Sanjuro est l'un des films les plus trépidants et jouissifs de Kurosawa avec La Forteresse Cachée
entre autres. L'opposition entre Nakadaï (le samouraï prédateur) et Mifune (le rustre décontracté) est complétement mythique dans ce film; le duel final en est une apothéose grandiose. Les effets comiques sont irrésisitibles. Malgré une légereté apparente, le message de Kurosawa est très fort; il utilise une violence excessive pour mieux la dénoncer, celle-ci est employée par obligation et non par plaisir.
il y a pas que les épées qui restent dans leur fourreau, les langues aussi chez les samourai. Mifune ne parle pas inutilement, outre mesure. il observe, écoute, sourit :) et parfois répond a son interlocuteur. Ce film est pour moi un chef d'oeuvre pour la subtilité de l'intrigue politique qui s'ajoute aux films traditionnels de samourai de Kurosawa. La violence n'est pas une fin en soi et doit être utilisé qu'en dernier recours a l'extreme limite.
Ce message est commun a la majorité des films japonnais de Kurosawa. On est tres loin du cinema americain qui met en avant souvent celui qui tire plus vite que son ombre et sans reflechir.
Les scenes de combats sont filmés assez sobrement de ce que l'on voit de nos jours. il montre davantage les effets de la violence avec la peur des adversaires de Mifune. Les scenes violentes sont tres breves et filmé de maniere indirecte et plutôt suggéré.
A voir et revoir pour apprecier et découvrir toutes les subtilités.
« Les spectateurs voisins vibraient au désir de vengeance du héros et à ses exploits. Leurs remarques montraient que tout cela était pris au premier degré. »
C'est ce qu'écrivait Gaulhenrix, sincèrement perplexe, au sujet d'une projection de Seppuku (voir le fil consacré aux Sept samouraïs).
Eh bien, aujourd'hui encore je suis ces spectateurs voisins ! C'est-à-dire que je viens de voir Sanjuro
pour la première fois, et sans honte aucune, c'est tout à fait au soi-disant "premier degré" – mais là vraiment au ras des paquerettes pour ne pas dire des camélias – que j'ai regardé ce film d'action robuste, bondissant et plein d'humour, mené sans le moindre temps mort. Et dès les premières minutes – tout à fait comme dans un western – je jubilais, car je me doutais bien que ça allait culminer d'une façon ou d'une autre sur un duel Mifune
-Nakadai.
Et shlak ! Je n'ai pas été déçu. Ces deux acteurs sont vraiment de furieux phénomènes. En les voyant arriver sur l'écran, j'ai toujours le réflexe de rentrer la tête dans les épaules. Ah, la franche canaillerie qui se lit sur le visage de Tatsuya Nakadai
quand il explique tout benoîtement à Toshiro Mifune,
entre deux gorgées de saké, que le placard officiel est un tissu de mensonges et que le vrai pourri, c'est son maître à lui. Et il ajoute, avec un sourire : « Et comme lui, je suis un méchant ». Trop cool !
Les personnages secondaires sont aussi croustillants : la bande de jeunes samouraïs que Sanjuro prend en main et qui le trouvent « un peu excentrique » (non ? c'est vrai ? tu me dis pas ! ), mais aussi le chambelland "chevalin", ou encore son épouse qui dit à Mifune : « Vous savez, tuer les gens, c'est une bien mauvaise habitude. »
Mais rassurez-vous. Dès le cinquième, peut-être même aussi tôt que le quatrième visionnement de Sanjuro, je commencerai à m'intéresser au "second degré" (les guillemets sont de moi). Ça devrait nous emmener aux alentours de novembre, quelque part par là. (Et d'ici là je promets de potasser l'esthétique de Croce pour expliquer combien périlleux et faux en substance est ce culte du second degré qui menace constamment de transformer tout bon film, toute bonne histoire en simple prétexte à gloses). Mais pour l'heure, c'est l'été et je prends ça relax en regardant des super films d'action ! Et vlan ! Et shlak ! Yaaaaaaaaaah ! On dira ce qu'on voudra, si les sabres restaient toujours au fourreau, qu'est-ce qu'on s'ennuierait, quand même !
Un réjouissant conflit générationnel constitue le ressort essentiel du récit, celui entre la vertu inconséquente de jeunes samouraïs et l'intelligence de leur apathique, vénal et grossier aîné vagabond dont ils vont faire leur maître.
Le rôle qu'interprete Toshiro Mifune n'est pas vraiment grossier mais parfois tres direct. Il ne reproduit pas l'hypocrisie sociale ou l'ignorance de ces jeunes samourais. Ignorance d'ailleurs surtout de la psychologie humaine et de la politique avec ses enjeux.
L'intrigue politique associé a l'humour railleur du personnage principal, m'a donné une vrai jubilation. Les duels ne sont là presque que pour souligner la maitrise physique (sabre) de Sanjuro à l'égal de sa maitrise intellectuel. Sa perspicacité intellectuelle se traduit dans les combats par la vivacité de ses mouvements. Enfin c'est mon interpretation.
Ceci dit il est conscient de ses lacunes (*) et de ses erreurs du passé. Il essaye de dissuader les jeunes samourais de suivre son exemple. Peine sans doute perdu vu l'attrait qu'il exerce avec sa maitrise du sabre.
15 ans plus tard, l'americain George Lucas retranscrira une partie du message dans Star Wars avec sa phrase (déstiné au Jedi et indirectement à l'adolescent auquel il destiné initialement ses films): 'ne tombe pas dans le coté obscur de la force' (le mal).
(*) il est conscient (de par sa culture bouddhiste) qu'il n'arrive pas a bien suivre une autre voie (ni bien ni mal) celle de la sagesse, la voie du milieu.
Le spectateur est souvent content de ces erreurs sinon il aurrait pas son spectacle : bing bang slash argh…
Les spectateurs voisins vibraient au désir de vengeance du héros et à ses exploits. Leurs remarques montraient que tout cela était pris au premier degré. C'est ce qu'écrivait Gaulhenrix, sincèrement perplexe, au sujet d'une projection de Seppuku.
Mais pas du tout ! Décidément, il semble parfois difficile de se faire comprendre… (Peut-être faudrait-il lire les messages in extenso avant que de réagir…).
Ma remarque exprimait, tout au contraire, mon admiration pour ce film susceptible de faire l'objet de plusieurs niveaux de signification – ce qui est le signe du chef-d'oeuvre, me semble-t-il. Et j'apprécie au plus haut point qu'un réalisateur s'adresse à tous les types de spectateurs à la fois, chacun trouvant ainsi dans le film matière à se nourrir à leur (et à sa) substantifique moelle.
« Peut-être faudrait-il lire les messages in extenso avant que de réagir. »
Voilà qui est très juste ! Rassurez-vous, je n'entendais pas dire que le film Seppuku vous rendait perplexe, mais que vos voisins qui regardaient le film pour ce qu'il est – i.e. au soi-disant "premier degré" – vous laissaient perplexe. Désolé de n'avoir su être plus clair du premier coup.
Décidément…
Mes voisins, Arca1943, ne me rendaient pas perplexe ! Comme je le précisais, j'étais ravi qu'ils prissent du plaisir – au premier degré de la vengeance et des combats – à un film pourtant éminemment lent et long, qui traitait d'un thème historique japonais complexe…
Après Leone, on sent dans cette suite les origines d'un Peckinpah…
Mince, je ne suis pas rentré dedans et j'ai arrêté avant la fin, pour lamentablement me rabattre sur Glee ! Il faudra que j'essaye un autre soir, il faut être en forme pour les films japonais en noir et blanc. Harakiri
m'a paru beaucoup plus intéressant, à côté. À revoir, donc !
Revu en dvd, via l’excellente édition haute définition publiée en décembre 2016 par Wild Side, intitulée sobrement « les années Toho ». Sanjuro est un classique évident, marqué par le jeu de Toshiro Mifune
opposé à une étoile du cinéma japonais : Tatsuya Nakadai.
La gestion de l’espace est optimale : scènes statiques ou en mouvement particulièrement bien filmés, avec des images auto-porteuses, sans explications nécessaires. Souvent une dizaine de personnages sont présents à l’écran, exprimant des idées, sans que l’on ait le sentiment d’artificialité. L’humour ou un esprit de dérision sont omniprésents (ex : le soldat capturé qui sort du placard avant d’y retourner de lui-même) s’accordent parfaitement aux scènes dramatiques, et accrochent le spectateur. Le thèmes de l’apprentissage, de l’honneur, de la morale (humaniste) sont bien traités, sans manichéisme.
Le caractère tumultueux et dense de cette histoire peut toutefois déstabiliser le spectateur. Kurosawa entre dans le vif du sujet dès les premières secondes avec une profusion d’information que le spectateur doit assimiler rapidement. La qualité de sa mise en scène facilite l’assimilation, mais un effort de ce spectateur est demandé. C’est une caractéristique me semble-t-il que l’on retrouve dans le cinéma japonais d’après-guerre, avec des récits déroulés sur un mode très rapide, portés par des rebondissements à foison. Globalement, Sanjuro, aux qualités multiples, ne constitue pas un des sommets de l’œuvre de Kurosawa (Rashomon,
…), sommets dont le point culminant serait Les sept samouraïs.
Il s’agit simplement d’un classique sans faille, que l’on peut classer aux côtés par exemple de La forteresse cachée
ou Le garde du corps.
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