Forum - Aguirre, la colère de Dieu - un réalisateur sévèrement burné...
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Forum : Aguirre, la colère de Dieu

Sujet : un réalisateur sévèrement burné...


De lych666, le 11 mai 2006 à 14:07
Note du film : 6/6

…Pardonnez moi cette expression un peu triviale mais il fallait un courage monstrueux pour faire ce que Werner Herzog a fait à l'âge de 28 ans.

Voler une caméra, entrainer ses amis et connaissances dans une aventure non dénuée de dangers comme l'annonçait le présage de l'avion qui devait emporter toute l' équipe en Amazonie mais qui s'est crashé ne laissant qu'un survivant… Heureusement, on avait empeché l'équipe d'Herzog de monter dans l'avion juste avant son décollage…

Pour moi, Aguirre, la colère de Dieu est une pure leçon de cinéma et donc un des meilleurs films que j'ai jamais vu. La réalisation est spontanée, courageuse, talentueuse, d'une incroyable vivacité.

Dès les premiers plans du film, on sent que l'expédition est mal barrée (chute du canon et d'une cage à poule dans les montagnes très escarpées envahies par le brouillard).

Klaus Kinski, fidèle à lui même fait peur à voir et la musique de Popol Vuh est hypnotique.

Bénéficiant de la version DVD commentée par Werner Herzog, j'ai pu constaté la folie de cette aventure.

  • Les personnages sont en armures et voguent dans les rapides du fleuve Amazone sur des radeaux(!!!)
    fabriqués maison par les figurants indiens engagés sur le tas( Herzog a engagé tous les figurants indiens sur place).
  • L'équipe se réveille un matin et constate que le fleuve est monté de 14 pieds dans la nuit, détruisant les radeaux (Herzog en profite pour inclure cet évenement dans son scénario, qui à la base a été écrit en 3 jours).
  • La folie de Klaus Kinski fait peur à tout le monde, dans le film comme dans les coulisses et la plupart des acteurs ne font pas semblant de le craindre.A un moment du film, quand l'expédition affamée aborde un campement abandonné par des cannibales, les expéditeurs se ruent sur la nourriture, Aguirre leur donne des coups pour les contenir et un des acteurs se fait fendre le crane à travers son casque car Klaus Kinski est à fond dans son rôle (!!!)
  • Les figurants indiens son très fêtards et se saoulent tous les soirs. Les fêtes se terminent souvent par des bagarres entre les ivrognes, du coup, Herzog est obligé de faire mourir les plus agités dans le scénario, c'est pour cela qu'un des indiens meurt d'une flèche dans le cou et sa lèvre est enflée à cause de la bagarre de la veille. D'ailleurs,il parait qu'un soir, Klaus Kinski est sorti de sa hutte privée excédé par le bruit de la fête, a sorti son fusil et a tiré 3 coups de feu dans la tente des indiens arrachant juste(par chance) le bout d'un doigt d'un des figurants.

Bref, autant d'anecdotes ajoutant du piment et de la puissance vitale à ce film au budjet très faible (360 000 $ si je ne m'abuse) mais d'une force considérable.

Chaque plan reste figé comme une empreinte dans la tête:

  • Ces images de jungle profonde, magnifiques, collant parfaitement à la musique aux choeurs mi humains mi synthétiques.
  • L'impression de vitesse des radeaux au début de l'expédition, qui finissent par ralentir pour finalement donner l'impression de s'immobiliser et de tourner en rond.
  • Le plan inoubliable du cheval immobile disparaissant dans la jungle où encore du navire perché en haut d'un arbre.
  • Les 400 ouistitis envahissant le radeau.

J'ai dû regarder ce film 4 fois en l'espace de 2 jours, il fait donc parti de ces films magiques dont la fascination qu'il exerce sur nous n'est pas toujours compréhensible. Oui, c'est bien cela, de la magie à l'état brut.


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De Impétueux, le 11 mai 2006 à 14:46
Note du film : 6/6

Jamais vu Aguirre, à ma grande honte, mais vos commentaires enthousiastes me donnent envie de le regarder.

Voilà encore un des bonheurs de DVDToile !


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De PM Jarriq, le 11 mai 2006 à 19:45
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je vous envie, cher Impétueux, de pouvoir découvrir Aguirre, qui est un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. Et je pèse mes mots. Apparemment, je ne suis pas seul à garder cette fascination pour ce film nihiliste, jusqu'auboutiste et encore inégalé.


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De vincentp, le 12 mai 2006 à 13:36
Note du film : Chef-d'Oeuvre

J'ai encore en tête, des années après, la dernière phrase du film : "ich bin der zoren Göttes ; wer folgt es mit mir" (ou presque).

Traduction : "je suis la colère de Dieu. qui veut me suivre ?"

C'est dire son impact potentiel sur le spectateur !

Eh oui, c'est un grand film, et même un chef-d'œuvre, mais j'en connais au moins 200 du même niveau, alors même si je classe parmi mes 25 films préférés, je n'en fais par autant un Château-Yquem millésimé, comme PM Jarrig ou Lychee.

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Quelles sont donc ses qualités ?

Son caractère hors-norme tout d'abord. On se demande ce qui a pris Herzog d'aller avec son casting au fin fond de la jungle pour tourner ce film. Hors-norme par la façon d'aborder le sujet et de transformer une entreprise missionnaire rationnelle en une quête irrationnelle menée par un dément, Kinski (un peu fêlé si l'on en juge par l'excellent film qui relate les relations entre Herzog et lui).

Son caractère à la fois réaliste et mystique : Herzog filme la peur -réelle- qui habite ses acteurs au milieu d'une rivière en crue. Le film précédemment filmé (je crois) confirme la terreur de ses acteurs. Dans ce docu (ou l'on apprend que les films de Herzog dans l'Amazone ne furent pas de tout repos, au milieu des serpents venimeux et des crocodiles), d'autres cinéastes allemands (dont Wenders, je crois) avouent justement leur admiration pour le travail du jeune Werner. Ils furent tous sous le choc à la sortie du film, ce qui a été aussi mon cas. Le scénario, remarquable, appuyé par les dialogues ciselés et une musique de toute beauté, donnent à l'ensemble une dimension mystique…et permettent à Herzog d'atteindre au final, et à titre personnel, le grââl que n'a pas atteint son personnage principal.

Ajoutons aussi que c'est un bon exemple d'un film qui n'a pas vieilli avec le temps, et qui conserve aujourd'hui, tout son impact visuel -et émotionnel-.

La ressemblance avec Delivrance est également à noter : même descente de rivière, mêmes menaces provenant d'une nature hostile. Mais quand les hommes en canoë s'unissent et triomphent des forces obscures et invisibles, les hommes sur le radeau de Aguirre se querellent et sont anéantis au final.


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De droudrou, le 21 octobre 2006 à 19:05
Note du film : 6/6

Là Impétueux tout un chacun vous encourage et attend avec impatience de lire vos impressions.


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De Impétueux, le 21 octobre 2006 à 19:11
Note du film : 6/6

C'est drôle, parce que j'ai vu, hier, qu'une nouvelle édition allait paraître, la ou les précédentes n'étant plus trouvables, ce qui m'a empêché, jusqu'à présent, d'aller me faire une opinion. Mais promis, dès que le DVD sera en vente, je l'achèterai et, malgré mon gros retard, je le regarderai.

Mon commentaire se fera peut-être un peu plus attendre, parce qu'il me semble qu'une deuxième vision n'est pas à négliger lorsqu'on aborde un sujet un peu brûlant, comme celui de la Conquête des Amériques….

Parce que – autant le dire ! – je n'ai aucune envie de repentance et l'aventure de ces quelques aventuriers fabuleux partis, ivres de rêves (certes héroïques et brutaux, mais surtout héroïques, à mes yeux) m'a toujours emballé… Il est donc à craindre que je me lance en un long plaidoyer en faveur de Cortez et Pizarre….


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De Arca1943, le 22 octobre 2006 à 14:36

« Il est donc à craindre que je me lance en un long plaidoyer de Cortez et Pizarre… » À ce sujet, je me permets de vous suggérer la pièce de théâtre de Peter Shaffer, "The Royal Hunt of the Sun", qui est aussi devenu un film avec Robert Shaw dans le rôle de Pizarro et Christopher Plummer dans celui d'Atahualpa.

Et pour qui en a la patience, un excellent essai de Giordano Bruno, « Spaccio della bestia trionfante ».


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De droudrou, le 22 octobre 2006 à 21:17
Note du film : 6/6

Arca : si c'est une pièce du même genre qu'Amadeus (!) tu vas faire disjoncter Impétueux ! – Je crois qu'en ce qui concerne Aguirre, on ne pourra jamais clore le sujet car quiconque le voit ressent des impressions profondes très variées – en faire une valeur négative me paraît impossible même si le jeux de Kinski peut paraître parfois outrancier – il me semble que c'est à la suite du film que Herzog et Kinski se sont fâchés – mais c'est vrai que c'est génial -

Je faisais volontairement du mauvais esprit à propos du futur film consacré à Cortez et qui serait interprêté par Antonio Bandera… pardon : Banderas ! Quand on connaît l'histoire de l'expédition de Cortez, c'est vrai, il est des points qui frisent la folie de la même façon que pour Aguirre. La crainte que j'ai donc est de voir une pâle imitation d'Aguirre en me disant que Kinski n'est pas Banderas et réciproquement.

D'un certain côté, je partage l'avis d'Impétueux à propos de cette conquête par les conquistadors (conquistadores ?) : c'était une super aventure. Mais quand je reprends les aspects liés à ces civilisations qui ont subi tous les outrages de notre monde au nom de je ne sais quoi pour les uns et pour les autres, il est bien évident que je rejoins le cadre du film "Missions". Annick, mon épouse, quand elle évoque ce "Nouveau monde" décrit par Malik dit, et je suis d'accord, que notre civilisation en a cassé d'autres et avec bien peu d'espoirs de retour. C'est de fait une anticipation de notre mondialisation avec tout ce qu'il peut y avoir de négatif, le positif n'était pas massif et ne se faisant que dans des conditions réduites dans l'espace temps, un espace temps qui n'est pas quantifiable de la même façon que celui qui a prévalu à la destruction.

Je pense que Jipi agréera cette réflexion. Et qu'Impétueux, que j'encourage fortement à regarder Aguirre, partagera partiellement au moins cette vision. Au niveau de l'aventure, je suis d'accord avec lui. Au niveau de l'aspect et de l'histoire des civilisations, je dis : "immense malheur". Ce qui me fait soudainement penser au film "l'alternative de Valladoïd" ou quelque chose comme cela avec Carmet et Marielle.

Je pense qu'il ne serait pas inutile pour une part des gens qui se passionnent pour l'histoire des civilisations d'aligner les titres suivants : "Le nom de la Rose" – "L'alternative de Valladoïd" – "Missions" – "Aguirre" – "Le Nouveau Monde" qui nous permettent de voir un pan important d'évènements qui se situent dans un cadre bien précis et mesurer leur portée par rapport à nos jours.

Amitiés à tout un chacun.

Pierre


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De Impétueux, le 22 octobre 2006 à 23:13
Note du film : 6/6

Il y aurait bien des choses à dire sur cette suite de messages qui n'ont pas de lien forcé les uns avec les autres…

  • à jipi : "on fait la paix ?" me demandez-vous ? Mais je ne suis (pour l'instant !) en guerre avec personne (sinon pour défendre la syntaxe et l'orthographe françaises, comme nous le recommandent, d'ailleurs, les Supérieurs Inconnus de notre site favori !) ; je ne suis en guerre avec personne, et surtout pas avec les contributeurs d'un site dont la variété des apports est une des richesses ! Nous ne sommes pas si nombreux que ça (une douzaine ?) à venir régulièrement et à enrichir, quels que soient nos points de vue, un tissu déjà dense. Ce que j'ai regretté, dans vos messages initiaux, c'est que vous ne vous prêtiez pas au jeu du forum, qui consiste précisément à DEBATTRE. Le forum est un lieu unique de controverses, de polémiques, d'assentiments, d'encouragements, d'acquiescements, de contestations, de querelles, de rectifications. Il est très intéressant de venir appuyer, ou rejeter violemment un point de vue déjà développé, par exemple…

Evidemment, lorsqu'on débarque sur un film qui n'a encore donné lieu à aucun message, ou lorsque ce qu'on a à dire est radicalement différent de tous les messages déjà inscrits, on peut, si je puis dire "ouvrir une ligne", sur quoi on espère que viendront se greffer toutes sortes de messages approbatifs ou improbatifs.

Dans vos premières contributions, vous déposiez vos points de vue en paraissant ignorer qu'ils avaient déjà été développés, dans votre sens ou dans un autre : ce n'était donc pas très intéressant ; vous semblez avoir mieux compris notre système : je m'en réjouis.

  • à Droudrou (et dans une certaine mesure à Arca) : je vous promets que je m'exprimerai sans contrainte sur Aguirre – que je devine superbe – mais aussi sur l'histoire qu'il met en oeuvre, sans gêne et sans contrainte, sans céder au politiquement correct, et sans dissimuler ce que je pense : qu'il est de la nature de notre Civilisation occidentale de s'étendre sur le Monde, et que cette affirmation ne comprend pas plus de jugement de valeur que l'affirmation qui consiste à dire qu'il est de la nature de l'hydrogène d'être plus léger que l'air ou de la nature d'un poids de subir la loi de la gravitation universelle ; il peut ne pas apparaître moral d'être soumis à des lois physiques : je tiens, pour ma part, que ce genre d'évidences dépasse les catégories morales et n'a avec elles qu'un rapport inexistant.

Précision (à peine) pédante : Droudrou évoque La controverse de Valladolid qui opposa, en un débat de haute tenue, le philosophe Sepulveda – qui tenait que les Indiens d'Amérique n'avaient pas d'âme – et le dominicain Bartolomé de Las Casas, qui prétendait le contraire, et à qui le Vatican donna raison. Nous y reviendrons peut-être.

Cela nous lance loin du cinéma, ce que je regrette, mais après tout, nous sommes tous des grands garçons qui avons aussi, je pense, des positions philosophiques, éthiques, religieuses ou politiques…


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De Impétueux, le 17 février 2007 à 18:56
Note du film : 6/6

Aguirre et je suis sous le choc !

Merci, mille mercis à Lych666, à Vincentp, à PMJarriq (qui classe le film, je crois en première position de sa liste de films préférés), merci à tous ceux qui m'ont donné envie de voir cet édifice ! Je me dis volontiers rebelle à tout conseil, rétif à toute influence, mais la concordance de leurs points de vue, leur riche argumentation, l'intelligence des pistes suggérées m'ont fait revenir sur le dogmatisme excessif de ma posture.

Je dirai un autre soir les impressions particulières ressenties, qui n'auront sans doute rien d'original, eu égard à la pertinence des messages ci-dessus ; mais bon ! on ne peut pas laisser passer un film comme ça sans réagir, fût-ce en paraphrasant !


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De Freddie D., le 17 février 2007 à 19:16
Note du film : 6/6

Dans le dossier de presse de Aguirre, Herzog avait défini son film comme "Un rêve de jungle, de flèches et d'extases fiévreuses". Franchement, je vois mal ce qu'on pourrait ajouter de plus juste ! L'état de grâce…


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De benja, le 17 février 2007 à 20:04

Au lu de vos avis, je vais me laisser tenter. Merci par avance. DVDtoile est décidément un site bien intéressant…


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De docolomb, le 27 novembre 2008 à 23:49

à Pierre;il s'agit de "la controverse de valadolid " excellent. Aguirre m'a d'autant plus touché que j'ai eu l'occasion de descendre du Nord de l'arctique jusqu'au golfe du Mexique en canot pneumatique sur 8.000 km avec une équipe de six pèlerins comme moi et vécu, non certes pas des drames mais des tensions qui me font mieux apprehendrer cette descente aux enfers où l'homme est bien démuni dans la nature sans l'aide des autochtones.

Le mépris affiché par le film pour les prisonniers était l'amorce de l'inéluctable et c'est bien dit d'ailleurs par le fils de chef qui plaint ces chercheurs d'utopie et ses futurs boureaux.

Le rôle de l'Église est trop forcé cependant de même que celui de Kinski qui se contente souvent d'afficher son visge tourmenté au lieu de jouer. Le film y aurait gagné en intensité. Sa folie quasi mystiique est aussi un peu trop statique Il attend la fin mais ne ne communique pas ;il subit plus qu'il n'inspire Ceci dit je vois le film pour la troisième fois et découvre toujours quelque chose d'intéréssant.

Le titre aurait pu être "la main de Dieu " aussi bien que " sa colère" Merci à tous de vos avis pertinents et enrichissants

Docolomb


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De kfigaro, le 28 novembre 2008 à 09:47
Note du film : 6/6

Un sublime bijou ! comme tous les films d'Herzog avec cet halluciné Klaus Kinski du reste ("Cobra Verde" y compris).

Rarement on a été aussi loin dans le romantisme épique et grandiose au cinéma


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De vincentp, le 16 juillet 2017 à 10:18
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu en salle, avant la projection de Predator (riche idée de programmer à la suite ces deux films qui ont des points communs). Si Predator consiste en une course-poursuite effrénée dans la jungle, Aguirre relève plutôt du surplace avec des radeaux portés par des courants très faibles. Le lièvre et la tortue ! Le rythme lent de Aguirre peut être diversement apprécié aujourd'hui. Mais les qualités artistiques de Aguirre, qui aura influencé des générations de cinéastes (voir par exemple le très intéressant Valhalla Rising) sont globalement comparables à celles de Predator. La musique planante de Popol Vuh sied complètement au projet fou de découvrir l'Eldorado au sein de la jungle amazonienne peuplée d'être primitifs. Le regard halluciné de Klaus Kinski dans le rôle du conquistador mégalomane est un atout considérable. Mais les autres acteurs, y compris secondaires, masculins comme féminins, comme Ruy Guerra dans le rôle de Ursua, sont tous excellents, et campent des personnages que l'on croirait authentiques. L'entrée en matière de Aguirre est admirable : descente des montagnes brumeuses par les acteurs en personne, campement près de la rivière en crue. Herzog filme les regards inquiets et non composés de ses acteurs sur les flots déchaînés de la rivière !

Le point fort du film, outre ses qualités esthétiques, est sa grande richesse thématique, finement déclinée en faits, actions, dialogues. Les tenants et les aboutissants de la conquête espagnole en Amérique du sud sont passés à la moulinette : soif de l'or et de gloire, justification pseudo-religieuse, esclavage féroce… Derrière l'illusion de grandeur d'une civilisation, une vision du monde nihiliste et des modes opératoires sanguinaires. Aguirre est à ce sujet une dénonciation ultra-réussie de l'exercice du pouvoir par la force et les complots : Aguirre se prend pour un Kaiser (on n'emploie pas le terme de Fuhrer qui n'existe pas à l'époque) et exécute impitoyablement ses opposants. Nombre de séquences de Aguirre sont mémorables, gérés par une mise en scène inventive. Le décalage temporel entre l'annonce par Carjaval de l'exécution de Ursua et les images qui suivent de cette exécution, crée globalement l'illusion d'un drame à l'issue tragique inexorable. Le récit revisite brillamment les codes du romantisme allemand : "Le sentiment, l'individualité, l'expérience personnelle et l'âme torturée sont les bases du romantisme.Les romantiques représentent une rupture entre le monde de la raison, des « chiffres et des figures »1 et le monde du sentiment et du merveilleux." (Wikipédia).


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