Sur le fil du Jeu avec le feu (un Robbe-Grillet des plus fastidieux, mais passons) l'Aigle de Meaux II, c'est-à-dire VincentP, me démasquait dans les termes suivants :

« On comprend mieux l'enthousiasme du bon Arca avec son accent chantant du Québec, célébrant à tout va les vertus de Manfredi, Sordi, Gassmann, et Tognazzi : des images subliminales atteignent son inconscient, et le pauvre, qui croît mener une profonde réflexion sur les us et développements à l'écran du fascisme, est en réalité mené par des considérations plus terre à terre : fasciné non par le fascime mais par les rondeurs des belles italiennes. »

Je n'essaiera donc plus de (me) faire croire que je me passionne pour l'histoire du fascisme et de la Résistance italienne, ou encore que je suis fort curieux de voir Achtung! Banditi!, le premier Lizzani, réalisé grâce à une souscription populaire (yes sir!) à l'époque où la ferveur néoréaliste battait son plein – et coupant au plus court, sans honte et sans complexes, je vote donc pour Gina Lollobrigida !

P.S. à VincentP : soit dit en passant, Gassman s'écrit avec un seul "n" à la fin.

Allez, quoi, un bon vieux film antifasciste avec Gina Lollobrigida dans sa prime (et radieuse) jeunesse… et ça ne serait pas en DVD ?

Eh bien ça alors ! Le nuage sur lequel je flotte depuis que j'ai appris la sortie DVD de La Fille dans la vitrine devient encore plus majestueux et plus rose…

Achtung! Banditi! est dans les nouveautés à paraître de la FNAC ! Je crois rêver. Et enfin un film de Carlo Lizzani en DVD francophone !

Et là, mauvaise nouvelle : attendez-vous à me voir broder plus que jamais, grâce à ma version maison du Théorème de Mon curé chez les nudistes du légendaire Impétueux, sur le canevas suivant : « Si Achtung! Banditi!, un Lizzani qui remonte à 1951, a pu sortir en DVD, donc tel autre film plus récent puisqu'il ne remonte, lui, qu'à 1953… » Vous voyez le genre.

Un groupe de résistants italiens évoluant aux environs de Gênes pendant la seconde guerre mondiale, confronté aux Allemands et à des compatriotes. Un condensé de la société italienne de l'époque, ses personnages emblématiques (ouvriers, collaborateurs, paysans, politiciens, commerçants..) évoluant dans leur vie du quotidien. Le traitement du sujet est dynamique, via un scénario enchainant des péripéties rapides, sondant les psychologies souvent contradictoires, parfois complémentaires, et une mise en scène de Carlo Lizzani suivant au plus près les déplacements physiques (à pieds, à bicyclette, ou même en tram). La séquence située au sein du tramway traversant le village montre les personnages au sein de leur cadre social, sous forme de plans d'ensembles et plans rapprochés, avec un sens avéré du suspens et de la dramaturgie, et une pointe d'humour bienvenue.

Les images de Gianni Di Venanzo, filmant une grande variété de décors extérieurs, confèrent une dimension réaliste à ce récit, qui vise à se situer au plus près, au plus juste, de la vie de gens ordinaires confrontés à une situation qui ne l'est pas. La composante musicale (danses) participe à la création de tout un univers de fiction. C'est la première apparition de Gina Lollobrigida au cinéma, alors âgée de 24 ans, dans un rôle féminin pivot. Achtung! Banditi! (1951), particulièrement réussi (ce n'est pourtant que la première réalisation de Lizzani) fait sans aucun doute partie des œuvres indéboulonnables du cinéma italien de l'époque. Il me semble néanmoins que ce film a été largement sous-estimé, nullement moins accompli que les classiques reconnus du néoréalisme italien. Suspecté de promouvoir le communisme (?), il fut diffusé en France seulement à partir de 1963.

Les notes de production présentes dans le dvd précisent que sept scénaristes ont collaboré à ce film ; il est clair que l'on affaire à un scénario sans faille, très élaboré mais naturel, sans aspect artificiel. Rythmé, porteur d'émotions La partie visuelle est également de grande qualité : gestion de l'espace, largeur et profondeur de champ, un cas d'école. Notre collègue Arca1943 a du être déçu de n'apercevoir que deux silhouettes fascistes vers la fin du film. Un mythe s'effondre !