écriture cinématographique de Ordet (1955) rend le sujet passionnant. Une forte tension dramatique de bout en bout, sans temps mort. Les séquences se succèdent impeccablement et le thème central est parfaitement développé à travers quelques péripéties (un accouchement, un enterrement), et des affrontements policés de mode de pensées, de caractères et de rationalités.

Les personnages à des degrés divers ont des convictions religieuses, des plus traditionnelles à celle voisinant la folie (le fils Johanès se prend pour "Jésus de Nazareth" après avoir parcouru l'oeuvre de Kierkegaard, le théologien protestant danois du XIX° siècle). Le fils ainé Mikkell, comme le médecin, ont simplement une approche rationnelle de l'existence. Le scénario est sans faille, extrêmement bien écrit et ne vire pas au grandiloquent. Le fait d'introduire les enfants crée un aspect naturel et contrebalance les avis éclairés des adultes, fonction de leur position sociale et de leur éducation. Les plans et la lumière, le contraste noué entre le noir et blanc, sont magnifiques, comme la composante sonore. Si on coupe le son, on ne voit pas le même film. Une impression de douceur prédomine, avec des déplacements lents de personnages, des mouvements latéraux de caméras, une musique et des paroles qui installent le spectateur dans un climat hypnotique. Superbe !


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