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Sujet : Suinte le désespoir et la misère


De Freddie D., le 29 juillet 2006 à 19:18
Note du film : 4/6

Avec bien des décennies de retard, je viens de découvrir Macadam cow-boy, et c'est plutôt une bonne surprise, vu l'âge de l'opus. La réalisation est surchargée d'effets un peu ridicules aujourd'hui, mais le film suinte le désespoir et la misère, et l'oeil que pose l'Anglais Schlesinger sur l'Amérique est incisif : l'image de cet homme en costume, apparemment mort sur le trottoir new-yorkais, dans l'indifférence générale, résume le film et son époque. Côté interprétation, Hoffman cabotine pas mal, mais Voight est remarquable dans un rôle de benêt naïf et démuni face à la cruauté des grandes villes. Malgré sa noirceur et sa fin inéluctable, le film se clôt sur une paradoxale note d'espoir : Joe a jeté ses fringues pathétiques, et rêve d'un vrai "job". Bien sûr, la BO est inoubliable.


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De vincentp, le 14 avril 2007 à 23:26
Note du film : 6/6

Oui, un film à redécouvrir car ce titulaire de l'oscar du meilleur film a bien vieilli grâce à sa mise en scène particulièrement brillante (le montage qui fait se succéder des plans très courts, dans la droite ligne de Bonnie and Clyde est en particulier superbe). Le scénario est aujourd'hui en revanche plutôt sans surprise, car copié depuis (ex : American gigolo), et reprenant à son compte des ficelles scénaristiques éculées (le gentil qui s'en va pousser son dernier soupir en terre promise, comme par exemple dans Les amants de la nuit). Mais un sujet tout de même à son époque précurseur (on parlait alors peu de prostitution masculine et de sexualité féminine inassouvie, voire des tensions sociales urbaines). Et puis, coup de chapeau de cow-boy à Jon Voight dont l'interprétation nuancée et subtile sied à merveille à ce personnage ambigü, qui oscille en permanence entre humanité et vénalité.


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De droudrou, le 15 avril 2007 à 08:46

Il y a un film avec Jon Voigh que j'aime beaucoup : Retour de Hal Ashby


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De PM Jarriq, le 15 avril 2007 à 10:46

Voight n'a jamais été meilleur que dans Délivrance, dans son rôle de citadin pantouflard obligé de se transformer en tueur, pour sauver sa peau. Il était aussi extraordinaire dans Heat et Runaway train. On l'oublie souvent, dans les listes de "grands acteurs", mais on a tort. C'est un tout grand.


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De droudrou, le 15 avril 2007 à 11:40

Au propre comme au figuré !


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De vincentp, le 15 avril 2007 à 16:05
Note du film : 6/6

Sans parler de sa performance remarquable de L'idéaliste. On pourrait le rapprocher d'un acteur comme Christopher Walken : pas de frasques médiatiques, une capacité à endosser des habits différents, à jouer aussi bien des premiers que des seconds rôles.


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De Impétueux, le 26 avril 2007 à 22:35
Note du film : 6/6

C'est un bien étrange mystère, et un des grands miracles du cinéma que pouvoir susciter l'empathie, la tendresse et la fraternité pour une histoire et des personnages dont on jurerait a priori qu'on les regarderait à peine dans la vie prétendue réelle et de vivre jusqu'au bout une histoire improbable, en tout cas bien loin de toutes les virtualités d'identification qui rendent les sympathies si aisées lorsqu'on peut se glisser soi-même dans les oripeaux mis en scène…

Qu'est-ce que la vie de Joe Buck (Jon Voight) et celle de Rizzo (Dustin Hoffman) a à voir avec ma vie à moi, notre vie à nous ? Qu'avons-nous de commun avec un bellâtre assez veule et très con du Middle-West ? Qu'est-ce qui peut nous rapprocher d'un cloporte du Bronx, pas très net, et sûrement minable et dangereux ? Qu'est ce qui nous rapproche d'eux, nous fait épouser leur désespoir et leurs espérances ?

Macadam cow-boy est un film d'une humanité bouleversante, qui ne tient pas un discours humaniste, ni rebelle ; il n'y a pas de revendication révolutionnaire, avec attaque de banque et discours de haine sociale, pas davantage de parcours irénique et rédempteur, qui verrait les deux camarades de misère se poser au soleil et créer leur petite entreprise. C'est parce qu'ils vivent toutes les saletés banales de l'existence que Joe et Rizzo nous sont si proches et nous ancrent dans leur réalité.

Désespoir de la mort qui survient à l'aube, espérance du soleil levant sur une terre nouvelle ; ce film nocturne et poignant est de bout en bout un questionnement.


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De Gaulhenrix, le 27 avril 2007 à 10:39

Point de vue tout personnel – et anecdotique – : l'Impétueux de Macadam cow-boy est plus attachant que le polémiste aguerri – et talentueux – de Maria Chapdelaine.


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De Impétueux, le 27 avril 2007 à 13:13
Note du film : 6/6

Mon front rosit d'émotion, ami Gaulhenrix… Mais vous savez, il faut de tout pour faire un homme…


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De Gaulhenrix, le 27 avril 2007 à 14:34

Hummm… Surtout de l'amour, de la générosité, de l'altruisme, de la bonne volonté et de l'humour. Le reste…


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De vincentp, le 27 avril 2007 à 21:04
Note du film : 6/6

Quelques images de ce film sont judicieusement analysées dans l'excellent ouvrage paru ce mois-ci chez Larousse, intitulé "Lire les images du cinéma", auteurs : Laurent Jullier et Michel Marie. Je le recommande à Impétueux et à Gaulhenrix !


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De fretyl, le 9 décembre 2020 à 18:50
Note du film : 2/6

Grosse déception pour ce film que j'attendais comme un film choc et qui à l'époque a dû l'être.

Avec une affiche aussi prestigieuse et un sujet aussi glauque je croyais attendre un de ces films sur l' Amérique post Vietnam. Taxi Driver, Easy Rider, L'épouvantail

Macadam cowboy traîne trop longtemps dans la chute inévitable de personnages qui ont déjà chutés. Les errements de Joe Buck (Jon Voight) et de Ritzo (Dustin Hoffman ne nous mène que dans une crasse, trop attendue pour pouvoir encore choquer.

Je n'ai eu, j' osé le dire ni sympathie, ni empathie pour ces deux épaves complètes mais à vrai dire une véritable antipathie devant des inadaptés Amerlocke… Et puis le sujet a été repris tant et tant de fois.

Y compris dans le cinéma Français. Le J'embrasse pas de Téchiné est mille fois plus réel et scabreux que ce film ne se sortant pas d'une cacophonie permanente. De personnages de fêlés, de femmes pimbeche. Je me suis vite ennuyé et rien ne m'a vraiment surpris dans les aspects où contournement voulu sulfureux.

Et puis je connais trop bien les thèmes musicaux pour trouver une quelconque modernité dans ce charabia ou l'on ne cesse de se demander où l'on va.

Pas bien loin, trop souvent.


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De Impétueux, le 8 juillet 2022 à 12:22
Note du film : 6/6

Revu hier et toujours autant apprécié. J'admets bien volontiers que d'autres films, depuis lors, se sont emparés du sujet de la misère affective, sociale, mentale,sexuelle de notre pauvre humanité, que d'autres aussi ont exploré les terres bizarres de la rencontre de deux paumés que tout paraît opposer et que, finalement, tout rassemble.

N'empêche que Macadam Cowboy est un film désespérant et merveilleux.

Grâce à la réelle lenteur de sa mise en place (la longueur des voyages en car) ; grâce à la sublime déchirante musique de John Barry, (au moins deux thèmes qui ont eu l'un et l'autre un immense succès) ; grâce au talent merveilleux des acteurs, Jon Voight et Dustin Hoffman qui occupent la presque totalité de l'espace filmique ; grâce à la photo salie, terne, mesquine, parcimonieuse ; grâce à des scènes pathétiques qu'on n'oublie pas – le pauvre triste adolescent homo – qui ressemble un peu à Woody Allen, d'ailleurs – paniqué par son audace et trop tenaillé par son désir pour y résister, la vieille belle ménopausée , qui éclate de rage lorsqu'elle se rend compte que Joe/Voight ne l'a sautée que pour l'argent, la riche Shirley (Brenda Vaccaro), qui se paye un étalon pour oublier sa propre vacuité.

Et grâce aussi, presque surtout pour le dernier quart d'heure sublime du voyage en autobus vers la Terre promise de Floride où Rizzo/Hoffman fermera les yeux sur son dernier rêve.

Un scénario simple, sans doute, peu de péripéties. L'impression, pourtant, d'avoir touché le fin fond de la tristesse humaine.


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De fretyl, le 8 juillet 2022 à 16:48
Note du film : 2/6

Je vous conseille L'épouvantail que j'ai vu dans l'année écoulée et avec lequel j'ai été bien trop sévère, peut être justement parce que je l'avais trop aimé que j'ai revu avec une infinie tendresse et que je reverrai encore… Et sur lequel je réviserai mon avis


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