Je suis toujours partant avec l'ardente Deborah Kerr !
Un de mes films préférés. Tout y est magnifique, justesse et profondeur psychologiques, sensibilité des personnages et de la mise en scène, flamboyance visuelle coutumière de minnelli, personnages, deborah kerr. Il paraît aussi que c'est pour une adaptation au théatre de la pièce que le couple bergman / rossellini a commencé à exploser.
Découvert le 23 mars 2005 à l'occasion d'une rétrospective consacrée à Vincente Minnelli au centre Pompidou. Craignant d'être déçu, je me demandais ce soir quelles seraient mes impressions pour un film noté "chef d'oeuvre" il y a onze ans… La première impression est celle d'un récit théâtral, un peu ampoulé, qui ne fait pas dans la demi-mesure : les personnages versent dans la caricature, incarnant certains des travers reconnus de la société américaine. Une très belle séquence : la chanson chantée par le personnage principal, mélancolique et lyrique. Au fil des minutes, mon impression mitigée du début évolue favorablement. Les personnages sont complexes, et derrière le masque qu'ils affichent en société, des zones d'ombres apparaissent, des fêlures se révèlent. Le scénario est très fin et subtil. Le couple formé par le professeur et sa femme ne tient pas, n'a jamais fonctionné, du fait d'une sensibilité très différente. Le vrai couple est celui formé par les deux Kerr (John et Deborah).
A la demi-heure, je me mets à admirer la mise en scène, qui organise parfaitement -de façon invisible- les déplacements des personnages ; elle virevolte autour d'eux avec des mouvements de caméras subtils. Elle chorégraphie les affrontements verbaux et physiques (fabuleuse séquence dans la salle de musique, par exemple). A mi-longueur (nous atteignons la fin de la première heure), l'oeuvre carbure à plein régime, et délivre à toute vitesse idée sur idée, nuance sur nuance, de façon très percutante. Je remarque ces décors intérieurs et ces costumes sophistiqués (objets et couleurs des vêtements accordés aux personnages, à leurs sentiments du moment). Mon impression subjective est alors que Minnelli réalise un portrait, qui emprunte beaucoup à la peinture. Thé et sympathie me fait penser à Home From The Hill qui m'avait impressionné : forme et fond (crescendos lyriques) très proches. L'impression finale est celle d'un chef d'oeuvre absolu, mais pas forcément très accessible.
En étant attentif, on peut s'intéresser à l'association des objets et des couleurs aux personnages. Deborah Kerr est associée aux tons vert et roux. Le vert des cadres accrochés dans l'escalier possède une caractéristique flamboyante qui revoie à la grandeur d'âme de son personnage. Ayant quitté les lieux, ces objets ont disparu. Son mari est associé aux tons bleus et bruns, aux coupes de compétition sportive, qui occupent un angle du salon.
Ce récit ne fait pas dans la demi-mesure (nombre de situations improbables). L'humeur et la sensibilité du spectateur trancheront dans un sens favorable ou non, pour une oeuvre qui traite de sentiments intériorisés, s'échappant par moments de façon éruptive. Il vaut mieux voir se film en étant bien reposé… La beauté et la finesse du scénario, de la mise en scène, de la photographie et de l'interprétation propulsent Tea and Sympathy parmi les classiques du mélodrame.
Le scénario est l’adaptation d’une œuvre dramatique mais grâce à la qualité de la réalisation en cinémascope-couleurs, habituelle au cinéaste, les aspects trop théâtraux ont pu être parfaitement gommés. Les décors et les paysages sont admirablement choisis: leur vision donne envie d'aller faire un tour à Malibu et en particulier à Zuma beach.
Cette histoire d'un jeune homme marginalisé et traité de "fillette" par ses camarades à cause de ses goûts atypiques pour l'art, la couture et autres occupations "suspectes" sonne toujours juste soixante ans après. La dislocation du couple Reynolds paraît elle aussi parfaitement crédible.
L'ensemble aurait pu virer à la caricature lourdingue mais il n'en est rien grâce à la beauté des couleurs, à la qualité du scénario, des comédiens -Deborah Kerr était décidément une géante- et grâce à la sensibilité dont sait faire preuve Minnelli dans ses films (mélo)dramatiques.
Quelques longueurs m'ont un peu indisposé mais Thé et sympathie est certainement l'un des films les plus délicats et les plus secrets du cinéaste de Comme un torrent et de Les ensorcelés.
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