Matador, c'est un peu L'emmerdeur inversé : le tueur qui se mettrait à coller aux basques du quidam malchanceux. A part ça, le film vaut essentiellement par la composition de Brosnan qu'on a rarement vu meilleur. En flingueur schizo, mal élevé, dépravé, il a des moments de pure grandeur, et se joue de son image de séducteur, avec un humour étonnant. Face à lui, le sympathique mais transparent Kinnear remplit bien son rôle, mais se laisse bouffer tout cru. Le vrai problème de Matador, c'est qu'une fois le postulat établi, il n'a plus grand-chose à raconter, et s'étire interminablement en scènes bavardes et molles (la visite de Julian à Denver), et en semi-impros superflues. Les pistes lancées sont aussitôt abandonnées (la relation entre le tueur et l'épouse fidèle de Danny), ou parasitaires (l'enfant mort du couple qui ne sert à rien en fait, à part plomber la comédie). Mais l'un dans l'autre, Matador vaut le coup d'oeil pour Pierce Brosnan, qui retrouve l'humour en autodérision dont il faisait preuve dans Mars Attacks, et compose un personnage déjanté infiniment attachant, malgré (ou grâce à) ses aspects répugnants. Dommage que la délicieuse Hope Davis soit si peu utilisée.