…ce que nous appelons ici la Crise d'Octobre 1970 : série d'attentats et d'enlèvements par les terroristes du FLQ (Front de libération du Québec), culminant avec l'assassinat par le FLQ du ministre libéral provincial Pierre Laporte et la proclamation de la Loi des mesures de guerre par l'État fédéral. Les trois autres films sont : Les Ordres de Michel Brault, ensuite un film de montage de l'ONF réalisé par le regretté Robin Spry, et enfin «Octobre» de Pierre Falardeau. Voici maintenant la télésérie October Crisis. À mon avis, pour se faire une idée raisonnable de ces fameux Événements d'octobre, il est bon de multiplier les sources et de se méfier un tant soit peu, ami étranger, de ce que te diront sur cette fameuse Crise d'Octobre tant les fédéralistes canadiens que les indépendantistes québécois, deux adversaires démocratiques certes, mais qui ont aussi de bonnes raisons partisanes de te présenter une version quelque peu déformée des événements. Sans parler bien sûr de la déformation des faits par les terroristes eux-mêmes, qui a l'avantage d'être grossière et caricaturale, donc plus facile à déceler ! Et réflexion faite, cet avertissement général m'inclut : moi-même, je suis forcément de l'un ou l'autre bord… Alors, bon, bref, puisqu'il y a quatre productions audio-visuelles sur le même sujet, il vaut mieux voir les quatre qu'une seule; et c'est même regrettable qu'il n'y en ait pas douze. Comme disent fort justement les irremplaçables Fruttero et Lucentini : "Une chose est l'interprétation des faits, autre chose les faits eux-mêmes."

P.S. Ceux qui connaissent l'affaire Moro auront parfois l'impression de se trouver devant un peu la même chose en modèle réduit; eh bien, n'ajustez pas votre appareil, cette ressemblance n'est pas à pousser trop loin, mais elle existe. Par exemple, l'attitude du FLQ vis-à-vis du Parti québécois ressemble à celle des Brigades rouges vis-à-vis du Parti communiste italien : c'est-à-dire que les terroristes reprochent avec véhémence au parti d'avoir choisi la voie électorale et parlementaire, donc "bourgeoise", plutôt que la voie "révolutionnaire". Et détail intéressant, tant Aldo Moro que Pierre Laporte ont demandé, dans leur dernière lettre, à ne pas avoir de funérailles d'État. La volonté du premier fut respectée, non celle du second. Cela dit il est évident que les différences abondent : ainsi, le FLQ enlève Pierre Laporte parce qu'il est un ministre libéral – un autre aurait aussi bien fait l'affaire; tandis que les Brigades rouges enlèvent Aldo Moro, lui et pas un autre, parce qu'il est la clé de voûte du gouvernement d'unité nationale qu'on s'apprêtait à voter ce matin-là au Parlement. De même, en tant qu'organisation paramilitaire d'extrême-gauche, il est évident que les Brigades rouges étaient dangereusement plus efficaces que le minable FLQ, qui se révéla beaucoup plus facile à arrêter.