Je ne l'ai jamais vu mais je suis tout disposé à vous suivre, d'autant que le Gabin se fait très rare de mon côté de l'Atlantique. Nous avons eu un coffret Ventura
(incluant Garde à vue
et Adieu poulet)
, un coffret Belmondo
et un coffret Fernandel
(incluant La Loi c'est la loi
avec Totò
!), mais le coffret Gabin
se fait toujours attendre. Et quand la montagne ne vient pas à Mahomet…
Gabin dans Grangier,
il y a peu de risques, n'en déplaise aux thuriféraires de Positif, pour que ce soit mauvais !
Je dois dire que, malgré une connaissance qui n'est pas tout à fait négligeable du cinéma français de ces années-là ("Nouvelle vague" excepté) que je ne me rappelle plus ce Rouge est mis.
Les années passant, les bons vieux polars français, tels Touchez pas au grisbi, Razzia sur la Chnouf
ou Du rififi à… jouissent toujours d'une très bonne réputation. Ce dernier d'ailleurs, sous le titre Rififi
fera même office d'un (énième) remake américain, qui sortira en 2007, avec Al Pacino
notamment.
Le rouge est mis est lui un polar moins célèbre de ces années d'or, et contrairement aux films précités, il ne figure pas au panthéon du cinéma français. L'histoire reste pourtant très valable, le casting choisi par Gilles Grangier
toujours aussi appétissant (Jean Gabin,
Lino Ventura,
Annie Girardot
à ses débuts, et bien d'autres) et le suspense est au rendez-vous. Entre hold-up en Traction Avant noire et vie parisienne radieuse, la nostalgie de l'époque fait toujours autant de bien à l'écran. Gabin, truand quinquagénaire vivant toujours chez Maman, Ventura quand il campait les odieux italiens, et Girardot en jeunette dragueuse, les personnages sont néanmoins attachants. Moins connu donc, ce film bien rythmé et dialogué par Michel Audiard
reste donc une excellente surprise, et outre quelques facilités scénaristiques, se laisse agréablement suivre jusqu'à son terme.
Il est certain que pour qui a vu le braquage de fourgon de Heat, celui de Le rouge est mis
prête à sourire, avec ses gangsters grisonnants et poussifs, ses poursuites à 50Km/h. Mais le charme de ce film ne vient pas de là. Comme pas mal de films de cette époque, c'est devenu un véritable document sur un mode de vie révolu, un instantané de mentalités, de langage. Le scénario surprend par son manque de sentimentalité : tous les personnages sont vaguement répugnants, même Gabin,
barbon égrillard vivant avec sa maman, et passant ses dimanches à faire des braquages. Bozzuffi,
son (très) jeune frère est un crétin naïf et impulsif, Frankeur
un lâche abject, et Ventura
une brute épaisse sanguinaire, sans la moindre parcelle d'humanité. Ne parlons même pas des personnages de femmes (la matriarche, la "fille facile") décrits avec une royale misogynie d'époque.
Il y a quelques baffes bien senties (celle de Gabin à Girardot au bois de Boulogne est anthologique), des fusillades rapides et impitoyables (le duel final Ventura
-Gabin,
étonnamment violent), et Grangier
sait raconter une histoire sans temps mort, ni chichi inutile. Le rouge est mis
n'atteint jamais le statut de classique du genre, mais il est encore regardable aujourd'hui, ce qui n'est pas un mince exploit.
La fin, en fausse happy end, est un modèle de désenchantement : le frère benêt et la "salope" finissent dans les bras l'un de l'autre, tandis que l'aîné a sacrifié sa vie, sans savoir ce que le "jeunot" pense de lui.
A noter, histoire de sourire, l'apparition d'un tout jeune Mocky, en bellâtre à voiture verte (oui, même en noir & blanc, c'est précisé !) éconduit par Gabin.
Déjà, dans Touchez pas au grisbi, qui est d'une plus grande dimension, ou dans Razzia sur la chnouf,
on pouvait s'amuser à reluquer le côté pantouflard des gangsters des années Cinquante, leur goût du miroton ou de la daube, leur aspiration à chausser dès le soir venu des charentaises confortables (et non pas à s'abîmer la santé avec des gourgandines qui vous font coucher à pas d'heure), mais là, on atteint le sommet du genre ! La pègre boursicote et achète du Napoléon pour ses vieux jours, investit dans du pont élévateur et de l'outillage pour garage bourgeois et compte les jours qui la séparent d'une retraite paisible conçue pour taquiner le gardon et le chevesne dans la vallée de Chevreuse.
Esprit du temps, le nombre de Tractions avant Citroën qui roulent dans Paris, l'Aronde Plein Ciel, la Dyna Panhard, le portrait, sur les murs du commissariat du Président René Coty, la dimension invraisemblable des billets de banque, les chaussures bien cirées de tous les malfrats, la fascination des femmes pour des fourrures aujourd'hui disparues (depuis combien d'années, au juste, n'ai-je pas vu un manteau d'astrakan, fourrure bouclée de jeune agneau karakul mort-né me souffle Wikipédia ?), les apéritifs disparus (Mme Bertain
(Gina Nicloz), mère de Louis
(Gabin) et de Pierre (Bozzuffi)
, au café A la bonne santé, – qui n'existe plus – devant la prison éponyme – qui n'a aucune raison de disparaître – Mme Bertain, donc, prend un Malaga ; ça pourrait être un Byrrh ou un Claquesin… ; essayez d'en trouver aujourd'hui !), les pissotières louches de Pigalle, les clopes omniprésentes (sur le cadre des flippers, il y a des dispositifs en métal ondulé pour déposer la cigarette, pendant qu'on remue la babasse)…
Tout un monde !
Je viens d'entamer la lecture du roman d'Auguste Le Breton dont est tiré le film éponyme, trouvé par hasard dans une petite brocante (je suis très riche) catholique (je suis très croyant) d’Ardèche du Nord (oui je sais, j'ai des goûts de luxe en ce qui concerne mes vacances).
C'est une merveille de concision sculptée au burin, tailladée au scalpel, un roman noir comme un triple expresso sans sucre servi sans aménité par un garçon buriné :
Innervé de désespoir, d'une écriture tendue à craquer, voilà un roman nerveux qui laisse de délicieuses séquelles.
Ce film, effectivement, est une pure merveille mais il y a quand même une chose assez énorme qui nous interpelle. Comment cette voiture transport de fonds de l'époque, chargée de mallettes de biftons, n'a droit à aucune escorte. Les deux motards abattus passant par là par le plus grand des hasards. De plus, Gabin gare sa traction avant juste devant la porte de la banque. Le type conduisant le transport de fonds le regarde en sortant et ne s'étonne pas que cette bagnole lui file immédiatement le train . Par contre, il est tout étonné, quelques kilomètres plus loin, alors qu'il a la traction dans son rétro en permanence, de voir celle ci se mettre en travers de sa route : "-Ca va pas ? Vous êtes fous ou quoi ?-"
Aujourd'hui, avec les moyens de communication que nous possédons et les précautions mises en oeuvre, Gabin
et ses comparses n'auraient pas fait trois cent mètres…. Vive le cinéma !
Comme pas mal de films de cette époque, c'est devenu un véritable document sur un mode de vie révolu, un instantané de mentalités, de langage.
Effectivement ! C'est le descriptif par les images (étonnantes) et les dialogues du Paris de 1957 et de ses environs qui est l'aspect le plus intéressant de Le rouge est mis. Les immeubles hausmanniens, les quartiers plus populaires et les bidonvilles. Autre élément notable : son ton désenchanté, et ses personnages ambigus, qui montrent peut-être que le cinéma de 1957 évolue alors vers ce qui va devenir "la modernité". Ce film est bien fait, de qualité dans toutes ses composantes. Il met en valeur le génie de Jacques Becker de Touchez pas au grisbi
qui a atteint des sommets artistiques avec des ingrédients assez proches.
Regarder des classiques noir & blanc sur D8, c'est quand même du masochisme. Cette chaîne recadre tout en 1.78 (25,3% d'image en moins dans le sens de la hauteur). Ces gens-là devraient avoir l'interdiction de diffuser ce genre de film.
PS : même chose sur Gulli.
Je ne sais pas si j'ai des tendances masochistes (peut-être), mais comme tous les contributeurs de ce forum je suppose, je possède un très grand écran et j'ai toujours eu l'impression de regarder les films dans d'excellentes conditions. Maintenant, vous dire qu'il manque trois centimètres en hauteur et cinq en largeur, ce sont procédés qui m'échappent totalement.Tant qu'on ne coupe pas la tête de Gabin ou les pattes de Paul Frankeur
bien entendu. Ce qui me gêne beaucoup plus, ce sont ces films que l'on nous diffuse, et c'est souvent le cas au cinéma de minuit, avec une large bande noire d'un côté et de l'autre de l'image centrale. Là, il faut jongler avec la télécommande pour essayer d'arranger ça. Pour le reste non, franchement, je ne vois pas la différence avec les Dvds. Celà ne veut pas dire qu'il n'y en a pas …
C'est une blague ? Parce que les bandes noires à gauche et à droite, c'est tout à fait normal.
Les films comme Le Rouge est mis ou Touchez pas au grisbi
ont été tournés au format 1.33 (ce qui signifie que l'image est 1,33 fois plus large que haute). Si on les diffuse sur un écran 16.9e (au format 1.78… 16 divisé par 9 = 1,78), il y a obligatoirement une bande noire à gauche et une bande noire à droite. Il ne faut toucher à rien !
Exemple : à gauche l'image normale… à droite l'image massicotée (25% d'infos en moins).
Le recadrage du 1.33 en 1.78 est une pratique scandaleuse, au même titre que la colorisation.
il y a obligatoirement une bande noire à gauche et une bande noire à droite. Il ne faut toucher à rien ! Sauf que chez moi, dans ce cas précis, les personnages sont étirés en long en hauteur et sont maigrichons ! Donc j'ai une touche sur ma télécommande qui permet de réduire les bandes noires et qui redonne leurs véritables dimensions aux acteurs ! Pour ce qui est de la colorisation, entièrement d'accord. D'autant que ce procédé coûte très cher pour un résultat bien souvent dégueulasse.
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